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Manutentions

Ça gaze avec les préhenseurs

Stocker des gaz, réaliser des mélanges pour des clients industriels, récupérer et reconditionner des fluides frigorigènes… le site Westfalen de Torcy, en Saône-et-Loire, réceptionne, analyse et conditionne des bouteilles de gaz. Les manutentions sont nombreuses mais certaines se font désormais avec des préhenseurs pour soulager les opérateurs.

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Delphine Vaudoux - 07/05/2025
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Vue d'une situation de travail dans l'entreprise Westfalen.

Les grands réservoirs blancs, estampillés Westfalen, se voient de loin. Et lorsque l’on s’approche du site, on aperçoit des centaines de bouteilles de gaz – de toutes tailles – stockées ou en cours de chargement/déchargement sur l’immense zone en cours de restructuration. Bienvenue sur le site Westfalen de 180 000 m2 de Torcy, en Saône-et-Loire.

Westfalen est un groupe familial allemand, plus que centenaire. Il est spécialisé dans la production et la distribution de gaz industriels et frigorigènes mais aussi d’hydrogène. En France, ce groupe compte huit sites, dont deux à Torcy. Celui qui nous intéresse est spécialisé dans le conditionnement. « Nous sommes actuellement en plein travaux, explique le directeur industriel, Sébastien Martin. Nous avons acquis une grande parcelle pour modifier le site actuel et créer de nouveaux bâtiments… ce qui implique aussi de revoir entièrement les flux. » Le tout en maintenant la production.

En attendant la mise en fonctionnement du nouveau site – prévue au premier trimestre 2026 – les services administratifs ont été installés dans de confortables bungalows de chantier. Quant aux postes de réception, tri, étiquetage et remplissage du fluide frigorigène, ils sont installés soit sous des tentes chauffées, soit dans des bâtiments provisoires… Un sacré challenge quand on sait que 250 000 bouteilles sortent chaque année du site.

« On stocke le gaz sous forme liquide, explique le directeur industriel : de l’azote, de l’oxygène, de l’argon et du gaz carbonique. Puis on les revaporise, purs ou en mélanges. » Omniprésents dans l’industrie, ces produits sont utilisés entre autres pour le soudage (argon et gaz carbonique) et dans l’industrie agroalimentaire (gaz carbonique et azote ou encore gaz carbonique et oxygène). 30 personnes sont employées sur le site, contre une dizaine il y a huit ans.

Vue d'une situation de travail dans l'entreprise Westfalen.

Lors de son arrivée, en 2017, Sébastien Martin s’étonne des charges déplacées par les opérateurs et lance une étude ergonomique en 2022 sur deux postes : le premier est celui dit de récupération des fluides frigorigènes. Les bouteilles – qui font 12, 20 ou 27 litres, ce qui signifie que vides elles pèsent jusqu’à 13 kg, et pleines jusqu’à 40 kg – arrivent pleines dans des paniers. Elles sont sorties des paniers par les opérateurs, pesées, analysées, puis vidangées. Le vide est alors réalisé, puis elles sont étiquetées puis rangées dans des paniers. Le deuxième poste est celui du remplissage des fluides frigorigènes : les bouteilles arrivent vides dans des paniers, elles sont contrôlées puis remplies, étiquetées et remises pleines dans les paniers.

Anticiper la fin des travaux 

À raison de 150 bouteilles traitées par jour et par opérateur, l’étude ergonomique met en évidence des ports de charges très importants, allant jusqu’à 3 tonnes par opérateur et par jour. À l’issue de l’étude, le directeur industriel se rapproche d’un fabricant de préhenseur et de la Carsat pour se faire accompagner dans la réduction des manutentions manuelles. « Lorsqu’il m’a contactée, M. Martin avait déjà mis en test un bras manipulateur, se remémore Karine Bodoignet, contrôleuse de sécurité à la Carsat Bourgogne-Franche-Comté. Il a été conçu sur mesure pour répondre aux besoins et surtout à la forme très particulière des “chapeaux” des bouteilles de gaz. » Elle demande au dirigeant de réfléchir aussi aux autres risques comme les flux ou l’étiquetage de certaines bouteilles qui demandaient aux opérateurs de lever les bras ou de monter sur les cages pour atteindre le haut des plus grandes bouteilles.

3 tonnes étaient soulevées par opérateur et par jour, à certains postes.

Le préhenseur a été revu pour être parfaitement adapté aux besoins. « Je soupèse les bouteilles qui arrivent, explique Frédéric Sicard, un opérateur qui a participé aux trois semaines de test. Si elles sont lourdes, j’utilise le bras. Il nous change la vie, car il est simple d’utilisation. » Avec son mode « auto-équilibrage », et sa réalisation sur mesure (adaptation des longueurs des bras et de la hauteur de la potence), il répond parfaitement aux besoins de l’activité. Séverine Aublanc a été embauchée il y a huit mois en tant qu’opératrice au poste de remplissage des fluides frigorigènes : « C’est simple, je n’aurais jamais été embauchée à ce poste sans cet équipement, car les bouteilles peuvent être très lourdes. Pour ma part, je m’en sers tout le temps. »

« Sans cet équipement, je n’aurais jamais été embauchée à ce poste, car les bouteilles peuvent être très lourdes. »

Lorsque les postes seront dans les bâtiments définitifs, Karine Bodoignet s’est assurée que des tables à rouleaux seront installées pour pousser les bouteilles et faciliter les déplacements latéraux. Cinq préhenseurs (deux pour le poste de récupération et trois pour celui de remplissage des fluides frigorigènes) ont été acquis avec l’aide financière de la Carsat qui a également demandé à l’entreprise d’améliorer le poste d’étiquetage des bouteilles de gaz industriels. Une plate-forme a été installée, avec tous les consommables à portée de main. « Nous avons cette estrade depuis un mois et demi, et elle nous permet de travailler toujours à hauteur et réduit les gestes contraignants », remarque Benjamin Leclerre qui appose les étiquettes sur les bouteilles les plus hautes, de 50 litres.

Sébastien Martin a conscience que d’autres postes sont encore très sollicitants pour les membres supérieurs : « Mais nous avons des bouteilles très froides ou en aluminium, ou encore avec des formes de chapeaux sur lesquels il est compliqué voire interdit d’adjoindre un préhenseur. Et compte tenu de nos volumes bien moindres que ceux réalisés en Allemagne, nous ne pouvons, pour l’instant, nous orienter vers davantage de robotisation. » Pendant la période des travaux, le directeur industriel a pris le soin de mettre en place une signalétique claire notamment pour les nouveaux flux. La contrôleuse de sécurité a insisté sur la nécessité de poursuivre la réflexion avant la mise en service des nouveaux bâtiments.

FICHE D'IDENTITÉ

Nom : Westfalen

Lieu : Torcy (Saône-et-Loire)

Activité : plate-forme de conditionnement, stockage et distribution de gaz industriels et fluides frigorigènes

Effectif : 30 personnes

Chiffre d’affaires : 78 millions d’euros

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