
À Vaux-Andigny, en Picardie, une usine fait partie du paysage depuis près d’un siècle. Briqueterie jusque dans les années 1940, la manufacture produit ensuite des chaudières. À partir de 1964, elle prend l’appellation des Ateliers de construction de Vaux-Andigny (Acova) et fabrique des radiateurs décoratifs en acier. Dans les années 1980, la marque accélère son développement en ajoutant à son catalogue des radiateurs électriques et des sèche-serviettes. En 1994, l’établissement entre dans le giron du groupe suisse Zehnder, l’un des leaders mondiaux en climat intérieur (ventilation, plafonds climatiques, filtration d’air et radiateur). « Ici, nous fabriquons uniquement des radiateurs et des sèche-serviettes, précise Élie Irdel, responsable sécurité et amélioration continue de l’usine. Nous les concevons sur mesure afin qu’ils s’adaptent aux contraintes des chantiers de nos clients, qu’il s’agisse de rénovations ou de constructions neuves. »
Même si la fonte est de l’histoire ancienne, la fabrication de radiateurs en acier nécessite de déplacer des charges conséquentes. « Il y a vingt ans, nos procédés étaient totalement manuels, explique Thierry Baschet, directeur général du site. Depuis, nous avons cherché à diminuer les manutentions manuelles avec notamment l’installation de convoyeurs, de palans... » « Nous avons aussi acheté, dès 2015, des robots de soudage qui prennent en charge une partie de notre production, souligne Patrick Wibaut, responsable d’atelier. Outre la réduction des postures contraignantes, ils limitent les expositions aux fumées de soudage. »
La disparition des postures contraignantes
Invitée à intégrer le programme TMS Pros de la Carsat Hauts-de-France en 2014 puis 2018, l’entreprise perfectionne son approche de la prévention des risques. Élie Irdel suit la formation pour devenir personne ressource pour la prévention des TMS. « Les connaissances et les outils proposés permettent de mieux repérer les risques, de poser des diagnostics plus pertinents et d’identifier les solutions de prévention les plus adaptées. Cela nous permet aussi de prioriser plus facilement les actions et leur suivi, explique l’intéressé. Une personne du service industrialisation a aussi été formée, ce qui est un atout pour concevoir en interne des postes de travail plus sûrs. »
En 2021, une augmentation du volume des manutentions au poste de brasage (opération d’assemblage obtenu par fusion d’un métal d’apport sans fusion du métal de base) est repérée, et la réaction a été immédiate. Un groupe de travail, intégrant des élus du CSE et des opérateurs, est constitué pour trouver des aides à la manutention adaptables aux différents modèles de radiateurs, en s’appuyant sur les étapes de la démarche TMS Pros. L’option retenue est composée d’un bras manipulateur muni d’un système de préhension modulable, d’une table de brasage réglable en hauteur et équipée d’un retourneur. Afin de faciliter la validation de cet investissement par la direction du groupe, Gaëtan Vincent, IPRP qui accompagne Élie Irdel, conseille de solliciter la Carsat Hauts-de-France pour bénéficier de leur expertise. Fin 2022, un contrat de prévention est signé avec celle-ci.

Le temps de développer les équipements avec un fabricant et de réaliser des essais, c’est en février 2024 que le nouveau poste de brasage entre en fonction. « C’est vraiment confortable, se réjouit Jason Champagne, un braseur, en déposant la première face d’un radiateur sur un convoyeur à rouleau. Plus besoin de porter ces éléments qui pèsent, à ce poste, jusqu’à 50 kilos. À un rythme de cinq radiateurs par heure, on s’épargne des douleurs au dos. » Le professionnel, équipé d’un masque à ventilation assistée, superpose une seconde face sur la première avant de pousser l’ensemble sur la table dont il règle la hauteur pour réaliser la première partie du brasage sans prendre de postures contraignantes. Il n’a qu’à actionner le retourneur pour faire de même sur la seconde face.
Une bonne dynamique
Autre aide à la manutention acquise avec le soutien financier de la Caisse : un chariot basculant permettant de décrocher les faces de radiateurs des balancelles au sortir de la ligne de peinture. Les plus gros modèles pesant jusqu’à 250 kilos, il fallait auparavant jusqu’à six opérateurs pour mener à bien l’opération. « Aujourd’hui, il suffit de positionner le chariot sous l’élément à décrocher, puis de le faire monter. La pièce vient reposer sur la cale de la table, préalablement mise à la verticale, à la manière d’une toile sur un chevalet, explique Kévin Olive, un opérateur. Cet outil est d’autant plus approprié que nos suggestions ont été prises en compte. Et l’un de mes collègues l’a testé chez le fabricant avant la livraison. »
En ajoutant la démarche TMS Pros à une volonté préexistante d’améliorer les conditions de travail de ses équipes, une véritable culture de prévention, pérenne et continue, s’est installée dans les différentes strates de l’organisation. « Nous sommes dans une bonne dynamique, se félicite Thierry Baschet, qui a suivi un stage de sensibilisation à la prévention prévu dans le contrat de prévention. Nous encourageons nos équipes à nous faire part de leurs idées d’amélioration. Celles qui sont retenues et mises en œuvre donnent lieu à des intéressements. » « Si beaucoup d’entreprises se targuent d’écouter le terrain, une partie d’entre elles ne font pas grand-chose de ces remontées, estime Pierre Gourlay, contrôleur de sécurité à la Carsat Hauts-de-France. Il est appréciable de voir qu’ici, elles débouchent sur des actions concrètes qui changent vraiment la donne. »
FICHE D'IDENTITÉ
Nom : Zehnder Vaux-Andigny
Lieu : Vaux-Andigny (Aisne)
Activité : fabrication de radiateurs
Effectif : 150 salariés
Chiffre d’affaires : 50 millions d’euros en 2023
Surface : 25 000 m2 de bâtiments