Ce site est édité par l'INRS
Aménagements intérieurs

Une porte ouverte sur l’amélioration continue

Profitant de la relocalisation, depuis la Chine, de la fabrication de profils acier destinés à devenir des châssis de galandage, la direction des Établissements Sogal a remis à plat tout le process de fabrication de cette ligne et notamment le poste d’assemblage. En associant les opérateurs.

5 minutes de lecture
Delphine Vaudoux - 09/02/2024
Lien copié
Vue d'ensemble de la nouvelle ligne d'assemblage des châssis.

« Remarquable. » C’est ainsi que Philippe Morand, contrôleur de sécurité à la Carsat Rhône-Alpes, qualifie le travail réalisé, dans le cadre de TMS Pros, pour modifier un poste de travail au sein des Établissements Sogal. Ces derniers font partie du groupe CMAI (Compagnie manufacturière d’aménagements intérieurs), qui possède sept sites de production en France et en Espagne. Celui de Portes-lès-Valence, dans la Drôme, était ciblé TMS Pros par la Carsat Rhône-Alpes depuis 2014. Un changement d’organisation et d’outil de production en 2023, fruit d’un travail conséquent, va lui permettre de faire un bond spectaculaire dans cette démarche et de franchir l’étape finale avec succès.

Sur ce vaste site de 12 000 m2, 102 salariés, auxquels il faut ajouter les intérimaires nécessaires aux variations de charges, réalisent des portes de placard sur mesure, dressings, portes intérieures, verrières, châssis de portes à galandage, portes coulissantes. « Notre promesse – livrer chaque projet en une semaine – apporte des contraintes, et notamment beaucoup de variations de production, explique le directeur du site, Jean-Luc Ruiz. Pour y faire face, nous avons annualisé le temps de travail et devons cultiver la polyvalence. »
Ici, les matières premières sont principalement le bois, l’acier, l’aluminium et le verre.

En 2020, la crise du Covid et les problèmes d’approvisionnements incitent les dirigeants à s’interroger sur la possibilité d’internaliser entièrement la réalisation des châssis à galandage acier. Il s’agit de cette structure intégrée entre deux cloisons permettant d’insérer une façade de porte qui coulisse à l’aide d’un rail… un élément très tendance en décoration intérieure. « Jusqu’alors, les opérateurs assemblaient des colis de six références provenant de Chine, sur une table à plat », explique Éric Thomas, le responsable santé sécurité environnement CMAI. « Avec beaucoup de manipulations, complète Philippe Morand, ainsi que des postures contraignantes pouvant être à l’origine de troubles musculosquelettiques. » Les dirigeants profitent de ce changement important dans la production pour repenser la fabrication des châssis. « Tant qu’à faire, remarque Jean-Luc Ruiz, il avait été décidé de faire revenir la production de Chine. On s’est dit que c’était le moment de remettre à plat une partie de notre organisation. »

Analyse et modélisation

Une ligne de poinçonnage/profilage pour la fabrication des profils a été installée à proximité du poste d’assemblage des châssis qui, par ricochet, va subir de profondes modifications pilotées par Sami Bertikizi. Peu après son arrivée en 2020 dans l’entreprise en tant que technicien méthodes et amélioration continue, celui-ci est formé personne ressource TMS. Il s’attaque au projet de modification du poste en l’intégrant dans la démarche TMS Pros. Objectif : améliorer, dès sa conception, l’assemblage des châssis en tenant compte de l’activité réelle. Avec, dans un premier temps, un travail d’identification des risques et freins, qu’ils soient culturels, organisationnels, humains, techniques ou encore financiers.

1 000 portes de placard acier et 350 portes de placard alu sont fabriquées chaque jour.

Puis l’environnement du poste d’assemblage est modélisé et l’ensemble des opérations filmées. Sami Bertikizi procède ensuite à une analyse cinétique des situations de travail, qu’il peaufine à l’aide de l’intelligence artificielle afin de quantifier les contraintes. Il complète cette phase d’analyse par des diagrammes dits spaghettis correspondant aux déplacements des opérateurs autour de leur poste de travail. Il met ainsi en évidence qu’en moyenne, pour monter un châssis, une personne parcourt 157,50 m, soit 6,3 km par jour pour monter 40 châssis, et qu’un opérateur effectue 20 % de son travail en dehors de sa zone de confort articulaire.

Vue d'une opératrice en situation de travail sur la ligne d'assemblage.

Dans un deuxième temps, les axes d’amélioration et les principes de solutions sont avancés. Parmi lesquels : positionner la quincaillerie au plus proche de la table, dégager plus d’espace entre le contenant et la table, concevoir une table intégrant les contraintes de préhension et d’accès visuel, rehausser les contenants au sol, mettre une mousse isolante sur l’évacuation de la riveteuse… La future table, élévatrice et pivotante, est ensuite modélisée.

« Trois mois avant la mise en production, j’ai montré le poste en 3D aux opérateurs, avec leurs déplacements, relate Sami Bertikizi. Comme souvent, en cas de changement, une personne était réfractaire. J’ai discuté avec elle pour bien expliquer le projet, en détail, afin qu’elle l’accepte. » Un prototype est réalisé, testé par les opérateurs et affiné avec eux. Pas moins de quatre versions de cette table voient le jour, et plus de 30 améliorations sont apportées à ce poste de travail. À partir du dernier prototype, un cahier des charges est rédigé afin que les deux tables soient fabriquées en interne, à l’aide de pièces récupérées sur d’anciens postes, de l’impression 3D... pour un prix modique.

Une logique d'amélioration continue

Mis en production en 2023, « le poste continue d’évoluer, s’amuse Sami Bertikizi. Les bols aimantés ont par exemple remplacé les ceintures munies de pochettes que portaient les opérateurs pour avoir la visserie à portée de main. » Et ça n’est certainement pas fini, même si Jamal Mohamedin, l’un des opérateurs, estime que « c’est nettement mieux qu’avant pour travailler. Avec la radiocommande, je peux faire tourner la table sur elle-même, et je suis toujours bien positionné ». Le technicien méthodes et amélioration continue a poursuivi sa réflexion sur la préparation des colis. Ainsi, le châssis, une fois monté, n’est plus porté mais poussé par l’opérateur sur un convoyeur qui l’amène jusqu’à un poste d’emballage automatisé. Le châssis est ensuite déposé sur une palette…

« Le travail qui a été réalisé a permis d’améliorer le poste d’assemblage des châssis, mais aussi les lignes avant et après celui-ci, insiste Philippe Morand. Cela représente un travail considérable, même si tout n’est pas parfait sur ce site. Les quais de chargement notamment mériteraient d’être revus, c’est une nouvelle étude prévue. On sent que l’entreprise est entrée dans une démarche d’amélioration continue des conditions de travail, dynamique et structurée. »

FICHE D'IDENTITÉ

Nom : Établissements Sogal (groupe CMAI)

Lieu : Portes-lès-Valence (Drôme)

Activité : réalisation de portes d’intérieur et de placard, verrières, dressings...

Effectif : 102 CDI plus 30 intérimaires

Chiffre d’affaires : 85,3 millions d’euros

Partager L'article
Lien copié
En savoir plus

À découvrir aussi