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Conception de lieux de travail

Un pressing bien ancré dans son temps

À Suresnes, le pressing Pressnett s’est engagé dans une démarche d’amélioration continue des conditions de travail en s’appuyant sur l’écoute des salariés. À l’occasion d’un récent déménagement, l’établissement a acquis des équipements de pointe, afin notamment de réduire les risques de troubles musculosquelettiques.

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Grégory Brasseur - 01/06/2023
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Une salariée de l'entreprise Pressnett utilise une table à repasser réglable en hauteur.

« Les salariés sont le moteur de l’entreprise. » C’est en partageant cette conviction que Laurent Grandisson présente son établissement. Implanté à Suresnes, dans les Hauts-de-Seine, Pressnett est un commerce de proximité qui a évolué avec son temps, un pressing dont le gérant a voulu faire un endroit où il fait bon vivre… et travailler. À l’entrée, les clients sont accueillis dans un espace zen et végétal quelque peu inhabituel pour l’activité. Une rangée de bonzaïs fait face au comptoir derrière lequel les 100 m2 de la boutique sont optimisés. On y voit du matériel dernier cri et un agencement pensé avec les salariés, de l’orientation des tables à repasser au positionnement du convoyeur à vêtements. Ce dernier permet d’éviter les portants dont les pieds peuvent gêner au sol ainsi que les barres en hauteur, qui nécessitent l’utilisation d’une perche.

200 à 500 pièces sont traitées au quotidien, avec une activité plus importante le samedi.

Laurent Grandisson a pris la tête de l’établissement en 2006. En juin 2021, il déménage les locaux d’une centaine de mètres et en profite pour agrandir son commerce. La surface est multipliée par deux, comme l’effectif, qui passe à six salariés, auxquels il promet une pièce de repos dédiée, petite mais très appréciée. De nouveaux équipements arrivent : mannequins chemises et vestes, tables à repasser... « Le gérant a toujours démontré un intérêt à agir en prévention à chaque étape de son développement en intégrant les évolutions techniques dans un contexte multi–risque », explique Najette Daho, contrôleuse de sécurité à la Cramif.

Progresser sur tous les fronts

Après avoir substitué le perchloroéthylène il y a quelques années, l’entreprise a définitivement supprimé la machine de nettoyage à sec pour se convertir à l’aquanettoyage. Des pompes doseuses permettent une alimentation automatique et fiable des machines, sans manipulation de produits. « C’est mieux pour la santé. Il n’y a aucune odeur et on n’a pas mal à la tête le soir », affirme Dalinda Zoghlami, chargée du détachage. Parmi les produits qu’elle utilise, plus aucun ne contient de solvant.

Mais comme l’aquanettoyage rend la fibre plus lisse, il y a donc un peu plus de travail derrière. D’où la nécessité de bien s’équiper afin de limiter le port de charges, réduire les gestes répétitifs, les postures inconfortables et donc les risques de troubles musculosquelettiques. « Pressnett a été récompensée en 2022 par un trophée Cramif. Depuis une quinzaine d’années, cette TPE a su tirer profit de l’expertise technique que nous lui avons proposée. Elle a bénéficié d’accompagnements financiers pour évoluer et s’est montrée visionnaire », reprend Najette Daho. D’ailleurs, comme le nombre de salariés, le chiffre d’affaires a doublé. Dans un secteur dont l’activité a plutôt tendance à diminuer, ce n’est pas rien.

Un salarié utilise un mannequin pour vestes.

Parmi les équipements les plus appréciés figurent deux mannequins, l’un pour les chemises, l’autre pour les vestes. « J’utilise d’abord la presse pour le col et les poignets puis je positionne la chemise sur le mannequin qui envoie de la vapeur pour la défroisser puis de l’air chaud pour sécher et détendre la fibre. Cela nécessitera moins de travail de repassage derrière pour mes collègues », commente Arnaud Tao, technicien machiniste. Ainsi, il fait jusqu’à 25 chemises à l’heure. Sur le mannequin vestes, où le travail se fait à sec, il montre la poupée qui monte et descend automatiquement suivant la taille du vêtement. La rotation est également commandée et ne nécessite pas de gestes contraignants. « Il reste la finition, mais on fatigue beaucoup moins », confirme Valérie Falko, au repassage. Au-dessus du poste, on remarque une ventilation. Elle n’est pas obligatoire en aquanettoyage mais le gérant y tenait : l’environnement du pressing est toujours un peu chaud.

Des outils adaptés aux besoins

Pour le repassage, les nouvelles tables disposent d’un plateau à hauteur variable, que les salariés règlent à leur convenance. Chacun a sa table et a choisi ses options, ainsi que l’éclairage qui lui convient. « Pour un pantalon, j’utilise la soufflerie pour ne pas lustrer et marquer la poche. J’aspire ensuite pour que ce soit plus simple à repasser », détaille Elisabeth De Almeida, une salariée. Les commandes se font à la pédale pour garder les mains libres. « Le fer est très léger (1,3 kg) et je n’ai pas à me baisser car la jeannette est à portée de main et non plus au sol », poursuit-elle.

À côté, Caroline Huet s’occupe des chemises : « On nous a proposé une tringlerie pour alléger le fer, mais ça gênait le mouvement. Je n’en ai pas voulu. » Comme sa collègue, elle parle d’équipements tout aussi utiles pour le rendu du vêtement que pour le confort de travail. Sous sa table, elle dispose d’un support pour mettre le linge repassé. Elisabeth De Almeida préfère travailler sans, car il la gêne dans ses mouvements. « L’outil de travail doit être adapté au fonctionnement du salarié et à son besoin », insiste le gérant.

UNE DÉMARCHE INSCRITE DANS LE TEMPS

Dès 2007, Pressnett a bénéficié d’un accompagnement par la Cramif et d’un contrat de prévention qui lui ont permis d’investir notamment dans une machine de nettoyage à sec. Puis elle a travaillé à l’encoffrement de cette machine et à la mise en place d’un réseau de ventilation. Elle s’est par la suite penchée sur la substitution du perchloroéthylène avant d’abandonner définitivement les solvants et de passer à l’aquanettoyage en 2021. Les échanges avec la Cramif se sont poursuivis pour faire avancer la prévention et chercher des évolutions de matériels afin de donner aux salariés de meilleures conditions de travail, en réduisant les risques de troubles musculosquelettiques qui existent dans le métier. Grâce à une aide financière simplifiée, un contrat TPE et plus récemment une subvention TMS Pros Action, Pressnett a pu acquérir un certain nombre d’équipements modernes (cabine de détachage à aspiration frontale, tables de repassage aspirantes et soufflantes, mannequins vestes et chemises, fers vapeurs légers, emballeuse pneumatique semi-automatique...). Elle affiche une croissance continue et a doublé son nombre de salariés. Dès qu’il est question de changer un équipement, le personnel est consulté : il peut tester différentes solutions et participer aux aménagements.

Ces tables sont arrivées après l’obtention d’une aide financière dédiée aux TPE, TMS Pros Action, et après intervention sur site de Christelle Collinet-Grossin, une ergonome venue réaliser un diagnostic ergonomique. Aujourd’hui, l’entreprise recueille les fruits de cette action menée en lien avec son service de prévention et de santé au travail et la Cramif. « Pour rien au monde, on ne reviendrait en arrière ! », assure Caroline Huet. Un peu plus loin, se trouve l’emballeuse à plat, qui a pris la place de l’emballeuse de comptoir, qui ne suffisait plus compte tenu du volume traité.

Enfin, un équipement rare dans les pressings : une emballeuse semi-automatique sur cintre. Il suffit à l’opératrice d’appuyer sur deux boutons et la machine travaille, sans barre à tirer vers le bas, ni posture inconfortable. Cinq bacs à fond remontant ont également été achetés, pour toujours travailler à la bonne hauteur. Le premier était arrivé dans la précédente boutique, où il avait été plébiscité. « J’essaie de garder un établissement moderne dans lequel chacun se sent bien, conclut le gérant. C’est aussi important pour les équipes que pour le commerce. Quand on propose du bon matériel et de bonnes conditions de travail, les salariés restent. »

FICHE D'IDENTITÉ

Nom : Pressnett
Lieu : Suresnes (Hauts-de-Seine)
Activité : pressing
Effectif : 6 salariés

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