« Je suis exigeant dans le travail, mais aussi bienveillant je crois. » C’est en ces termes que se définit François Pouenat, mais c’est aussi l’état d’esprit qui règne dans l’entreprise qu’il a fondée, L’Atelier François Pouenat. Une ferronnerie d’art où des œuvres souvent uniques sont réalisées et qui, compte tenu de son succès, est en perpétuelle évolution. « Je suis la cinquième génération de ferronniers de la famille, explique le dirigeant. J’ai été compagnon, puis j’ai intégré la ferronnerie familiale, dans l’Allier, avant de décider d’en partir pour créer mon propre atelier. »
Varennes-Vauzelles, près de Nevers, dans la Nièvre. La route qui conduit à l’Atelier s’achève sur un parking, devant six cellules identiques, noires et rectangulaires, somme toute assez quelconques. Six bâtiments – couvrant près de 2 000 m2 – appartenant à la chambre de commerce et d’industrie (CCI) et qui abritent dorénavant uniquement l’Atelier François Pouenat. Quand, en avril 2007, le dirigeant éponyme s’installe, seul, dans l’une des cellules, qui constitue alors un atelier relais de la CCI, les commandes arrivent très vite. Certains clients l’ont suivi. Après un an d’activité, un premier compagnon le rejoint, puis trois autres, pour atteindre 24 personnes aujourd’hui.
En 2014, l’Atelier prend possession d’un deuxième module de la CCI et les chantiers se multiplient. Le chef d’entreprise doit investir dans du matériel, notamment une cabine et un laboratoire de peinture, une presse plieuse, et une cabine de sablage. En ce qui concerne cette dernière, « un fournisseur m’en présentait une, il avait de bons arguments mais je n’étais pas spécialiste : j’avoue que je n’étais pas rassuré, j’ai donc fait appel à l’expertise de la Carsat ». Pour avoir un regard extérieur... Et, à cette occasion, il s’aperçoit que beaucoup de choses en matière de sécurité lui échappent. C’est ainsi que commence une collaboration avec la Carsat Bougogne-Franche-Comté qui se poursuit de nos jours. Avec une première étape : la rédaction du DUERP. Depuis, deux contrats de prévention ont été conclus…
Au service de lieux d'exception
L’Atelier François Pouenat a été labellisé entreprise du patrimoine vivant. Ses clients sont essentiellement des architectes d’intérieur qui décorent et embellissent des lieux d’exception – maisons et appartements, hôtels de luxe – dans le monde entier. « On nous envoie des plans, des croquis… et à nous de les transformer en 3D pour les faire valider par nos commanditaires. Rien n’est impossible. Mais parfois ce qui semble le plus simple peut s’avérer très complexe », s’amuse un des salariés du bureau d’études devant son ordinateur. Luminaires, meubles, escaliers, verrières… tout ce qui est conçu à partir de métal, ou presque, peut sortir de ces ateliers.
Les matières premières sont l’acier, le laiton – et, pour une moindre part, l’aluminium et le cuivre –, qui arrivent sous forme de profilés et tôles. Selon les projets, les métaux seront débités, percés, formés à froid ou à chaud. L’atelier possède également une forge traditionnelle, un four à gaz, et a acquis plus récemment une forge à induction qui permet de monter rapidement à une très forte température le métal. « Cela nous permet aussi de ne pas allumer la forge (qui fonctionne au charbon, donc dégage du carbone), et d’avoir immédiatement une importante puissance de chauffe », souligne François Pouenat.
Partout, le sol est impeccable, l’atmosphère saine et sereine. La polyvalence est de mise car chacun réalise le projet dont il a la charge de A à Z (sauf la finition). Du côté des postes de soudure, « un réseau haute dépression a été installé, afin de capter les fumées de soudage par torches aspirantes ou lames d’air que l’on peut déplacer, et qui sont aimantées, explique Franck Mortreux, le contrôleur de sécurité de la Carsat Bourgogne-Franche-Comté qui accompagne depuis plus de dix années l’entreprise. L’ensemble a été relié à une installation d’aspiration centralisée. »
Pas très loin, le sablage des petites pièces en laiton se fait dans une cabine de grenaillage à manche, évitant au compagnon le port d’un lourd équipement de travail (cagoule, combinaison). Une acquisition qui fait partie, tout comme le réseau haute dépression, de l’un des contrats de prévention. Ici des tables et des consoles, là un lustre au design sublime sont en cours de création. Ils devront être brossés et polis à l’aide d’outils tous reliés au captage centralisé : les poussières émises sont rejetées à l’extérieur, après filtration.
Cette année, François Pouenat a investi le dernier module disponible du site. « Ces espaces n’étaient pas faits pour notre activité, remarque le dirigeant, mais plutôt pour de la logistique… nous avons à chaque fois dû réaliser des travaux conséquents. » « Nous avons également travaillé avec les compagnons et la Carsat sur l’ergonomie des postes de travail, explique Martial Brizon, le responsable de production. Pour le déplacement des pièces les plus imposantes, l’atelier dispose désormais d’une potence et d’un préhenseur à ventouse. Des tables élévatrices et des transpalettes à haute levée sont également disponibles. » De l’avis de tous, ces équipements facilitent le travail quotidien. De plus, partout, l’éclairage a été revu, de puissants spots à leds installés pour le confort visuel des compagnons.
Maintenant que les locaux se sont encore agrandis – en plus du dernier module, lentreprise a investi un nouveau bâtiment pour les services administratifs –, François Pouenat a plein de projets en tête : « Là je vais faire un show-room, ici on va repenser le stockage qui est loin d’être optimisé. J’aimerais aussi acheter des établis réglables en hauteur et créer des fenêtres pour laisser davantage entrer la lumière naturelle et permettre aux compagnons de voir l’extérieur. » Franck Mortreux acquiesce : « À chaque fois que je viens, on me présente de nouveaux projets. Les questions de prévention étant maintenant bien intégrées, l’entreprise prend toujours en compte les conditions de travail de chacun, la discussion est constructive. Ça va dans le bon sens. »
FICHE D'IDENTITÉ
Nom : Atelier François Pouenat
Lieu : Varennes-Vauzelles (Nièvre)
Activité : ferronnerie d’art
Clients : architectes d’intérieur et designers pour des clients dans le monde entier
Effectif : 24 personnes (avec très peu de turnover)
Chiffre d’affaires : 2,6 millions d’euros