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Une journée avec

Un centre de mesures physiques

Faire de la métrologie au service de la prévention : telle est la mission du Centre de mesures physiques (CMP) de la Carsat Hauts-de-France, situé à Villeneuve-d’Ascq (Nord). L’activité de ses contrôleurs de sécurité se partage ainsi entre interventions et mesures en entreprise, rédaction de rapports, avis techniques et interactions avec les autres professionnels de la prévention.

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Corinne Soulay - 06/01/2025
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Un contrôleur de sécurité observe le déplacement de la fumée pour contrôler le fonctionnement du système d’aspiration.
  • 9 h 05

    Un contrôleur de sécurité en intervention

    Posté à l’entrée d’une cabine de peinture, fumigène à la main, Sylvain Vaniscotte observe le déplacement de la fumée pour vérifier le fonctionnement du système d’aspiration. Ce matin, le contrôleur de sécurité du Centre de mesures physiques (CMP) de la Carsat Hauts-de-France intervient à Linselles, dans le Nord, chez Hus Agencement. Spécialisée dans le mobilier de locaux commerciaux, l’entreprise de 48 salariés a fait l’objet d’un contrat de prévention avec la Carsat Hauts-de-France, qui lui a permis de financer plusieurs équipements. Parmi eux, un préhenseur pour les panneaux grands formats, une scie automatique et des aménagements visant à améliorer la ventilation dans l’une de ses cabines de peinture. D’où la présence de Sylvain Vaniscotte : les contrôleurs du Centre de mesures physiques viennent en appui technique des contrôleurs de secteur de la Carsat qui portent une stratégie de prévention en entreprise. « Nous réalisons des mesures pour caractériser une situation d’exposition. Par exemple, si un contrôleur de la Carsat pense être face à un problème de ventilation, il peut faire appel à nos services pour étayer son constat et justifier des demandes d’amélioration auprès de l’entreprise. Ou alors, comme ici, nous intervenons une fois que les mesures de prévention sont mises en place, pour s’assurer que leur mise en œuvre réponde bien aux exigences de sécurité pour les salariés. »

    Muni d’un anémomètre, le technicien du CMP réalise des mesures neuf points selon un protocole précis pour déterminer la vitesse de l’air dans la cabine. Pour assurer une ventilation efficace, celle-ci devrait atteindre au moins 0,5 m/s. Or, sur l’écran, la valeur affichée est légèrement moindre. « Dans ce cas, on peut proposer des solutions comme fermer la partie haute de la cabine avec des ventelles. Mais, là, ce ne sera pas nécessaire : le fournisseur va revenir pour faire des modifications et finaliser l’installation. »

    Direction l’atelier, pour la suite des vérifications. Cette fois, Sylvain Vaniscotte insère la sonde de l’anémomètre dans un trou percé dans le conduit de ventilation relié à la nouvelle scie. Objectif : vérifier que les poussières sont bien aspirées. L’occasion aussi de quantifier le bruit, grâce à un sonomètre placé près des oreilles du salarié. « Avec cette nouvelle machine entièrement capotée, le risque lié au bruit est considérablement réduit », confirme le contrôleur de sécurité.

  • 11 h 13

    Deuxième intervention

    Deuxième intervention, à une centaine de mètres, dans l’entreprise Echame, concepteur et fabricant de plafonds, habillages et cloisons métalliques sur mesure pour le secteur du bâtiment. Elle aussi a récemment bénéficié d’un contrat de prévention signé avec la caisse régionale, orienté vers la réduction du risque chimique et de TMS pour, notamment, une ligne de peinture automatisée, un tunnel de nettoyage lessiviel, et une micro-cabine de peinture manuelle. Dans cette dernière, l’aspiration se fait par le bas. Sylvain Vaniscotte utilisera un trépied pour y fixer l’anémomètre.
    Deux heures et une dizaine de mesures plus tard, le bilan est positif. Gaëtan Dalle, directeur général d’Echame, s’en réjouit : « C’est beaucoup d’investissement, mais lorsqu’on voit les résultats et l’amélioration des conditions de travail pour nos collaborateurs, on sait pourquoi on l’a fait. »

    Utilisation d'un sonomètre pour contrôler le bruit ambiant en entreprise.
  • 14 h 00

    Retour au Centre de mesures physiques

    Après une demi-heure de trajet, retour au Centre de mesures physiques, à Villeneuve-d’Ascq, près de Lille. Le service est abrité dans les bâtiments de la Carsat. Pour y accéder, il faut parcourir un dédale de couloirs, prendre un ascenseur, et à nouveau des couloirs… La porte s’ouvre enfin sur une pièce tout en longueur, où sont stockés des instruments de mesure de toute sorte : anémomètres, sonomètres, mais aussi caméra acoustique, luxmètres, appareil de mesure du radon, portable friction tester, pour évaluer la glissance d’un sol… « Les mesures liées à la ventilation et au bruit constituent 75 % de notre activité, mais le CMP s’occupe aussi de caractériser l’éclairage, l’exposition aux rayonnements ionisants, aux champs électromagnétiques, aux ambiances thermiques, aux rayonnements optiques artificiels, aux vibrations, les risques associés aux atmosphères explosives… », détaille Agnès Janès, ingénieure-conseil, responsable du CMP.

    Fixation d'un anémomètre sur un trépied dans une cabine de peinture.
  • 14 h 30

    Réunion des membres du CMP

    Comme tous les lundis, les membres du CMP se réunissent. Autour de la table, Agnès Janès, Pascale Michée, technicienne matériel, Virginie Rombaux, assistante technique et Sylvain Vaniscotte, référent ventilation. Exceptionnellement, les deux autres contrôleurs de sécurité, Leslie Bruxelle, en renfort sur les thématiques de vibrations et les contraintes liées aux postures pénibles, et Stéphane Tirlemont, référent bruit, champs électromagnétiques, rayonnements optiques artificiels et glissance des sols, sont absents. Ce dernier est en formation. « Chacun de nous porte un ou plusieurs sujets d’expertise, qui nécessitent d’actualiser régulièrement ses compétences, précise Agnès Janès. Chaque contrôleur participe aussi à des groupes de travail nationaux, pilotés par l’INRS, sur ces thématiques où sont présents des contrôleurs de chaque Carsat. Cela permet d’échanger, de suivre les innovations. Nous travaillons aussi en réseau avec les huit autres centres de mesures physiques. »
    Pendant une heure, l’équipe fait le point sur les dernières demandes adressées au CMP. Celles-ci émanent en premier lieu de leur collègues de la Carsat. « Le service de la Carsat qui instruit les demandes de subventions ou de contrats de prévention peut aussi nous solliciter pour un avis technique, ou le service chargé de la reconnaissance des maladies professionnelles pour un avis sur un dossier », complète l’ingénieure-conseil.

    Vue d'une réunion au sein du CMP.
  • 15 h 30

    Rédaction des rapports

    Sylvain Vaniscotte transfère les données collectées le matin sur son ordinateur et commence à rédiger ses rapports qui, une fois validés par la responsable du CMP, seront envoyés au contrôleur de secteur de la Carsat. Pendant ce temps, Pascale Michée s’attelle à remplir les fiches de suivi du matériel, repérer les éventuels dysfonctionnements sur les instruments de mesure, prévoir les réparations...

  • 17 h 00

    Une dernière vérification

    Avant de partir, Sylvain Vaniscotte vérifie que son anémomètre est bien calibré, en comparant ses mesures avec un matériel de référence et la soufflerie. Même chose pour son sonomètre. Il est prêt pour ses futures interventions : pour la prochaine, direction l’Oise pour des mesures dans le secteur de la métallurgie, avec des risques liés au soudage à l’arc.

    REPÈRES

    > Le CMP intervient sur toute la région, de l’Oise à la pointe nord de l’Hexagone.

    > Entre janvier et novembre 2024, le CMP a enregistré 295 demandes, dont 80 ont nécessité des interventions en entreprise. La plupart concernent la ventilation (61,5 %) et le bruit (14,5 %).