Sur les conseils du SPST et de la Carsat, l'entreprise s'est dotée de préhenseurs pour améliorer les conditions de travail des salariés.
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© Gaël Kerbaol/INRS/2023
C’est sur un site de 9 hectares qui accueillait autrefois une filature picarde en zone industrielle de Doullens, qu’est installé, depuis 1984, Acia Automotive. L’activité de l’entreprise, filiale du groupe Cipelia, spécialisé dans la fabrication et le conditionnement des liquides techniques (liquides de refroidissement, de frein, lave-glace…) prospère et les perspectives de développement s’annoncent sous les meilleurs auspices. « Afin d’optimiser nos flux, des travaux sont en cours pour agrandir nos locaux et moderniser nos installations – certains bâtiments, hérités de l’activité manufacturière, ayant plus de 200 ans, explique Antoine Anglade, le directeur du site. Ce chantier, une fois achevé, va nous permettre de répondre aux besoins de stockage de nos clients. »
Avec, à l’heure actuelle, un effectif de plus de 40 salariés, l’entreprise a déjà une capacité de production supérieure à 50 millions de litres par an. « Nous restons une PME, mais nous travaillons avec de très grandes entreprises ayant un fort niveau d’exigence, notamment en termes de santé et de sécurité. C’est pourquoi, dès mon arrivée en 2018, nous avons mis en place un suivi mensuel des indicateurs tels que le nombre de jours sans accident du travail, le suivi des taux de fréquence et de gravité… avec, en parallèle, des audits mensuels santé, sécurité, environnement et les certifications Iso 14001 et 45001 obtenues en 2021 et 2023. »
Carsat et service de prévention et de santé au travail interentreprise
Peu après ces premiers pas vers l’instauration d’une culture de sécurité au sein de l’entreprise, Antoine Anglade et Arnaud Lemore, le responsable qualité, sécurité et environnement (QSE), reçoivent la visite de leur service de prévention et de santé au travail, l’association santé et médecine interentreprise de la Somme (ASMIS). « Nous avons rencontré l’équipe d’Acia Automotive en 2019, dans le cadre de la mise à jour de la fiche d’entreprise, explique Laurent Trainaud, intervenant en prévention des risques professionnels (IPRP) au sein de l’association santé et médecine interentreprise de la Somme (ASMIS). Cette étape a permis de mettre l'accent sur différents risques professionnels récurrents au sein de l'entreprise, comme le bruit ou encore le risque chimique. »
Passée cette première étape d’analyse globale, les intervenants de l’ASMIS ont souhaité aller plus loin dans la caractérisation des risques afin de proposer des solutions adaptées à l’entreprise. « L’intervention de l'ergonome a mis en lumière le port de charges et des expositions aux troubles musculosquelettiques (TMS), avance Arnaud Lemore. Un certain nombre de postes impliquaient de se soumettre à des postures contraignantes ou de soulever des poids importants au quotidien. C'est là que nous avons décidé de nous s’équiper d’aides à la manutention sur les postes les plus difficiles. »
DES CHANGEMENTS DANS LE LABORATOIRE
©Gaël Kerbaol/INRS/2023
En parallèle des investissements réalisés sur les lignes de production, l’entreprise, sur les conseils de l’ASMIS, a également mené des travaux de réaménagement de son laboratoire afin de protéger les travailleurs du risque chimique. Désormais, les trois salariés du laboratoire disposent d’un grand bureau indépendant fermé leur permettant d’être isolés d’éventuelles expositions chimiques lors des différentes manipulations réalisées : « Nous contrôlons l’intégralité de la production, ce qui implique une activité soutenue, explique Laurence Hénault, responsable du laboratoire. Certains produits contiennent des substances dangereuses pour la santé et, même si nous manipulons sous hotte aspirante, le fait d’avoir nos bureaux en dehors des espaces de travail sur paillasse a vraiment amélioré notre quotidien. »
C’est notamment au poste de conditionnement du liquide permettant de réduire les émissions d’oxyde d’azote des véhicules diesel que la charge est la plus conséquente avec, pour les deux opérateurs en poste, près de 30 tonnes à manutentionner sur une journée de 8 heures. Résultat, les professionnels de l’ASMIS orientent rapidement l’entreprise vers une solution de type manipulateur à bras mécanique.
À la suite du diagnostic ergonomique et de la formulation des conseils de l’ASMIS, Acia s'est tournée vers la Carsat Hauts-de-France afin de bénéficier de son expertise. « Le lien s’est fait très simplement car nous connaissions déjà l’entreprise et nous échangeons très fréquemment avec nos collègues de l’ASMIS, indique Cyril Delaage, ingénieur-conseil à la Carsat. Les risques liés à l’activité physique faisant partie de nos priorités d’actions et par conséquent de notre offre services. Le contrôleur de sécurité du secteur a pu intégré Acia à nos politiques globales et collectives de prévention. Et l'entreprise a bénéficié d'un accompagnement individuel qui a abouti au versement d'une aide financière dans le cadre des subventions TMS Pros afin de participer à l'acquisition d'aides à la manutention. » Ainsi, grâce à cette collaboration efficace, l’entreprise a pu se doter de deux manipulateurs : l’un pensé pour le poste de conditionnement de l’AdBlue, et le second, plus conventionnel, pour la mise sur palette de colis.
Aides financières et conseils techniques
« Nous avions besoin d’une aide au levage qui convienne à tous les types de conditionnements utilisés par nos clients, évoque Arnaud Lemore. Le fournisseur a su adapter un astucieux système de fixation réglable qui rende la chose possible. » Les équipements font l’unanimité des équipes sur les deux postes comme en témoigne Michel Senidre, un manutentionnaire : « J’avais déjà utilisé un manipulateur auparavant, cela demande une journée d’apprentissage mais clairement, au final, c’est moins de fatigue et de douleurs au dos. C’est pour moi une solution testée et approuvée. »
Le fournisseur du préhenseur a installé un système de fixation réglable pour s'adapter aux différentes formes et tailles de contenants soulevés.
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© Gaël Kerbaol/INRS/2024
Un constat partagé par Quentin Cauchy, également manutentionnaire : « Avec le préhenseur, je ne fais plus de gestes répétitifs avec ports de charges, ce qui m’avait causé une blessure au niveau du dos. Cela change tout et me permet de travailler beaucoup plus confortablement. » Pour Arnaud Lemore, si la satisfaction prédomine concernant ces solutions techniques, c’est avant tout « grâce à l’accompagnement de l’ASMIS et de la Carsat, affirme-t-il. Tout au long de la réflexion, nous nous sommes sentis soutenus et conseillés. Pour une structure comme la nôtre, c’est vraiment précieux car nous n’y serions sûrement pas parvenus seuls ».
Un accompagnement qui ne s’est d’ailleurs pas limité à la question des TMS puisque l’entreprise a également pu bénéficier d’une aide régionale de la Carsat Hauts-de-France « Nommée culture de prévention, cette aide vise à faire monter en compétence le dirigeant et le référent santé sécurité, tout en aidant à la mise en place du plan d’actions issu de l’évaluation des risques », précise Cyril Delaage.
UNIR LES FORCES POUR MIEUX ACCOMPAGNER LES ENTREPRISES ET LEURS SALARIÉS
La Carsat Hauts-de-France et Présanse Hauts-de-France, association régionale représentative de treize services de prévention et de santé au travail interentreprises (SPSTI), dont l’ASMIS, ont signé en janvier 2023 une charte régionale de coopération et de partenariat. Cette charte régionale s’accompagne également d’un certain nombre de chartes locales visant à mieux informer, orienter et accompagner les entreprises et leurs salariés sur les offres et services proposées par les SPSTI, les services de la Carsat Hauts-de-France en matière de prévention en entreprise, notamment les dispositifs relatifs aux aides financières et les actions communes dans les domaines où leurs initiatives convergent.
