L’état des pistes est un facteur majeur des vibrations auxquelles sont exposés les conducteurs d’engins dans les carrières.
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© Claude Almodovar pour l'INRS/2021
Travail & Sécurité. Les vibrations auxquelles sont exposés les conducteurs d’engins dans les carrières représentent une grande préoccupation dans votre secteur. D’où proviennent-elles ?
Lionel Chabalier. Les causes de vibrations sont multiples. L’état des pistes est un premier facteur à avoir un impact important. Trous, ornières, dénivelés… Une bonne remise en état des pistes quand elles sont trop dégradées peut contribuer rapidement à améliorer la situation. Le mode de conduite influence également de manière significative le phénomène vibratoire, par exemple lorsque certaines manœuvres sont trop brusques ou inappropriées : chargement/déchargement de godet, virages trop serrés, ou erreurs d’inattention. Enfin, l’état des engins joue bien évidemment un rôle dans l’émission des vibrations.
Comment effectuez-vous les mesures de vibrations ?
L. C. Nous mesurons les vibrations horizontales – gauche-droite et avant-arrière – et verticales sur une période représentative à l’aide d’un capteur posé sur le siège du conducteur. Nous pouvons en utiliser un second, optionnel, posé sur le châssis du siège. Il permet d’estimer le facteur d’amortissement des vibrations verticales du siège. Si le résultat de dose vibratoire journalière reçue par l'opérateur dépasse une valeur de 0,50 m.s-2, cela déclenchera une action corrective pour atténuer l’exposition. À partir de 1,15 m.s-2, il est interdit de poursuivre la conduite.
Les vibrations du corps entier sont-elles un sujet pour les conducteurs de ces engins ?
L. C. Le confort de conduite prime pour les chauffeurs. Ils optent par exemple facilement pour des coussins sur leurs sièges. Il est fréquent que les carriers nous demandent une campagne sur leurs engins, lors de l’achat d’un nouveau modèle, ou de façon périodique pour savoir comment ils se situent. Pour les sensibiliser encore plus au sujet, depuis un an, nous avons développé une prestation qui associe de la vidéo aux mesures que nous collectons : une caméra positionnée dans la cabine filme les épaules et la tête du conducteur durant la séquence de mesures. En synchronisant la vidéo aux courbes mesurées, cela apporte un rendu visuel complémentaire, où l’on peut expliquer certains pics d’accélération vibratoire que seules les mesures ne suffisent pas toujours à expliquer.
LES VIBRATIONS AFFECTANT LE CORPS ENTIER
Trois secteurs exposent majoritairement aux vibrations affectant le corps entier : la logistique (transpalettes à conducteurs portés, chariots élévateurs…), le transport (routier de marchandises ou de personnes), le BTP (engins de chantier). Lors de l'achat d'une machine ou d'un engin, on retiendra le modèle qui émet le moins de vibrations possibles et dont le poste de travail atténue le plus les vibrations. Le protocole d’essai utilisé permettant de calculer les valeurs d’émission vibratoire est défini par la norme EN 13059. Il est important de privilégier des équipements ayant une valeur d’émission vibratoire déclarée entre 0,4 m.s-2 et 0,65 m.s-2. Il faut par ailleurs tenir compte de quatre niveaux d’actions possibles pour diminuer les vibrations : réduire les irrégularités sur les surfaces de roulage, diminuer la vitesse d’évolution des engins, choisir un engin équipé d’une suspension efficace de son siège ou de sa plate-forme, et vérifier régulièrement l’état des éléments roulants (gonflage, usure, méplat).