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Coup de chaleur

Des mesures existent pour éviter la surchauffe

Avec la belle saison, le risque pour certains travailleurs d’être victime d’un coup de chaleur est de retour. Karen Réminy, responsable d’études au laboratoire physiologie-mouvement-travail de l’INRS, nous explique ce qu’est cette pathologie et comment s’en prémunir. Elle évoque aussi les métiers les plus concernés et de nouveaux dispositifs de prévention comme les gilets rafraîchissants.

3 minutes de lecture
Damien Larroque - 02/06/2025
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Travail & Sécurité. Pour commencer, pouvez-vous définir le coup de chaleur ?

Karen Réminy. Le coup de chaleur est une urgence médicale qui se produit lorsque l’organisme, soumis à des températures élevées, ne parvient plus à réguler sa température interne. Souvent associé à une hyperthermie majeure (> 40 °C), ce phénomène peut parfois survenir quand une personne fournit des efforts physiques intenses dans un environnement chaud. Il entraîne des symptômes tels que des maux de tête, des nausées et vomissements ainsi qu’une sécheresse de la peau qui devient rouge et chaude. On note également une atteinte du système nerveux central, entraînant une perte de conscience, des convulsions et une désorientation spatio-temporelle. Les lésions qui apparaissent sur certains organes (reins, cœur, cerveau…) peuvent être irréversibles et, dans les cas les plus sévères, conduire au décès.

Quelles sont les professions exposées à ce risque ?

K. R. Si les métiers d’extérieur comme les ouvriers du BTP, les paysagistes ou les agriculteurs par exemple sont particulièrement concernés, les travailleurs amenés à porter des équipements de protection, dans l’industrie chimique ou métallurgique notamment, sont aussi des populations à risque. Non seulement leurs combinaisons et masques retiennent la chaleur et ne permettent pas de s’hydrater facilement, mais, en outre, les procédés mis en œuvre peuvent être sources de rayonnements calorifiques. Des études ont montré qu’avec ce genre d’équipement, l’organisme peut passer de 37 à 40°C en quinze minutes, même lorsque la température de l’environnement n’est pas excessive.

Comment empêcher les coups de chaleur ?

K. R. D’un point de vue organisationnel, il convient d’abord d’évaluer les risques liés aux situations de travail afin d’estimer les mesures les plus adaptées. Une des actions de prévention consiste à fournir une source d’eau fraîche aux salariés et à les inciter à boire souvent, à travailler aux heures les moins chaudes de la journée ou à augmenter la fréquence des pauses et des rotations aux postes sollicitants. Des solutions techniques comme la climatisation, la ventilation ou le recours à des aides mécaniques sont également des pistes intéressantes lorsqu’il est possible d’y avoir recours. Encore une fois, c’est l’analyse du travail qui va permettre d’identifier les solutions de prévention. Si, en dépit de la démarche de prévention, un salarié est victime d’un coup de chaleur, la priorité est de le rafraîchir par tous les moyens possibles : l’installer dans un endroit frais, lui enlever ses vêtements, lui appliquer une serviette imbibée d’eau glacée sur la nuque, lui faire prendre une douche froide… En parallèle, il convient d‘appeler les secours auxquels on fera part des symptômes observés pour faciliter la prise en charge.

 

Des gilets rafraîchissants et bracelets qui mesurent la température corporelle sont apparus sur le marché. Sont-ils efficaces en prévention ? 

K. R. Les gilets peuvent être utiles, leur fonctionnement reposant sur différentes techniques comme l’évaporation, la circulation d’air ou de liquide, une réaction chimique endothermique, etc. Là encore, le choix d’y avoir recours doit découler de l’analyse du travail réel. Par exemple, les gilets dans lesquels sont glissés des blocs réfrigérants peuvent alourdir les travailleurs. Si ceux-ci sont déjà équipés de matériel pesant ou s’ils sont amenés à faire des allers-retours dans des escaliers, ces dispositifs peuvent être contreproductifs. D’autre part, s’il faut chercher régulièrement de nouveaux blocs à l’autre bout des locaux ou du chantier, ces gilets peuvent rapidement être abandonnés… Quant aux bracelets qui signalent une surchauffe, ils ne constituent que des dispositifs d’alerte et ne sauraient être utilisés comme moyen de pré­vention. 

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