
Accidents du travail graves et mortels
Le gouvernement annonce des nouvelles mesures
Afin de prévenir les accidents graves et mortels, le ministère chargé du Travail propose onze nouvelles mesures pour son plan de lutte lancé en 2022. Il s’agit notamment de mieux cibler les futurs travailleurs en informant et outillant le réseau académique professionnel et les personnels en établissement de formation professionnelle sur les enjeux de la santé et sécurité au travail des jeunes. Il est prévu également de développer auprès d’eux les interventions du système d’inspection du travail sur le sujet. Le renforcement de la mobilisation de la branche intérim est aussi envisagé, ainsi que la consolidation du rôle des services de prévention et de santé au travail dans leur mission d’accompagnement des entreprises pour la réalisation et l’actualisation du document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP). Différentes mesures envisagées concernent par ailleurs la prévention des risques liés aux vagues de chaleur, la mise en place d’indicateurs sur la sinistralité au travail pour mieux communiquer sur les chiffres des accidents du travail graves et mortels ou l’accompagnement des victimes. Pour l’heure, le gouvernement ne précise pas les modalités de mise en œuvre de ce plan d’actions ni les moyens financiers associés.
BTP
Améliorer la sécurité lors de la déconstruction
En mai dernier, l’OPPBTP a publié un rapport sur les conditions de travail des métiers du curage et de la déconstruction. Le document s’appuie sur une étude menée en 2015 et sur des analyses complémentaires réalisées en 2023 sur des chantiers de curage. Ces observations ont ainsi permis d’identifier des pistes d’amélioration qui ont déjà débouché sur la qualification « Qualibat Curage » en 2019 et la révision du référentiel « CQP préparateur en démolition » en 2021. En outre, une qualification « dépose sélective en vue de réemploi » va voir le jour afin de répondre aux objectifs d’économie circulaire tandis que d’autres actions vont cibler l’acquisition de compétences et l’accueil des salariés sur les chantiers. Enfin, la collaboration avec les industriels devra permettre d’améliorer les matériels, outillages et EPI (robots de démolition, chariots, protections auditives et respiratoires, vêtements techniques, brumisateur…).
Risque routier
L'usage du téléphone en augmentation
La route demeure, et ce, depuis plusieurs années, la première cause d’accident du travail (AT) mortel en France. En 2022, 485 personnes ont trouvé la mort en conduisant lors d’un déplacement professionnel, dont 345 lors d’un trajet domicile-travail et 140 lors d’un trajet professionnel. Or, selon une récente étude réalisée par l’Ifop pour l’assureur MMA, le risque routier professionnel reste largement sous-estimé : seuls 28 % des sondés indiquent avoir conscience qu’il constitue la principale cause d’AT mortels. Autre enseignement de l’enquête : les comportements dangereux au volant augmentent, en particulier l’usage du téléphone portable. En 2024, 80 % des actifs déclarent ainsi recevoir des appels téléphoniques au volant lorsqu’ils travaillent et 74 % en passer (soit une hausse respective de 7 et 14 points depuis 2015). En outre, 57 % déclarent lire des SMS (+ 4 %) et près de la moitié en envoyer (+ 6 %). Au-delà de ces données, il est nécessaire de ne pas perdre de vue que ces comportements problématiques sont souvent favorisés par des aspects organisationnels, grands absents de cette étude.
Cinéma
La prévention se met sur le devant de la scène
Chutes, douleurs au dos et aux articulations, coupures, situations de violence et de harcèlement... Les salariés du secteur de la production cinématographique peuvent se retrouver exposés à différents risques sur un tournage. Pour aider les responsables de production à adopter une stratégie de prévention, l’INRS et l’Assurance maladie-risques professionnels proposent conseils et outils dédiés. En particulier, un outil en ligne est désormais disponible pour déterminer les risques professionnels, réaliser et mettre à jour le document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP) et mener des actions de prévention. Une sélection de publications (fiches pratiques, brochures, dépliants...) vient compléter cette offre. De plus, un accompagnement et des aides financières peuvent être également mis en place au niveau des Carsat/Cramif/CGSS. Autre nouveauté sur le front de la prévention dans le secteur, la branche vient de se doter d’un avenant applicable aux salariés des sociétés de production, permanents et intermittents, pour lutter contre les violences et harcèlements sexistes et sexuels (VHSS). Il institue notamment un « référent VHSS du film » (en plus du référent harcèlement sexuel du CSE), chargé de participer aux actions de sensibilisation et de prévention, ainsi que de recueillir et transmettre les signalements des salariés. Le texte introduit aussi des règles pour l’organisation des castings : ceux-ci doivent se dérouler dans des lieux « adaptés » et les candidats doivent savoir rapidement si le scénario impose des scènes d’intimité, de nudité ou à caractère sexuel. À aucune étape du casting il ne peut leur être demandé de se dénuder ou de réaliser ce type de scènes. Des préconisations sont données concernant le tournage de telles scènes, celles-ci nécessitant une préparation en amont comme pour une scène à risque (cascades...) et le consentement écrit des acteurs.
Étude
Pas d'amélioration pour les travailleurs « invisibles »
Quatre ans après la Covid-19, où en sont les onze millions d’actifs essentiels sans le travail desquels les commerces, les transports ou encore les services aux personnes ne fonctionneraient pas ? Au travers d’une étude publiée récemment, la fondation Travailler autrement s’intéresse à ces « invisibles » qui exercent comme agents d’entretien, aides à domicile, caristes, aides-soignants, vigiles, livreurs, éboueurs ou encore caissiers… Des métiers variés qui ont pour points communs des conditions de travail pénibles, des horaires irréguliers, morcelés ou décalés ainsi qu’une forte précarité. « Autant de difficultés du quotidien qui conduisent à une forme de décrochage du reste de la population active française », soulignent les auteurs du rapport. Concrètement, ces professionnels travaillent en moyenne 10 % de moins que les autres actifs et gagnent 32 % de moins chaque mois. 13 % d’entre eux ne parviennent pas à subvenir aux besoins primaires du foyer. Conséquence de la pénibilité de leurs tâches, seul un sur quatre estime pouvoir poursuivre son activité jusqu’à la retraite, d’autant que ces travailleurs sont obligés d’être présents physiquement, sans pouvoir bénéficier de la possibilité de télétravailler. Ainsi, alors qu’ils se sentent en moyenne plus utiles à la société que les autres actifs, ils dénoncent le manque de reconnaissance professionnelle dont ils font l’objet.