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Une journée avec

Un ergonome au service des entreprises

Cyril Joubert est ergonome, et intervient à la demande des entreprises, sur des sujets aussi variés que l’aménagement des espaces, la conception de lignes ou produits, la gestion du handicap, l’expertise réglementaire, ou encore pour dispenser des formations… toujours dans le but d’améliorer les conditions de travail. Ses journées sont bien remplies.

5 minutes de lecture
Delphine Vaudoux - 05/11/2024
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Vue d'une réunion au cabinet Novergo.
  • 8 h 30

    Un cabinet entièrement réagencé

    Le cabinet d’ergonomie Novergo est situé à Oullins-Pierre Bénite, en région lyonnaise. Son dirigeant, Cyril Joubert, l’a entièrement réagencé en 2019, en tenant compte du travail réel – « autant appliquer à soi-même ce que l’on préconise aux autres » –, avec notamment un bureau partagé de quatre personnes « pour préserver le collectif sans se gêner », une salle de réunion et deux espaces pour téléphoner, le tout isolé phoniquement. À cette heure, l’équipe est presque au complet, il ne manque qu’une personne, en congé maternité. Autour d’un agréable petit-déjeuner pour le retour de congé de l’un des ergonomes, les discussions vont bon train.

  • 9 h 00

    Une réunion de travail... si besoin

    On bascule sur une réunion de travail. « Elle n’a pas lieu toutes les semaines… c’est selon l’activité, l’actualité, la charge de chacun aussi. » Autour de la table, quatre des cinq ergonomes composant le cabinet. L’occasion pour chacun de partager avancées et évolutions des projets en cours et à venir. « On essaie aussi de se répartir la charge de travail, de présenter les nouveaux projets pour partager les points de vue », précise le dirigeant. Ce matin-là, il sera question d’aménagement d’espace, de conception ergonomique d’une ligne de production industrielle, de sensibilisation au travail sur écran, d’une étude de poste pour prévenir les TMS dans une bijouterie, d’un travail sur l’accessibilité, d’une demande d’une start-up qui souhaite améliorer les échanges inter-services, et d’un projet débloqué pour l’aménagement d’un siège social. « Pour ce dernier sujet, on a tout remis en question, remarque Cyril Joubert. Le client a tout arrêté pendant six mois pour réfléchir et se projeter sur l’analyse que nous avions réalisée. Il vient de nous refaire signe : on attend ses nouvelles directives et ses compléments avant de lancer les groupes de travail. »

  • 10 h 30

    Préparer une intervention

    Cyril s’installe derrière son écran pour peaufiner son intervention de l’après-midi chez ARaymond, un fabricant de pièces automobiles. « Je connais bien le sujet. Je pensais avoir le temps de relire la fin d’un document vendredi dernier, mais j’ai été happé par d’autres sujets. »

  • 12 h 10

    Visite de site

    Un dernier e-mail envoyé, suivi d’un coup de fil. Et nous voilà partis pour Grenoble, en voiture. « On se déplace en moyenne deux jours par semaine, le plus possible en train. Mais ça n’est pas toujours possible, car nous intervenons partout en France. Autant Paris ou Marseille, ou même Lille sont faciles d’accès en train, c’est moins le cas d’Agen ou même Limoges », commente le dirigeant devant une carte de France. Le repas se composera d’un sandwich, pour gagner du temps.

    Vue d'une situation de travail au sein du cabinet Novergo.

    Arrivée pile à l’heure sur l’un des sites isérois d’ARaymond. À peine notre badge est-il prêt, que Paul Martin, le chef de projet, arrive tout sourire, vérifie que nous sommes équipés de chaussures de sécurité et d’une chasuble bleue destinée aux visiteurs. Il nous guide dans les couloirs jusqu’à l’unité logistique, en commentant les panneaux muraux présentant la multitude de pièces fabriquées par l’entreprise. Et il y en a beaucoup, de toutes tailles, en métal ou en plastique.

    L’unité logistique étant désormais située en zone à faible émission (zone dont l'accès est réservé aux véhicules les moins polluants), elle doit déménager à Saint-Égrève, où se trouve le principal site de production de l’entreprise, à une vingtaine de minutes de là. Le nouveau bâtiment est en construction. Il s’agit d’anticiper les nouvelles lignes de logistique, qui vont notamment totalement changer le travail de palettisation et dépalettisation. Cela va s’accompagner d’une augmentation des expéditions, qui passeront d’une moyenne de 7 600 colis/jour à plus de 8 500. « Notre marge de manœuvre n’est pas énorme, reconnaît Paul Martin. Mais nous souhaitons associer les salariés et leurs représentants à notre réflexion. »

    Vue d'une situation de travail du cabinet Novergo.

    Dans un coin de l’immense entrepôt logistique, le chef de projet interpelle : « Tout le monde sait pourquoi nous sommes là ? » « Je le rappelle, il s’agit de prendre possession des nouveaux postes pour palettiser et dépalettiser, et d’identifier et positionner les accessoires. » Deux postes de dépalettisation et trois de palettisation sont prévus, une maquette à l’échelle 1 a été réalisée en interne. Cyril Joubert co-anime le groupe de travail qui comprend une quinzaine de personnes, des opérateurs, mais aussi des encadrants et deux représentants du personnel.

    On commence par la palettisation des cartons. « Qui se lance ? » L’un des opérateurs reproduit les gestes. Cyril montre où seront les boutons pour monter et descendre la palette. Les questions fusent : « On travaillera 7 heures debout ? » « Les boutons de sécurité ne seront que d’un côté ? » Cyril pose également des questions : « Y a-t-il des étiquettes à mettre ? » « Comment sont constituées les palettes, lorsque les cartons sont disparates ? » Certaines réponses sont données par les opérateurs, d’autres par les encadrants ou le chef de projet. Cyril poursuit : « Que se passe-t-il si un colis est abîmé ? Il faut que les équipes aient des moyens de communication… » L’ergonome mesure, trace des traits au feutre pour positionner des éléments.

    Vue d'une situation de travail au sein du cabinet Novergo.
  • 14 h 55

    Étude de la palettisation des bacs

    On passe à la palettisation des bacs. « Les étiquettes ne sont pas à la bonne taille, pourrait-on tester une nouvelle imprimante ? » « Pourra-t-on travailler en musique ? » Paul Martin résume : « Où met-on l’imprimante, la scotcheuse, l’ordinateur, le téléphone, la poubelle ? » Cyril insiste : « A-t-on besoin d’un clavier et d’une souris à ce poste ? Un écran tactile ne serait-il pas suffisant ? Des bras pourraient permettre de bien positionner les écrans… » Paul écoute, réagit, cherche des modèles d’écrans, de bras, de poubelles sur internet… qu’il positionne sur son ordinateur dans lequel le futur poste est modélisé. « Ça vous va ? » Les opérateurs approuvent.

    Certains opérateurs s’équipent du casque virtuel pour se bien visualiser le futur poste de travail. Paul passe à la dépalettisation : « Vous devez pousser les colis. » Cyril complète : « Vous ne devez pas forcer. » Puis : « L’ordinateur sert à prendre ou à donner des infos ? » « Qui déclenche l’envoi des plateaux ? » Paul réinterroge : « Comment positionne-t-on les éléments ? » Les réponses fusent, rapides.

    Vue d'une situation de travail au sein du cabinet Novergo.
  • 16 h 54

    Fin de réunion

    Fin de la réunion. Paul Martin propose un débrief. « Ça a été intéressant, une bonne activité d’échange, on voit mieux les futurs postes de travail. » « Attention au piétinement, au dos. » Le problème du temps de travail debout revient… Paul Martin répond qu’il n’est pas décisionnaire sur les organisations, et notamment sur la possibilité (ou non) d’organiser des rotations aux postes. Cyril et Paul conviennent de s’appeler pour rédiger un compte rendu et discuter des questions restées sans réponse. « On aura un deuxième atelier sur les process », conclut Paul.

    REPÈRES

    • Novergo intervient sur toute la France, dans tous secteurs d’activité.
       
    • ARaymond, basée à Grenoble, compte 8 500 salariés dans 25 pays. Cette entreprise est spécialisée dans les solutions de fixation et d’assemblage plastiques et métalliques, destinées essentiellement au secteur automobile.
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