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Le recyclage du plastique

Au cœur du premier centre de surtri des emballages ménagers en plastique

Le premier centre de surtri d’emballages en plastique en France est opérationnel depuis mai 2023 en Côte-d’Or,  à Ruffey-lès-Beaune. Exploité par Bourgogne Recyclage, il a été co-conçu avec l’éco-organisme Citeo. Objectif : affiner le tri et apporter de bonnes conditions de travail, en exploitation comme en maintenance.

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Grégory Brasseur - 04/01/2024
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Une salariée de Bourgogne Recyclage en situation de travail.

Historiquement, c’était un centre de tri des déchets issus de la collecte sélective, qui n’était pas certain, compte tenu de l’extension des consignes de tri, de maintenir son activité. À Ruffey-lès-Beaune, en Côte-d’Or, Bourgogne Recyclage a répondu à l’appel à manifestation d’intérêt lancé par Citeo pour développer le surtri des emballages en plastique collectés dans le cadre du flux dévelop–pement. Il a été retenu pour transformer son centre, l’exploiter pendant au moins sept ans et le maintenir, pour une capacité de 30 000 tonnes par an.

Opérationnel depuis mai 2023, il est la plus importante unité de l’Hexagone créée pour cette activité. Une deuxième a été mise en service en octobre à Épinal avec Suez et une troisième est attendue en juin 2024 à Mende avec Environnement Massif Central. Trois centres conçus avec les mêmes exigences techniques. « Nous avons vocation à surtrier les emballages en plastique issus du tri réalisé dans les centres de tri primaires et à les séparer en sept flux. Cette séparation très fine permet de massifier pour alimenter les recycleurs avec la qualité matière requise », explique Maxime Dumey, responsable du site de Bourgogne Recyclage. Les sept résines en sortie sont : le PET clair bouteilles et flacons ; le PET clair barquettes monocouches ; le PET clair barquettes multicouches ; le PET opaque blanc (bouteilles de lait) ; le PET coloré (bouteilles d’eau gazeuse) ; le PS (pots de yaourt) ; et le PE/PP (bouteilles et flacons rigides). Ces flux sont orientés vers des filières de recyclage agréées par Citeo.

Adapter l'usine à la nouvelle activité

L’unité produit 16 heures par jour sur cinq jours, et fait travailler une vingtaine de personnes : deux équipes constituées d’un chef d’équipe, trois caristes, un rondier, trois agents de tri cabine, plus une équipe de maintenance de nuit. L’éco-organisme a investi 18 millions d’euros dans le process. Pour répondre aux exigences de sécurité, c’est toute l’organisation du centre qu’il a fallu revoir. « Nous avions notre expérience d’exploitation d’un centre de tri et Citeo une vision sur 140 centres en France. Nous avons mutualisé ces compétences pour faire de la sécurité des opérations et des salariés une priorité », retrace Maxime Dumey.

UNE FILIÈRE EN MOUVEMENT

« Le centre de surtri est prestataire de services pour séparer de manière qualitative la matière. En s’engageant de manière durable sur des contrats de sept ans, on voit s’accélérer les projets de R&D chez les recycleurs », indique Éric Fromont, directeur des projets tri et flux développement chez Citeo. L’éco-organisme, qui travaille avec des recycleurs historiques, a lancé un appel d’offres pour trouver également d’autres industriels et encourage la création de nouvelles unités. « Aujourd’hui, on fait des cintres à partir de pots de yaourts », évoque Maxime Dumey, responsable du site de Ruffey-lès-Beaune. Demain, avec le recyclage chimique, des industriels pourront reprendre le PS pour du retour au contact alimentaire. Autre exemple, Citeo a confié à un groupement d’entreprises (Wellman, Valorplast, Carbios) une partie des tonnages de barquettes monocouche et multicouche PET, dont une partie sera traitée par Carbios à Longlaville, en Meurthe-et-Moselle, par biorecyclage de tout type de PET.

« On a notamment demandé le travail en Fifo (first in first out) pour éviter la décomposition des déchets trop longtemps stockés sur le site, le redimensionnement des stockages et des circulations extérieures. », insiste Éric Fromont, directeur des projets tri et flux développement chez Citeo. Chaque jour, six à sept camions chargés de 40 balles de déchets arrivent des centres de tri, et autant repartent chez des recycleurs. Quand le cariste dépose les balles sur le convoyeur d’entrée, les opérations automatiques de délitage et déballage ont lieu. Puis quinze machines de tri optique séparent les matières.

Sécuriser aussi la maintenance

« Toute l’installation est accessible par passerelle », souligne Alexandre Lemaire, le responsable de production. Depuis la salle de supervision, il a l’œil sur le process. « En cas de bourrage, de présence de ferraille qui n’aurait pas été éliminée, il est possible de mettre en sécurité le périmètre pour intervenir, sans arrêter toute la production », explique-t-il. « Pour chaque équipement, les implantations et accès ont été pensés pour la sécurité en exploitation et en maintenance. C’est un vrai travail d’intégrateur, souligne Jean-Louis Grosmann, ingénieur-conseil à la Carsat Bourgogne-Franche-Comté. Des palans et des équipements sur lesquels installer une potence ont été prévus pour mécaniser 100 % des opérations de maintenance. »

« Tous ces aménagements illustrent une culture de prévention solidement ancrée. »

L’interverrouillage est généralisé, avec trois sécurités pour pouvoir intervenir sur les caissons de tri optique. Une fois les matières séparées, un contrôle qualité est réalisé en cabine. Deux opératrices contrôlent le refus, prélevant ce qui peut être récupéré et réorienté. Sur d’autres tables passent les sept flux séparés. La conception de la cabine s’est appuyée sur l’analyse ergonomique pour un résultat qui va au-delà de la norme. « Des entretiens avec les salariés sur l’ancienne usine ont permis d’évaluer les composantes de l’activité. J’ai utilisé la méthode d’analyse de la charge physique de travail de l’INRS », explique Jean-Pierre Zana, l’ergonome.

NETTOYAGE

Une fois par semaine, un prestataire intervient pour le nettoyage de la cabine de tri, en complément des nettoyages réalisés après chaque poste. À la demande de Citeo, un prototype a été testé pour le nettoyage des tapis à la vapeur sèche (la machine propulse la vapeur sur la bande avant passage d’un racleur). Un objectif de déploiement sur 100 % des tables de tri est fixé pour début 2024.

Tous les postes sont équipés de réhausses motorisables, « une plaque au sol que l’on lève ou descend pour trouver sa position de confort. On fatigue nettement moins », précise Vanessa Gitta, opératrice. Sièges assis-debout, position de tri à 45 ° face au flux, climatisation et ventilation, lumière naturelle, éclairage artificiel réparti de façon à garantir 600 lumens sans éblouissement, plaques lumineuses « effet nuage » au plafond, limite sonore à 70 dB(A) dans la cabine grâce à la mise en place de caissons d’insonorisation à l’entrée... Le résultat a même séduit les salariés les plus attachés à l’ancienne usine.

Et pour demain ? L’installation est flexible. « Le nombre de machines de tri optique et la taille de la cabine contrôle qualité, qui peut accueillir quatorze personnes, ont été maximisés, reprend Maxime Dumey. Si une nouvelle résine est mise sur le marché, nous devons être en mesure de la trier et de la massifier pour qu’elle puisse être recyclée. »

LA SOBRIÉTÉ ÉNERGÉTIQUE AU MENU

Les moteurs de l’installation de Ruffey-lès-Beaune ont été équipés d'une technologie leur permettant de délivrer uniquement la puissance nécessaire à la machine. Les calories produites par l’unité de production d’air comprimé sont récupérées pour chauffer la salle de tri. Deux technologies de sécheurs d’air sont utilisées : par absorption (quand la température est inférieure à 5 ° C), et par réfrigération (au-delà de 5° C), pour consommer cinq fois moins d’électricité.

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