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Entretien poids lourds

Du diagnostic aux solutions pour améliorer les conditions de travail

Tout est parti d’une visite de la Carsat Midi-Pyrénées et de discussions autour du risque d’exposition aux fumées de diesel dans l’atelier du chronotachygraphe. À Ibos, dans les Hautes-Pyrénées, l’entreprise AD Poids Lourds a vite réagi. Tant sur la prévention des risques chimiques que sur celle des chutes de hauteur.

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Grégory Brasseur - 20/02/2023
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Une extraction de fumée dans un garage de réparation de poids lourds

Dans le monde des routiers, ils sont connus comme le loup blanc. Spécialistes de la maintenance et de la réparation multimarque de véhicules industriels, les ateliers AD Poids Lourds ont également une grosse activité de contrôles réglementaires. Et c’est d’ailleurs d’une situation de travail dans l’atelier du chronotachygraphe, un appareil qui enregistre les données relatives aux mouvements et temps d’arrêt des véhicules de transport de marchandises de plus de 3,5 t ou de transport en commun de plus de huit personnes, qu’est partie la démarche de prévention initiée dans l’atelier de Ibos, dans les Hautes-Pyrénées.

L’établissement, qui emploie douze personnes, avait reçu la visite de la Carsat Midi-Pyrénées, dans le cadre du programme Risques chimiques Pros. « Nous avons identifié un risque lié aux émanations de diesel dans l’atelier du chronotachygraphe pour lequel il était absolument nécessaire de remettre le dispositif de captage des gaz d’échappement en état afin d’atteindre a minima une extraction de 1 000 m3/h. Mais, au-delà de ça, un diagnostic global était nécessaire, insiste Didier Durrieu, contrôleur de sécurité à la Carsat Midi-Pyrénées. Celui-ci a permis de mettre en évidence des besoins d’amélioration du captage des poussières dans l’atelier de réfection des garnitures de freins et de mise en place d’un dispositif de prévention des chutes de hauteur au niveau des fosses. »

1 000 collaborateurs travaillent dans les 200 ateliers d’AD Poids Lourds de l’Hexagone.

À Ibos, l’atelier AD Poids Lourds reçoit en moyenne 200 ordres de réparation par mois, les trois quarts en mécanique et un quart pour le chronotachygraphe réglementaire. Ses clients sont répartis entre grands comptes (Veolia, Stef…), artisans transporteurs et flottes indépendantes. « Avec l’aide et les conseils de la Carsat Midi-Pyrénées, nous avons initié une démarche de prévention globale, évoque Nathalie Chain, directrice des ressources humaines (DRH) du groupe. Nous développons en interne une démarche RSE (NDLR : responsabilité sociétale des entreprises) avec trois volets, qui concernent l’environnement, les collaborateurs et le plan d’action énergie. Mais le groupe grandissant par croissances externes, il peut y avoir un décalage entre les anciens ateliers et ceux qui viennent tout juste d’être intégrés. » En matière de sécurité, des mises à jour sont alors nécessaires.

Des expositions à des produits dangereux

Une multitude d’opérations peuvent générer des expositions à des produits dangereux : hydrocarbures, gaz d’échappement, huiles et graisses, peintures, produits de nettoyage… « Nous avons lancé en 2021 la réactualisation et la mise à jour des documents uniques d’évaluation des risques professionnels sur toute la France. Nous avons revu les fiches de données de sécurité (FDS) et les plans d’action associés », reprend la DRH. À Ibos, le travail a été fait avec un prestataire externe. « Sur les conseils de la Carsat, nous avons réalisé un inventaire de tous les produits chimiques utilisés avec l’outil Seirich d’évaluation des risques chimiques, et récupéré les FDS manquantes », explique Gérald François, directeur général d’AD Poids Lourds Sud-Ouest.

En 2022, un référent sécurité pour l’enseigne a été nommé, avec pour objectif d’identifier un relais sur chacun des 70 sites que compte le groupe. Le dispositif est en cours de déploiement. Un programme de formation, notamment des comités de direction, a été déployé pour accompagner les filiales dans l’animation et la mise à jour du document unique. « Dans l’atelier mécanique, des postes fixes d’extraction des fumées préexistaient, mais les débits étaient insuffisants. Un système d’extraction sur enrouleur fixe a été installé pour capter les gaz d’échappement des poids lourds. L’opérateur vient positionner un capteur enveloppant au niveau de l’échappement. Les polluants sont rejetés en toiture à l’extérieur », explique Nadège Pascaud, ingénieure-conseil à la Carsat Midi-Pyrénées.

1000m3/h, c'est le débit attendu au niveau des extracteurs de gaz d'échappement des poids lourd.

Une installation neuve d’extraction des fumées est également en place dans l’atelier du chronotachygraphe. Ici, le véhicule contrôlé est avancé sur des rouleaux avant que l’opérateur ne le fasse accélérer à 50 km/h. Le poste étant fixe, l’enrouleur n’a pas été nécessaire. Pendant les contrôles, l’atelier doit rester fermé. « La Carsat nous a également conseillé d’acheter un anémomètre à fil chaud. Il s’agit d’un outil qui permet de faire des mesures d’aspiration sur les équipements d’extraction d’air (atelier de réfection des garnitures de freins) et sur tous les extracteurs de gaz d’échappement. On vérifie ainsi le fonctionnement des systèmes aérauliques et leurs éventuels besoins de maintenance », indique Philippe Sesques, responsable d’exploitation. Ainsi, tous les conduits d’air et extracteurs de fumées ont été remis en état en fonction des relevés.

Un salarié effectue des travaux de maintenance sur un poids lourd.

Sécuriser les fosses

« En complément, nous avons agi sur les risques de chutes et venons de recevoir des protections de fosses. Il s’agit de filets de protection qui résistent à 350 kg, mais également à l’huile, à la graisse et au feu. Nous serons le premier site du groupe à en disposer », reprend le professionnel, qui entend suivre de près leur mise en place et leur usage. Le choix a été fait après la visite dans un atelier équipé à Bayonne. « C’est relativement simple d’utilisation, mais il faut que le patron d’exploitation ou le responsable de l’atelier soit présent pour accompagner le changement. La Carsat a su nous convaincre de l’intérêt. À nous de déployer la pédagogie nécessaire pour l’acceptation », estime Gérald François qui, depuis, s’est inscrit à la newsletter de l’organisme. « On voit arriver des véhicules au gaz ou électriques avec des contraintes nouvelles. Une veille est absolument nécessaire », insiste-t-il.

Les fosses ont également été équipées de petites passerelles, dotées de roulettes et d’un système de blocage, permettant de passer d’un côté à l’autre. « C’est bien pratique quand je change un balai d’essuie-glace alors que je viens de faire la vidange. Je n’ai pas à reculer le camion : je positionne la passerelle où je veux et je ne risque pas de tomber ou de glisser », commente Serge Pesqué, un mécanicien. Au sol, la peinture a été récemment refaite. « Un détail, mais qui attire l’œil et peut permettre d’éviter la chute, estime Philippe Sesques. Car même dans une fosse équipée de filet, on peut se faire mal. Le mieux est de ne pas tomber du tout ! » 

FICHE D'IDENTITÉ

Nom : AD Poids Lourds
Activité : maintenance et réparation de véhicules poids lourds, contrôle réglementaire (chronotachygraphe). Plus de 70 sites dans l’Hexagone, dont 7 sites en SudOuest
Lieu : Ibos (Hautes-Pyrénées)
Effectif de l’atelier : 12 personnes

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