
Lorsqu’ils créent Aerofab en 2018, Arthur Audouin et Charles Tanquerey, tous deux ingénieurs de formation, se lancent dans leur nouvelle carrière en tant que « gypsies brewers ». Ce terme désigne des brasseurs qui passent de brasserie en brasserie pour concocter leurs breuvages houblonnés. « Cela nous a permis de lancer notre production et notre marque en attendant de trouver un local, explique Arthur Audouin. Après un an de travail nomade, nous avons finalement posé nos valises à Sautron, non loin de Nantes. »
Rapidement, les bières de styles variés – lagers, IPA, stouts, sours … –, séduisent les amateurs qui viennent les déguster dans le bar attenant à la brasserie. Forts de ce succès, ils augmentent rapidement la capacité de production de leur entreprise. Entre 2020 et 2022, neuf fermenteurs de 30 à 35 hl sont progressivement installés, portant leur nombre à treize. De 600 hl par an, Aerofab passe à 3 500, conditionnés quasiment à parts égales en fûts et canettes. Seuls à la barre au début de leur aventure, les deux entrepreneurs se confrontent à tous les aspects du métier.
Cette expérience, associée à une sensibilité à la santé et sécurité acquise lors de leurs expériences professionnelles passées, leur permet d’identifier des tâches exposant à des risques. Alors qu’ils engagent leurs premiers salariés, aujourd’hui au nombre de treize, ils investissent dans des passerelles permettant d’évoluer entre les sommets des cuves. « Nous nous sommes fait peur plusieurs fois, à deux doigts de tomber de nos échelles, se remémore Arthur Audouin. Dorénavant, nous pouvons mener les opérations comme l’ajout de houblon ou de malt additionnel en empruntant des escaliers munis de rambarde. »
Big bags et palan
Autres risques prégnants repérés, les gestes répétitifs, les manutentions et les ports de charges. Pour prévenir l’apparition de TMS, Aerofab mise sur l’automatisation. Ainsi, les vannes manuelles de l’unité de production sont remplacées par des modèles pneumatiques. Installés en 2023, trois silos, reliés par des canalisations à la cuve d’empâtage, ont drastiquement réduit les manutentions de sacs de malt.
Leur remplissage se fait à l’aide de big bags d’une tonne qu’un palan soulève au-dessus d’une trémie qui répartit les différentes céréales entre les silos. « Avant, il fallait faire des allers-retours pour alimenter la ligne en malt. On parle de plusieurs centaines de kilos à transbahuter pour chaque brassin, précise Nicolas Pandolfino, un brasseur. Maintenant, il n’y a plus que le malt additionnel que nous ajoutons manuellement. »
L’acquisition, en 2021, d’une ligne de conditionnement est un autre grand pas en avant pour l’amélioration des conditions de travail. En sortie de fermenteur, la bière est acheminée jusqu’à une encaneuse par le biais de canalisations. Une fois pleines, les canettes passent dans un dispositif à rayon X, habituellement réservé aux grosses brasseries industrielles, qui permet de vérifier qu’elles contiennent le bon volume de bière. Précédemment, les canettes étaient pesées une à une afin de s’assurer de leur bon remplissage. Du temps gagné et, surtout, des gestes répétitifs en moins quand on sait qu’entre 5 000 à 6 000 canettes de 33 et 44 cl sont produites chaque semaine.
Des canalisations pour réduire les manutentions
Dernière évolution en date sur la ligne de conditionnement, une encartonneuse supplée les salariés. « Remplir les caisses nous imposait des mouvements de pince avec les doigts, des torsions du poignet et des pivotements du buste qui sont de l’histoire ancienne, remarque Nicolas Pandolfino. La machine déplie et met en forme les cartons qu’elle scotche après y avoir introduit les canettes. » Les manutentions ont également bien diminué grâce à une canalisation enterrée qui relie l’atelier de brassage à l’entrepôt dans lequel a été installé le dispositif de remplissage des fûts, à proximité de la zone de stockage de ces derniers. Auparavant, les contenants devaient être transportés jusqu’aux fermenteurs avant de retourner, pleins, à leur point de départ.
Les vidanges servant à évacuer levures et particules de houblons des fermenteurs étaient réalisées jusqu’au début de cette année à l’aide d’un seau au pied de chacun des treize fermenteurs. « À raison d’une dizaine de fois 20 litres par brassin, cela n’était pas négligeable en termes de positions contraignantes et de port de charge, estime Arthur Audouin. Grâce au contrat de prévention que nous avons signé avec la Carsat Pays de la Loire, nous avons pu acquérir une centrifugeuse qui réduit le nombre de purges à une ou deux par brassin. »

« Aerofab est en recherche continue d’amélioration, se félicite Gwenaël Judic, le contrôleur de sécurité de la Carsat qui suit l’entreprise. Nous allons accompagner la brasserie sur la prévention des risques chimiques ainsi que sur la sécurisation du stockage pour éviter les chutes de marchandises depuis les racks, sujets sur lesquels ils ont déjà entamé des réflexions. » En effet, la station de nettoyage automatique doit être améliorée pour limiter les manipulations d’acides et de bases et, puisque la condensation produite par les canettes interdit de filmer les cartons sous peine de les voir se déliter, des cornières permettant de sangler les palettes commencent à être mises en œuvre.
IDENTITÉ
Nom : Aerofab
Lieu : Sautron (Loire-Atlantique)
Activité : production de bière
Effectif : treize salariés et trois dirigeants associés
Production annuelle : 3 500 hectolitres
Chiffre d’affaires : 2 millions d’euros