Lorsque Castorama est fondé en 1969, seuls 40 % des ménages français ont l’eau courante, 10 % possèdent une douche ou une baignoire et 25 % un toilette intérieur. Pour cette enseigne de bricolage, ce faible niveau d’équipement constitue un terreau fertile pour grandir. Un peu plus de 30 ans et près d’une centaine de magasins plus tard, la marque passe sous pavillon anglais. Le groupe Kingfisher se lance alors dans une modernisation des points de vente.
Pour le magasin de Marsannay-la-Côte, en périphérie de Dijon, ce nouveau départ se traduit, quelques années plus tard, par un changement radical. Le bâtiment est rasé en 2013 pour mieux renaître de ses cendres. Le projet a plusieurs objectifs, parmi lesquels l’amélioration des conditions de travail. « Je suis entré en 2007 chez Castorama, plus précisément à l’atelier de découpe bois. Si, dans les anciens locaux, nous transportions les panneaux de bois à la force des bras depuis le stockage jusqu’à la scie, des chariots sont venus nous soulager dans la nouvelle organisation », se remémore Damien Petit, directeur de l’établissement.
Alléger les manutentions
Malheureusement, les manutentions de panneaux de médium, de contreplaqué, d’aggloméré ou de mélaminé mesurant jusqu’à 3 m2 pour les plus grands et pesant plus de 100 kg pour les plus lourds, continuent de constituer un risque susceptible de provoquer accidents du travail (AT) comme maladies professionnelles (MP). « En 2018, la sinistralité liée aux manutentions manuelles et ports de charge au sein du magasin nous a conduits à l’inviter à intégrer le programme TMS Pros, raconte Maryline Vannier, contrôleuse de sécurité à la Carsat Bourgogne-Franche-Comté. Constitué de quatre étapes – état des lieux du risque TMS, identification des situations prioritaires, mise en place d’actions de prévention et évaluation de celles-ci –, il permet aux entreprises de structurer leurs démarches en bénéficiant de notre accompagnement. L’objectif étant de les faire monter en autonomie sur les questions de santé et sécurité au travail. » L’engagement de l’entreprise dans le programme coïncide avec l’arrivée de Steve Fessard, chef de secteur sécurité. Heureux hasard, son précédent poste l’avait justement amené à piloter le programme TMS Pros d’une société du secteur agroalimentaire.
Les manutentions de panneaux de médium, de contreplaqué, d’aggloméré ou de mélaminé pesant jusqu'à 100 kg sont facilitées par le préhenseur à ventouses.
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© Patrick Delapierre pour l'INRS/2022
« Je connaissais la démarche et j’étais formé comme personne ressource, ce qui nous a permis d’avancer efficacement et rapidement, explique l’intéressé. Les collègues se sont engagés facilement dans le projet puisqu’il était aisé de se l’approprier. » Les analyses menées par le groupe de travail désignent l’atelier de découpe bois comme prioritaire. La solution retenue pour limiter les manutentions est un préhenseur pneumatique qui permet de se saisir des planches pour charger la scie verticale puis, une fois découpée selon les dimensions voulues, de les transférer sur les chariots des clients.
Diminuer les efforts des salariés
Si les salariés doivent encore tirer les plaques hors de leurs racks verticaux, le geste est facilité par un rouleau installé au niveau du sol et déplaçable latéralement tout le long des rangements. « Pour soulever un panneau sans effort, il suffit d’amener les ventouses à son contact à l’aide des commandes qui ont la forme d’un guidon de moto, explique Nicolas Cruz, vendeur service, en joignant le geste à la parole. Au départ, les collègues qui n’avaient pas de douleurs pensaient que ce préhenseur était superflu, qu’il leur ferait perdre du temps. Aujourd’hui, ils sont convaincus. » Précédemment, il fallait parfois être deux pour charger la matière première, ce qui était problématique lorsque les effectifs étaient plus réduits. En effet, les salariés de la découpe n’avaient parfois pas d’autre choix que de demander de l’aide à des collègues d’autres rayons qui risquaient d’autant plus de se blesser qu’ils n’avaient pas l’habitude de ces manutentions.
Aucun AT ni aucune MP n’est à déplorer depuis l’installation du préhenseur en décembre 2021. Néanmoins, le dispositif, branché sur le réseau d’aspiration, a eu une conséquence imprévue sur l’efficacité du système de captage des poussières de bois à la source et sur lequel se trouve également un tuyau chargé d’aspirer celles qui se retrouvent au sol. Le compresseur, situé à l’extérieur du bâtiment pour limiter les nuisances sonores, n’était pas assez puissant et il a donc été boosté début 2022 pour permettre le bon fonctionnement simultané de la ventilation et du préhenseur pneumatique. « Cet ajustement prouve que l’entreprise est engagée dans une démarche de prévention continue, se félicite Maryline Vannier. Une autre correction de l’installation va consister à déplacer le bouton d’arrêt d’urgence du préhenseur qui est à l’heure actuelle difficile d’accès. »
De l’avis de Damien Petit, la culture de prévention qui s’enracine parmi ses équipes doit beaucoup au travail de Steve Fessard. « Il sait communiquer positivement sur ce sujet pour impliquer tous les niveaux de notre organisation, affirme-t-il. Il m’a d’ailleurs convaincu, ainsi que d’autres collègues, de suivre le e-learning de l’INRS “Compétences de base en prévention”. » En encourageant les remontées du terrain et en rendant la hiérarchie attentive aux difficultés des salariés, ce travail de sensibilisation, associé aux résultats obtenus dans l’atelier de découpe bois, alimente aujourd’hui la dynamique vertueuse dans laquelle s’est engagé le magasin.
FICHE D'IDENTITE
Nom : Castorama Dijon 2
Activité : magasin de bricolage, outils et matériaux
Lieu : Marsannay-la-Côte (Côte-d’Or)
Superficie : 15 000 m2 dont 10 000 m2 d’espace de vente
Effectif : 114 salariés dont 6 dans l’espace de découpe de bois
