La Cerp Rhin Rhône Méditerranée (CRRM), grossiste en produits pharmaceutiques, possède 25 établissements répartis sur la moitié est de la France. L’entrepôt de Montélimar, qui emploie 45 équivalents temps plein, approvisionne une centaine de pharmacies dans un rayon d’environ 120 kilomètres. Afin de répondre au plus vite aux requêtes des officines, ses livreurs effectuent seize tournées quotidiennes, huit le matin et huit l’après-midi. « Nous avons l’obligation légale de répondre aux besoins des pharmacies dans les 24 heures, explique Christophe Valla, directeur du site. Ce qui nous impose de stocker d’importantes quantités des références les plus demandées, mais aussi d’avoir toujours disponibles celles qui ne le sont que plus rarement. » Pour préparer les colis, les salariés sillonnent les rangées d’étagères, récupérant les produits qu’ils scannent au fur et à mesure et qu’ils déposent dans les six caisses de leurs chariots, une par commande.
UN STOCKAGE COMPACT
Le site de Montélimar de la CRRM entrepose 14 000 références de produits pharmaceutiques dans ses rayonnages de picking au chariot pour répondre aux commandes des pharmacies de la région.« Nos stocks automatisés en contiennent quant à eux 8 000 pour alimenter les autres entrepôts de l'entreprise, explique Faustine Paradis, la responsable d'exploitation. 600m2 suffisent là où 1 500 auraient été nécessaires avec une organisation classique. »
En 2017, l’entrepôt montilien est désigné par le siège pour devenir le second magasin général de la CRRM. Le premier, situé à Dijon, devait ravitailler toutes les implantations de l’entreprise jusqu’aux plus éloignées d’entre elles, à l’image de celles de Cannes ou de Béziers. Ce qui relevait d’une course contre la montre quotidienne avec les risques que cela implique, notamment ceux liés aux dangers de la route. « Pour répondre à cette nouvelle mission, nous avons construit une extension qui a fait passer notre surface de 2 000 à 6 500 m2, rapporte Faustine Paradis, la responsable d’exploitation du site de Montélimar. Nous avons choisi de dissocier les stocks : d'un part ceux destinés aux pharmacies, d'autre part, ceux pour ravitailler les autres sites du groupe. Et ceux-là nous avons en outre choisi de les automatiser. » Pour atteindre ce second objectif, des visites d’entreprises de logistique ont été organisées. Un système de robots autonomes et d’étagères mobiles retient alors l’attention de la CRRM.
DE L’INTÉRÊT DE LA POLYVALENCE
« L’augmentation de rythme que permet l'automatisation des stocks peut être délétère pour la santé des équipes », signale Philippe Morand, contrôleur de sécurité à la Carsat Rhône-Alpes. Un risque levé par l'organisation du travail de la CRRM qui fait de la polyvalence un maître-mot. « Les salariés ne passent pas plus de deux outrois heures sur le poste automatisé avant de changer pour du picking classique ou de l'emballage » précise Christophe Valla, le directeur du site.
Les automates ainsi implantés sont petits, mais costauds : ils mesurent 1 m de long sur 65 cm de large et 45 cm de hauteur et sont capables de porter jusqu’à 600 kg. Grâce à leurs capteurs, ils évoluent dans un espace délimité par des panneaux grillagés, en suivant un quadrillage au sol, pour déplacer les étagères garnies de références jusqu’aux opérateurs. « Concernant le risque machine, l’enceinte, qui isole les robots, associée à des barrières immatérielles aux postes de préparation de commandes, nous a semblé pertinente, indique Christophe Valla. En plus, le dispositif est silencieux par rapport aux solutions avec convoyeurs et jets d’air comprimé pour propulser les boîtes qui nécessitent le port de bouchons d’oreilles. »
Tester les machines avant leur mise en service
Mais avant de s’engager, la CRRM a procédé à une phase d’essais. Pour ce faire, le fabricant a mis à sa disposition une enceinte réduite, 25 étagères et cinq robots. Les salariés qui les ont testés pendant plusieurs mois ont pu faire part de leurs observations. Celles-ci ont débouché sur des améliorations ergonomiques des postes de préparation de commandes. Des estrades ont notamment été ajoutées afin d’éviter les montées et descentes entre la station de réception et les 24 caisses positionnées de part et d’autre du poste. « Les deux structures qui les supportent sont pourvues de convoyeurs gravitaires sur lesquels il suffit de pousser les caisses au lieu d’avoir à les porter », se félicite Nadine Baral, préparatrice de commandes.
« Jouer la carte du collectif en impliquant les salariés dès le début du projet et en tenant compte de leurs retours, c’est une approche gagnante, souligne Philippe Morand, contrôleur de sécurité à la Carsat Rhône-Alpes. Je me suis cependant inquiété du manque d’expérience de la CRRM dans la mise en œuvre de machines qui pouvait l’amener à passer à côté de certains risques. J’ai donc requis l’expertise de l’INRS. » « Les robots évoluent certes dans une enceinte délimitée par des protecteurs pour protéger les personnes à proximité. Cependant, le risque demeurait présent, lors d’une levée de défaut par exemple, que l’installation soit redémarrée avec une personne à l’intérieur, se remémore Clémentine Borgeot, experte d’assistance-conseil à l’INRS. Nous avons donc échangé sur les procédures d’accès, notamment la consignation. »
SIMPLICITÉ D’UTILISATION
Après la phase d’essai du stockage automatisé, l’ergonomie de l’écran sur lequel s’affichent les informations pour la préparation des commandes a été améliorée. Pour plus de clarté, un spot vert désigne l’emplacement de la référence à récupérer sur l’étagère amené par un robot. « L’alimentation du stock est rapide puisqu’un chariot de produits y est rangé en 15 minutes contre 45 dans les rayonnages classiques », se réjouit Christophe Valla, le directeur du site.
S'approcher du robot seulement à l'arrêt
Les clés des trois portes de l’enceinte sont aujourd’hui indissociables de celles qui, pour autoriser les automates à se mettre en mouvement, doivent être insérées au niveau de chacun des postes de préparation de commandes. Les automates sont donc forcément à l’arrêt si un salarié habilité retire l’un des trousseaux pour ouvrir l’un des accès au stock automatisé. Et puisqu’il garde les clés pendant son intervention, cela empêche l’un de ses collègues de relancer le système alors qu’il se trouve toujours dans l’enceinte. « La présence du marquage CE ne suffit pas pour s’assurer de la sécurité d’une machine, prévient Clémentine Borgeot. Il ne dispense pas de réaliser l’analyse des risques qui sont liés à son utilisation et à sa maintenance. »
Une réalité bien comprise par la CRRM qui, bien que le fabricant l'ait assuré de la stabilité de son dispositif, a souhaité la vérifier par elle-même. Des tests consistant à charger les étagères de manière déséquilibrée ont été menés, sans que rien ne se renverse. « Le système fonctionne depuis 2020 avec 25 robots et 160 étagères, mais les échanges avec le fabricant n’ont pas cessé pour autant. Tous les 15 jours, une réunion permet de remonter les éventuels dysfonctionnements ou points d’amélioration, affirme Christophe Valla. Nous sommes vraiment satisfaits de cette installation et projetons de l’agrandir prochainement, ce que sa modularité permet de réaliser aisément. »
MAINTENANCE
Trois salariés de la CCRM sont habilités à réaliser de la maintenance légère sur les robots de stockage, comme nettoyer les capteurs, par exemple. Pour ces opérations, les robots rejoignent une zone séparée de l’enceinte qui les confine et des allées de l’entrepôt en passant par une trappe au bas d’une paroi grillagée, à la manière d’une chatière. Ils s’immobilisent ensuite et les salariés peuvent pénétrer dans cet espace sans risque.