Élisabeth Festou est coordinatrice de la cellule « Enseigner la santé & sécurité au travail » à l’Éducation nationale, pour l’académie de Poitiers. Un poste qui l’amène à sillonner régulièrement les routes de quatre départements. Illustration en ce lundi de mai, où elle passe sa journée au lycée Émile-Combes de Pons, en Charente-Maritime.
Élisabeth Festou part de Poitiers en voiture : direction Pons, en Charente-Maritime, et le lycée polyvalent Émile-Combes. Un établissement qui forme quelque 950 élèves aux filières générale, technologique et professionnelle (métiers de l’électricité, maintenance automobile, travaux publics…). À son arrivée, après 1 h 40 de route, elle est accueillie par Brigitte Charotte, directrice déléguée aux formations professionnelles et technologiques. Équipée d’une grande valise à roulettes, elle traverse le terrain arboré, puis un dédale de couloirs et s’arrête devant la salle G012, son bureau pour la journée.
Elle organise son espace de travail et dispose son matériel nomade : une tablette, un clavier, un mini-rétroprojecteur fixé sur trépied, des disques durs externes… Élisabeth Festou est coordinatrice de la cellule « Enseigner la santé & sécurité au travail » (es&st) du rectorat de l’académie de Poitiers. Dans ce cadre, elle se déplace régulièrement en Charente, en Charente-Maritime, dans les Deux-Sèvres et la Vienne. Son travail s’articule autour de trois axes : « Je recueille les besoins en formation au niveau de l’académie pour les personnels qui forment les élèves. Cela peut être des formations de formateurs en sauveteur secouriste du travail, Prap, PRE… Et je m’occupe des modalités de mise en œuvre. D’autre part, j’accompagne ou développe des projets destinés à favoriser l’appropriation de la santé et sécurité au travail (S&ST) par les apprenants et je participe au déploiement de l’outil et de la démarche TutoPrev', développée par l'INRS et l’Assurance maladie-risques professionnels, qui aide les enseignants à sensibiliser les élèves au repérage des risques en entreprise. Je suis en lien avec une multitude d’interlocuteurs. » Parmi eux : la Carsat Centre Ouest – qui subventionne des projets et formations –, l’INRS – qui propose des outils et formations pour les formateurs (enseignants…) –, les inspecteurs de la filière professionnelle et technologique, l'École académique de la formation continue de l'académie de Poitiers, la communauté éducative, le GIP FCIP, etc.
Élisabeth Festou et Brigitte Charotte ont rendez-vous, en visioconférence, avec Yves Aubert, référent national pour la formation de formateurs de formateurs en PRE. Le sujet du jour porte sur la réalisation d’une tranchée qui pourrait servir de support de formation. « Dans notre académie, il y a besoin de former des enseignants à l’habilitation électrique BF-HF, lors du travail en tranchée », explique Élisabeth Festou. Or, le lycée Émile-Combes dispose d’une zone de 20 m de long, où les élèves de bac pro TP s’entraînent à reproduire une rue (chaussée, trottoirs…). « Nous pourrions y creuser la tranchée, remarque Brigitte Charotte. Ce serait l’occasion pour nos élèves de réaliser des travaux pratiques et de se servir de leur ouvrage pour mettre en situation des formateurs. » L’objectif est d’accueillir une formation interacadémique en octobre prochain. Yves Aubert est partant. La discussion tourne désormais autour de la technique à privilégier pour sécuriser l’aménagement : blindage béton ou non ? À suivre…
C’est au tour de Jennifer Artaud, professeur d’arts appliqués, avec qui Élisabeth Festou a plusieurs projets en cours, de la rejoindre. Elles font le point sur des kakémonos, réalisés par des élèves, pour promouvoir les actions de la cellule es&st, lors d’événements. « Je participe à diverses manifestations et j’ai besoin qu’on puisse identifier clairement la cellule, explique-t-elle. Par exemple, la semaine dernière, à l’occasion des Championnats de France de la soudure, j’animais un atelier de chasse aux risques via la réalité virtuelle. C’est un autre projet que nous développons : ce dispositif pourrait s’intégrer dans des séquences pédagogiques sur la S&ST. » Derniers ajustements de police, de logos… Puis, la matinée de travail se poursuit, rythmée par la cloche du lycée, les appels téléphoniques et visioconférences.
Déjeuner à la cantine. Pour Élisabeth Festou, c’est l’occasion de partager un repas avec des enseignants… et de prêcher la bonne parole. Aujourd’hui, elle encourage le professeur de mécanique automobile à utiliser les outils Tuto Prev’. À table, on trouve aussi Marie-Hélène Revel, une enseignante en prévention-santé-environnement (PSE) qui s’apprête à recevoir la médaille INRS : « Il y a eu longtemps des freins, mais aujourd’hui la S&ST est inscrite dans tous les référentiels de formation. La prévention doit donc apparaître dans toutes les séquences pédagogiques. On peut s’appuyer sur la coordinatrice pour accéder aux ressources nécessaires – formations, matériels, outils... »
Cet après-midi, Élisabeth Festou se concentre sur son nouveau projet : la photo 360° interactive. « Il suffit de placer au centre d’une pièce une caméra spécifique, pour obtenir un cliché panoramique, dans lequel on peut insérer des liens, des vidéos…, résume-t-elle. Cela peut servir à créer des supports pédagogiques interactifs afin de sensibiliser à la prévention des risques professionnels : on pourrait ainsi photographier un plateau technique et pointer les différents risques, mettre à disposition des outils, etc. » Pour convaincre les enseignants, elle travaille sur un « prototype ».
Boissons, madeleines, bonbons, broyés du Poitou… Un pot de convivialité est organisé par la cellule es&st pour remercier la classe de Jennifer Artaud : ses 23 élèves de terminale ont participé à la conception d’un jeu de cartes imaginé par la coordinatrice, Johann Spitz, contrôleur de sécurité à la Carsat Centre-Ouest, Marie-Hélène Revel, l’inspectrice S&ST Sylvie Pfeiffer et Émilie Martinière, conseillère de prévention de la Vienne. « Nous avons réalisé qu’il y avait des lacunes chez les agents de l’Éducation nationale, formateurs ou non, pour identifier "qui fait quoi ?" en prévention dans l’Éducation nationale, note Élisabeth Festou. La Carsat Rhône-Alpes avait créé le jeu de cartes 'PrevActeurs' pour présenter les acteurs de la S&ST en entreprise. Nous avons eu l’idée de nous en inspirer. » Le résultat est là : 33 cartes représentant des personnages aux profils variés à apparier avec d’autres définissant leurs fonctions. « Nos projets doivent être reproductibles, précise-t-elle. Ce jeu est un bon exemple : il va pouvoir être utilisé dans toutes les filières et, pourquoi pas, dans toutes les académies. » De leur côté, élèves et enseignante sont ravis. « Pour eux, c’est enrichissant de participer à un projet concret, ils savent que ça va servir à quelque chose », se réjouit Jennifer Artaud. Et le délégué de classe, Aaron Bunel, de souligner un effet inattendu : « Il a fallu se renseigner sur les personnages que nous devions représenter. En plus d’un travail de graphisme, on a appris des choses en S&ST. »
Après une visite du site qui accueillera la tranchée et de nouveaux échanges avec Brigitte Charotte, Élisabeth Festou rentre chez elle. Demain, elle retrouvera son bureau au rectorat de Poitiers.