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Agroalimentaire

De la prévention des risques de TMS à celle des risques biologiques et chimiques

Lors de la réaffectation de ses locaux, en 2020, l’entreprise Corico, spécialisée dans la production et la commercialisation de produits élaborés de volailles, a pu bénéficier de l’expertise de la Carsat pour prévenir les risques biologiques et chimiques liés à des activités de préparation et de conditionnement. Et ainsi devenir une unité de production modèle sur cette question pour le groupe auquel elle appartient.

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Lucien Fauvernier - 09/02/2024
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Un salarié de l'entreprise Corico au poste de pesée des épices.

« Sans aide et sans accompagnement, nous n’y serions pas arrivés, c’est certain. » En prononçant cette phrase, Sabrina Beauhaire, la coordinatrice santé et sécurité de l’entreprise Corico, à Deux-Grosnes dans le département du Rhône, se tourne vers Gilles Sospedra et Fabrice Martinet, tous deux contrôleurs de sécurité à la Carsat Rhône-Alpes. « Il est vrai que depuis que nous nous sommes rencontrés dans le cadre de la démarche TMS Pros, nous avons accompli beaucoup de choses en prévention avec Mme Beauhaire, confirme Gilles Sospedra. S’attaquer à la question des risques biologiques et chimiques, avec l’aide de Fabrice Martinet, du laboratoire de chimie de la Carsat (Licra), semblait être une suite logique aux différentes actions déjà menées dans le domaine des troubles musculosquelettiques. »

Si les choses ont changé ces dernières années en matière de prévention, c’est l’ensemble de l’organisation de l’entreprise Corico qui a été également bousculée. En effet, après un rachat en 2011 par le groupe LDC, la direction décide, en 2020, de recentrer l’appareil de production : alors que le site Corico réalisait à la fois l’abattage, la découpe et le conditionnement de dindes, désormais l’unité se concentrera uniquement sur la fabrication de produits élaborés de volailles. Un sacré chantier.

« Avant de stopper son activité d’abattage, Corico a été ciblée TMS Pros sur la période 2014-2017, relate Gilles Sospedra. Ce suivi renforcé a permis d’engager un travail de fond sur le sujet, avec, tout d’abord, des études de postes puis des investissements pour réduire les risques de TMS : acquisition d’aides techniques, réaménagement des espaces de travail pour gagner en ergonomie… » Et pour aller plus loin, l’entreprise, sur les conseils de la Carsat, décide de valoriser les études déjà réalisées et de s’intéresser à la prévention des risques biologiques et chimiques sur sa nouvelle activité de produits élaborés.

Un accompagnement sur mesure

Deux postes sont identifiés comme pouvant exposer les salariés à des agents biologiques ou des substances irritantes : le conditionnement des saucissons – en raison de la fleur entourant ces derniers, en réalité un champignon, le Penicillium – et la préparation des épices, utilisées sous forme de poudres, pour les différentes recettes. Gilles Sospedra fait alors appel au Licra pour mener une campagne de prélèvements : « Les résultats nous ont amenés à accompagner l’entreprise sur un projet de ventilation pour améliorer les conditions de travail et réduire le niveau d’exposition des salariés sur ces postes », indique Fabrice Martinet.

5 500 tonnes de produits sont élaborés par an par l’entreprise.

Pour l’entreprise, la présence de la Carsat tout au long de la démarche s’est avérée primordiale : « Nous avons été aux côtés de Corico à chaque étape, poursuit le contrôleur de sécurité : lors de la consultation des fournisseurs en ventilation, nous les avons assistés sur la prise en compte des contraintes d’exploitation et de l’activité réelle des opérateurs… Nous avons pu rendre un avis sur la proposition technique du fournisseur et finalement être présents auprès de l’entreprise dans la réception des équipements. » Aux épices, par exemple, sur le poste de pesée, un dosseret aspirant a été installé, et au niveau du déversement du mélange dans les bacs de transport, c’est une bouche d’aspiration spécifique qui a été mise en place.

Une salariée de l'entreprise Corico au poste de débarrage des saucissons.

Pour Steeve Avrignon, l’opérateur qui réalise au quotidien une trentaine de mélanges d’épices selon les besoins de la production, le changement d’ambiance et l’amélioration de la qualité de l’air sont notables : « Avant, on avait un bras aspirant pas du tout pratique, que nous n’utilisions jamais. Maintenant, c’est beaucoup mieux pour moi. Je ne suis pas gêné dans mon travail par les équipements. Ça a été bien pensé et c’est efficace. » Une centrale d’aspiration conçue pour l’aspiration de poussières combustibles – avec filtre antistatique, découplage technique anti-retour et évent d’explosion « indoor » – a été installée dans un bâtiment attenant à la salle de préparation des épices afin de traiter l’air capté.

Le poste de conditionnement des saucissons, où chaque jour plus de 12 000 produits sont emballés, profite également de dispositifs de captage adaptés reliés à une centrale d’aspiration, avec rejet extérieur. « Ici, nous avons identifié deux autres sources d’émissions qui pouvaient exposer les salariés : lors du débarrage des saucissons des portiques de transport et de leur dépose sur le convoyeur », explique Fabrice Martinet. Pour résoudre cela, une cabine aspirante a été installée pour recevoir les portiques des saucissons et un dosseret aspirant a été posé en début de ligne du convoyeur.

Un retour d'expérience des salariées 

Exceptionnellement, l’entreprise peut être amenée à fariner certains saucissons lorsque la fleur n’est pas suffisante. C’est pourquoi un système complémentaire d’aspiration peut également être connecté au réseau lors de cette opération. Mais des changements organisationnels ont aussi permis, en amont, de limiter le recours au farinage : « Comme les solutions techniques ne peuvent à elles seules tout résoudre, nous avons travaillé avec Thierry Aublanc, notre responsable de production, afin d’optimiser le développement de la fleur, précise Sabrina Beauhaire. Et, surtout, nous avons établi un seuil de tolérance plus elevé sur le manque de fleur sur le saucisson. »

Face à de tels changements, l’enthousiasme des opératrices est bien réel : « Maintenant, fini la fleur de saucisson qui pique les yeux et le nez. Vraiment, c’est beaucoup plus confortable pour nous, déclare Priscilla Nieto, responsable d’atelier. En plus, nous avons été écoutées car la première version de l’installation ne nous convenait pas. Nous l’avons signalé et avec les modifications, c’est tout simplement parfait ! »

FICHE D'IDENTITÉ

Nom : Corico (groupe LDC)

Activité : production et commercialisation de produits élaborés de volailles

Lieu : Deux-Grosnes (Rhône)

Effectif : 97 salariés (jusqu’à 130 lors des pics d’activité d’avril à septembre)

Chiffre d’affaires : 23 millions d’euros

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