
Le site du stade de la Meinau, dans le sud de Strasbourg, est dédié au ballon rond depuis 1906. Simple prairie à l’origine, il est doté d’une première tribune en bois en 1921, suivie d’une seconde en 1930. Le béton fait son apparition lors d’une rénovation en 1951, avec une tribune d’honneur couverte. Reconstruite entièrement en 1984, l’enceinte fait l’objet, depuis l’été 2023, d’une modernisation dont l’Eurométropole de Strasbourg est maître d’ouvrage.
« Les travaux actuels consistent notamment en l’agrandissement de la tribune sud, la restructuration des trois autres tribunes et la construction de deux pavillons fan zone », explique Rémi Dodier, directeur communication bâtiment nord-est chez Vinci Construction dont ses deux filiales GTM Hallé et Urban Dumez constituent, avec l’entreprise Demathieu-Bard Construction, le groupement en charge du chantier.
La rénovation et l’extension de la tribune sud, livrable en août 2025 pour la reprise du championnat, doivent permettre, outre l’augmentation de la jauge du stade de 26 000 à 32 000 places et la création des loges VIP, l’intégration des bureaux du Racing Club Strasbourg Alsace ainsi que des boutiques et restaurants qui resteront accessibles au public en dehors des jours de rencontres. « Afin de continuer à accueillir les matchs pendant les travaux, le projet a été scindé en quatre phases permettant de ne pas fermer tous les gradins simultanément et ainsi d’être en capacité de recevoir les supporters », poursuit Rémi Dodier.
Stockage et logistique
Pour coiffer la tribune d’une charpente métallique, l’option d’un assemblage au sol des modules qui composent cette dernière a été retenue. « Non seulement nous sommes moins exposés au risque de chute de hauteur, mais c’est aussi bien plus confortable de travailler les pieds sur terre », s’enthousiasme Maxime Laureaux, monteur chez Echamat, l’une des entreprises intervenantes, tout en finalisant le montage d’une échelle à crinoline.
Cette bonne pratique nécessite cependant, dans un environnement urbain contraint, de dédier une surface au sol conséquente pour entreposer les éléments de la charpente et les assembler. De plus, il faut prévoir un espace suffisant pour faire évoluer la grue dotée d’une flèche d’une longueur de 110 m capable de soulever des charges jusqu’à 90 tonnes.

« Les espaces de stockage sont balisés et les flux rationalisés pour éviter, tant que faire se peut, les croisements. Nous matérialisons les allées piétonnes avec des tapis rouges et des barrières, indique Nicolas Kuhn, coordonnateur sécurité et protection de la santé chez Alpes Contrôles. Pour éviter tout encombrement, une entreprise de logistique gère les livraisons. » Les transporteurs doivent ainsi choisir, par le biais d’une plate-forme informatique, un créneau de livraison qui, s’il n’est pas respecté, entraîne le refus de la marchandise. Quant aux véhicules les plus imposants, une zone tampon à l’extérieur de la ville leur permet d’attendre que l’autorisation de venir jusqu’au site leur soit accordée.
« Lorsqu’une opération de levage d’un module de la charpente est au programme, elle est annoncée en début de journée et, avant de commencer, un appel est lancé à l’aide d’un mégaphone pour évacuer la zone sous la charge monumentale », précise Romain Bouix, responsable sécurité, qualité, environnement de Urban Dumez. Pour fixer les modules puis installer la couverture, il a fallu trouver des solutions pour avoir recours à des nacelles depuis les gradins.
Faciliter les manutentions verticales
Ainsi, une première nacelle a été installée sur une plate-forme montée sur poteaux asymétriques qui permettent d’épouser le dénivelé du terrain. Ce support glisse sur des rails installés sur toute la longueur de la tribune afin de suivre la progression de l’installation de la charpente. Au bout de cette dernière, une coursive technique est ajoutée à l’aide d’une nacelle araignée qui, une fois ses pattes posées sur différentes marches des gradins, se positionne automatiquement à l’horizontal par simple pression d’un bouton.
« Une attention particulière a également été portée à la facilitation des manutentions verticales. Équipement et matériaux sont montés dans les étages au plus près des équipes grâce à un monte-charge et, pour les éléments plus imposants, à un lift extérieur, souligne Nicolas Kuhn. Et les ascenseurs définitifs ont été mis en fonction pour que les compagnons puissent les emprunter s’ils le souhaitent. » Depuis fin mars, avec le début du second œuvre, ce sont plus de 200 ouvriers qui évoluent quotidiennement sur le chantier.
« Comme pour tout chantier de cette ampleur, une infirmerie a été installée dans la base vie. En complément de ses missions de soin, notre infirmier va s’impliquer dans une démarche de prévention en sensibilisant aux risques professionnels par le biais de quarts d’heure sécurité, se félicite Romain Bouix. Le premier sera consacré aux poussières. » Ces réunions viendront s’ajouter aux causeries prévention régulières. « Toute la démarche de prévention déployée en amont du chantier porte ses fruits, estime Gaëlle Florence, contrôleuse de sécurité à la Carsat Alsace-Moselle, Pour le moment, trois accidents sont à déplorer depuis le lancement des travaux, ce qui est plutôt encourageant rapporté à la taille et la complexité du chantier. »
FICHE D'IDENTITÉ
Nom : chantier de rénovation et d’extension du stade de la Meinau
Lieu : Strasbourg (Bas-Rhin)
Pilotage : groupement composé de GTM Hallé et Urban Dumez, toutes deux filiales de Vinci Construction, et de l’entreprise Demathieu-Bard Construction
Entreprises intervenantes : plus de 170