« Ce petit local est exemplaire par rapport à ce que l’on voit dans beaucoup d’hôpitaux. » Ce commentaire, recueilli auprès d’un membre de la CSSCT, témoigne de la satisfaction du récent réaménagement du laboratoire d’anatomocytopathologie de l’Hôpital américain de Paris, situé à Neuilly-sur-Seine, dans les Hauts-de-Seine. Ce laboratoire, installé dans ce qui était auparavant une chambre de l’hôpital, a en effet été totalement transformé afin d’améliorer les conditions de travail et de supprimer l’exposition au risque chimique.
C’est ici que sont effectuées les premières analyses, dites extemporanées, au cours de certaines opérations chirurgicales : dans ce cadre, les tissus, prélevés sur des patients au bloc opératoire, doivent être plongés dans une solution de formaldéhyde – également appelé formol – pour permettre leur bonne conservation. Or le formaldéhyde est une substance classée cancérogène et mutagène, et suspectée d’être toxique pour la reproduction. « Le laboratoire avait été aménagé dans l’espace précédemment occupé par la salle de douche, et le reste de la pièce servait de bureau à une secrétaire », explique Émilie Tissier, contrôleuse de sécurité à la Cramif. Et cette secrétaire se trouvait directement exposée aux vapeurs de formol dans cette pièce non ventilée.
« J’ai été alertée au cours de sa visite périodique, témoigne le Dr Amel Douadi-Bellahouel, médecin du travail. Je ne comprenais pas la situation, j’ai alors décidé de faire une étude de poste. » Une observation in situ est venue confirmer l’exposition. Outre cette secrétaire, toute personne entrant et sortant de cette pièce pouvait se trouver exposée à des émanations du produit, qu’il s’agisse de l’équipe du bloc opératoire ou du personnel du laboratoire sous-traitant mandaté pour réaliser les analyses.
Implication collective
« Des mesures atmosphériques avaient montré que la concentration de formaldéhyde ne dépassait pas les seuils réglementaires dans la pièce », souligne Jonathan Bello, ingénieur biomédical. Néanmoins, du fait de l’absence de ventilation générale, et de dispositif de captage à la source ainsi que de l’utilisation de bidons non monitorés qui entraînait des débordements, la situation exposait les personnes aux vapeurs de formol. Le médecin du travail et la Cramif ont lancé un travail d’information et de sensibilisation auprès des différents intervenants de l’établissement, dans le cadre du programme Risques chimiques Pros.
« La Cramif a apporté un appui important, en effectuant un travail de sensibilisation et de pédagogie auprès des décideurs », souligne le médecin du travail. « Il y a eu une prise de conscience collective du risque de la part de tous les acteurs, explique Anne-Gabrielle Desgrées du Lou, directrice des ressources humaines de l’Hôpital américain. Tout le monde a saisi les enjeux et compris la nécessité d’agir. » De là est né un projet de réaména gement complet du local, avec l’aide d’un bureau d’études, et l’appui des laboratoires de mesures physiques et chimiques de la Cramif sur certains aspects techniques, comme les débits d’extraction nécessaires.
« La gestion des produits toxiques est un sujet qui me tient à coeur, l’exposition au formaldéhyde représente un risque dont j’avais pleinement conscience, souligne Sonia Gortheau, infirmière de bloc opératoire et responsable référente en anatomocytopathologie, qui a été impliquée dans tout le projet. On a vraiment travaillé ensemble, avec les RH, la médecine du travail, le service achats et toute l’équipe, pour aboutir à un résultat qui convienne à tout le monde. »
Remise à plat complète
Le réaménagement a nécessité des travaux d’ampleur : achat d’un automate de distribution de formol et mise en place d’une enceinte de macroscopie ventilée pour permettre la fixation des pièces anatomiques en vase clos, et achat d’une armoire de stockage ventilée, carottage en plafond pour rejeter en toiture l’air pollué – issu à la fois de l’automate, de l’armoire de stockage et de l’air du local de travail –, déplacement de cloisons, mise en dépression de la partie laboratoire par rapport à la partie bureau du local… « La principale difficulté a résidé dans le traitement de l’air qui devait être indépendant et dédié à cette pièce, alors que cette dernière n’avait pas été conçue pour une telle activité », explique Pascal Frebourg, directeur technique. Et comme le souligne Émilie Tissier, « quand on investit dans un tel automate, il faut également investir dans une armoire de stockage ventilée et dans des petits flacons préremplis sécurisés pour la mise sous formol en vase clos des plus petites pièces ».
À l’usage, le premier automate acheté n’apportait pas entière satisfaction aux équipes. « C’était une décision du service achats, je n’étais pas favorable à ce modèle, relate le médecin du travail. Il présentait beaucoup de dysfonctionnements, la mise en sachets des prélèvements n’était pas adaptée à tous les cas de figure, les utilisateurs étaient déçus du résultat. » Au bout de quelques mois, et après échanges avec le fournisseur, l’établissement a opté pour un autre automate fonctionnant avec des seaux de différentes tailles, nettement plus adaptés aux besoins. Au final, près d’un an après son acquisition, le résultat donne aujourd’hui entière satisfaction à l’ensemble des acteurs. « Les manipulations sont ultra-simples, le matériel facile à prendre en main. Et aujourd’hui, on reçoit d’autres établissements qui viennent voir notre installation. Lorsque l’on compare, on se rend compte que c’est bien », conclut avec satisfaction Sonia Gortheau.
FICHE D'IDENTITÉ
Entreprise : Hôpital américain de Paris
Lieu : Neuilly- sur-Seine (Hauts-de-Seine)
Activité : établissement médical à but non lucratif pour hospitalisations conventionnelles et ambulatoires
Effectif : environ 850 salariés + environ 350 médecins libéraux accrédités