
Mardi 28 mai 2024, deux jours avant que la proposition de loi visant à interdire les Pfas dans des produits du quotidien soit soumise au vote du Sénat, neuf organisations syndicales de sapeurs-pompiers professionnels, et des élus écologistes, s’étaient donné rendez-vous sur l’esplanade des Invalides, à Paris. Dans leurs mains, les résultats d’analyses réalisées deux semaines plus tôt sur des mèches de cheveux de 19 soldats du feu. Bilan : 100 % des échantillons contenaient des Pfas, ces substances per- et polyfluoroalkylées (Pfas) particulièrement persistantes, développées par l’industrie depuis les années 1930 pour leurs propriétés anti-adhésives, ignifuges, imperméabilisantes et résistantes aux fortes chaleurs.
En particulier, 95 % des pompiers ont été testés positifs à l’acide perfluorooctanoïque (PFOA), reconnu par le CIRC (Centre international de recherche sur le cancer) comme cancérogène en décembre 2023, et 60 % à l’acide perfluorooctanesulfonique (PFOS), cancérogène probable. « En moyenne, trois Pfas ont été détectés, et certains échantillons en contenaient jusqu’à six, précise Mathieu Ben Braham, chimiste de l’association Générations futures. Ces données ne sont pas suffisantes pour tirer des conclusions précises sur le niveau d’exposition par rapport à la population générale, mais elles montrent que les sapeurs-pompiers sont exposés, et incitent à la prudence. »
Un suivi médical plus régulier
Parmi les causes de cette contamination : les équipements imperméables et ignifugés, et les mousses anti-incendie utilisés dans le cadre de leur activité. Les professionnels déplorent un manque de formation et d’information sur le sujet. « Nous demandons une campagne pour sensibiliser aux risques liés aux Pfas dans tous les métiers qui interviennent sur le feu, les sapeurs-pompiers mais aussi les pompiers des aéroports, des usines pétrochimiques… », exhorte Xavier Boy, porte-parole de l’unité syndicale.
Autres revendications : l’organisation de tests massifs sur l’ensemble des sapeurs-pompiers afin d’évaluer l’étendue du problème, le nombre de professionnels contaminés et leurs risques de développer une maladie ; ou encore la mise en place d’un suivi médical plus régulier. « Nous bénéficions d’une médecine d’aptitude mais les visites médicales post-professionnelles, obligatoires depuis un décret de 2015, peinent à se mettre en place et nous manquons de médecine de prévention : entre le stress, les horaires atypiques, les fumées toxiques et les Pfas, nous sommes une profession polyexposée. Nous souhaitons seulement vieillir en bonne santé », conclut David Saquet, secrétaire général de l’Unsa Sdis de France.