
Bienvenue à Pont-Aven : ses maisons de granit, son école de peintres, ses galettes… Et son usine de fabrication de machines à nems. Insolite, mais c’est bien dans ce village du Finistère sud, de quelque 2 800 âmes, que l’entreprise Bretinov, spécialisée dans la conception et fabrication de lignes de production de nems a installé ses nouveaux locaux, il y a un peu plus d’un an.
À l’entrée du bâtiment flambant neuf de 2 100 m2, un fanion rouge, paré d’une carpe et de lettres dorées, accueille le visiteur. « C’est un drapeau célébrant la fête du Têt, le nouvel an vietnamien », décrypte Laurent Auffret, le directeur commercial de Bretinov. Avant de poursuivre sur l’histoire de l’entreprise : « Au départ, nous fabriquions des machines pour la confection de beignets de crevettes, essentiellement à destination de l’Espagne, où ces tapas sont répandues. Mais c’est en installant cet équipement chez un traiteur asiatique, en Île-de-France, et en observant le travail fastidieux des salariées dédiées à la préparation des nems, que le fondateur de Bretinov, Pierre Auffret, a eu l’idée de développer une ligne industrielle ergonomique. »
L’ensemble mesure sept mètres et est composé d’une dépileuse de galettes de riz, d’un module de ramolissage, d’une doseuse de farce et d’un système de pliage et de roulage automatique des nems. En bout de chaîne, un convoyeur peut être ajouté pour les acheminer jusqu’à la friteuse. Autrement dit : fini les tâches répétitives et le port de charges pour les opérateurs.
Mais qu’en est-il pour le fabricant ? Est-il aussi bien loti que ses clients en matière de conditions de travail? Le déménagement à Pont-Aven a changé la donne. Après dix ans passés à Trégunc, à quelques kilomètres, dans une usine vieillissante, la construction du nouveau bâtiment a été l’occasion d’intégrer la prévention des risques professionnels en amont. Des bonnes pratiques en conception des lieux et situations de travail (CLST) qui valent à Bretinov d’avoir été récemment récompensée par la distinction « Acanthe, bâtir plus sûr », décernée par la Carsat Bretagne.
Mesures et réflexions en amont
Avant même la pose de la première pierre, un diagnostic radon a été réalisé. Bilan sans surprise: ce gaz radioactif naturel, exhalé majoritairement par les sols granitiques et volcaniques, est présent dans les sols. « Un film de protection a donc été mis en place pour éviter les remontées dans le futur bâtiment », explique Gilles Mauguen, contrôleur de sécurité à la Carsat Bretagne, qui a accompagné le projet. Afin d’affiner le cahier des charges des nouveaux locaux, le Centre interrégional de mesures physiques de l’ouest (Cimpo) a été mis à contribution pour réaliser différentes mesures dans l’ancien site (bruit, éclairage, glissance des sols…) et livrer des recommandations.

Qu’il s’agisse des bureaux ou de l’atelier, tous les salariés bénéficient désormais de la lumière naturelle, et des traitements acoustiques ont été mis en œuvre pour limiter le niveau sonore. L’usine de Trégunc a également accueilli le stage « Approche ergonomique des situations de travail » de la Carsat, qui s’adresse aux personnes ressources en entreprise qui veulent monter en compétence sur ce suet. Chaque poste a donc été analysé par les stagiaires, qui ont ensuite fait part de leurs préconisations. D’autre part, dès les premières esquisses des locaux, les salariés ont été consultés. Emplacement du stock, implantation des machines, largeur des circulations autour… Leur avis a été pris en compte pour organiser au mieux les espaces de travail.
L’atelier s’articule autour de trois activités principales : la chaudronnerie, l’usinage et le montage. Dans les nouveaux locaux, les différentes zones bénéficient d’un espace clos dédié et ces salles ont été aménagées selon le principe de la marche en avant, pour simplifier les flux. Dans la première salle, les tôles en inox sont réceptionnées, stockées, pliées par une presse hydraulique de 170 tonnes, puis soudées, polies et décapées par microbillage ; dans la deuxième, elles passent par des centres d’usinage, le tour, la fraiseuse… Dans cet environnement industriel, le risque machine a été pris au sérieux.
Captage à la source et barrière immatérielle
Les équipements sont cartérisés pour éviter les accidents (happements, coupures, chocs…) lorsqu’ils sont en marche. Quant à l’imposante machine de découpe, qui utilise un mélange d’eau à haute pression et d’abrasif, elle est isolée par une barrière de protection immatérielle. Une attention particulière a également été portée au risque chimique, avec la mise en place d’un réseau de captage à la source des fumées de soudage et des brouillards d’huile. Les progrès sont visibles à l’œil nu, se réjouit Laurent Auffret : « Dans l’ancienne usine, le sol était très gras. Là, tout est propre. »
Ces deux premières salles donnent toutes les deux sur une porte menant à la salle de stockage des pièces. À l’intérieur de celle-ci, une autre ouverture donne sur la salle de montage, où sont assemblés les différents éléments des lignes de production de nems et de beignets aux crevettes. Le travail se fait à hauteur et les salariés disposent d’une chèvre de levage pour transporter le capot en inox du module de ramolissage, qui mesure près de deux mètres de long.
Contrairement aux autres salles, celle-ci n’est pas haute de plafond. « Tous les volumes ont été pensés en amont : côté chaudronnerie où des pièces sont stockées dans des racks, il fallait une certaine hauteur, ici on n’en a pas besoin, précise Laurent Auffret. Cela nous a permis de créer une autre zone de stockage, au-dessus, sur une mezzanine. » Lorsqu’ils réceptionnent des marchandises sur cet espace, les opérateurs sont protégés par une barrière-écluse.
Restent la salle de démonstration, où les clients peuvent tester la machine à nems avec leur propre recette de farce, et une seconde dédiée aux prototypes du bureau d’études, qui se trouvaient auparavant au sein de l’atelier. L’équipe vient de mettre au point une version compacte de la ligne à nems, à destination des traiteurs, et planche actuellement sur un nouveau projet. En attendant, Laurent Auffret se prépare pour un salon à Hô Chi Minh-Ville avec un objectif : conquérir le marché vietnamien.
FICHE D'IDENTITÉ
Nom : Bretinov
Localisation : Pont-Aven (Finistère)
Activité : conception, fabrication et installation de machines destinées à l’agroalimentaire
Effectif : 24 salariés
Surface : 2 100 m2