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Risque chimique

Silice cristalline : réduire les expositions sur les chantiers de travaux publics

Pour aider les entreprises à réduire l’exposition aux poussières de silice cristalline alvéolaire, une série de fiches pratiques est à disposition sur le site de la Fédération nationale des travaux publics (FNTP). Présentation avec Bruno Courtois, expert d’assistance conseil à l’INRS.

3 minutes de lecture
Grégory Brasseur - 27/06/2025
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Philippe Castano pour l’INRS/2024

Travail & Sécurité. Quels sont les risques liés à la silice cristalline et pourquoi les professionnels du BTP y sont-ils particulièrement exposés ?

Bruno Courtois. Sous sa forme cristalline, la silice, dont les principales variétés sont le quartz, la cristobalite et la tridymite…, peut être à l’origine d’effets sur la santé particulièrement graves comme la silicose, une atteinte pulmonaire irréversible. La silice cristalline est classée comme cancérogène pour l’homme (groupe 1) par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) et, depuis le 1er janvier 2021, les travaux exposant à la poussière de silice cristalline alvéolaire issue de procédés de travail sont désormais inscrits dans le Code du travail sur la liste des procédés cancérogènes. Les travaux publics sont particulièrement concernés par ce sujet, de même que la fabrication de prothèses dentaires, la taille de pierre, la verrerie, la fonderie, ou encore l’industrie de la céramique et de la porcelaine. De nombreuses acti­vités de chantier sont en effet suscep­tibles de générer des poussières de silice dont la forme cristalline est présente dans des roches telles que le granit, le grès ou les sables. On retrouve la silice cristalline dans les matériaux aussi bien dans leur état naturel (produits d’extraction, roches concassées…) que dans les produits élaborés utilisés sur chantiers (béton, mortiers, produits béton préfabriqués…). Par ailleurs, les poussières de silice cristalline alvéolaires, les plus dangereuses, sont invisibles à l’œil nu, si bien qu’une atmosphère apparemment peu ou pas polluée peut en réalité l’être.

Comment la profession s’est-elle mobilisée pour aider les entreprises à réduire les expositions aux poussières de silice cristalline alvéolaire ?

B. C. En collaboration avec le ministère chargé du Travail, l’Assurance maladie-risques professionnels, l’INRS et l’OPPBTP, la Fédération nationale des travaux publics (FNTP) a travaillé à l’élaboration d’outils opérationnels. Il s’agit d’un guide d’application de la réglementation destiné aux exploitants (conducteurs de travaux, chefs de chantier, chefs d’équipe…) afin de rappeler le cadre réglementaire et les obligations de chacun, complété par une série de fiches pratiques que les entreprises doivent prendre en compte pour la mise en œuvre des moyens de prévention. Ces outils sont édités et diffusés par la FNTP. L’action a été menée dans le cadre de la convention nationale de partenariat pour l’amélioration de la santé au travail dans les travaux publics, signée en 2023.

Quelles activités sont concernées et comment sont constituées ces fiches ?

B. C. Une première série de quatre fiches est proposée pour les activités de grand rabotage, petit rabotage, terrassement voiries et réseaux divers (VRD) et terrassement pleine masse. Chaque fiche détaille les mesures organisationnelles à adopter, les moyens de protection et des points de vigilance. La prévention des risques liés à l’expo­sition aux poussières de silice cristalline repose sur les règles de prévention spécifiques aux acti­vités impliquant des agents chimiques classés comme cancérogènes, mutagènes et toxiques pour la reproduction (CMR), notamment la réduction des expositions au niveau le plus bas techniquement possible. Pour le grand rabotage, les points de vigilance mentionnés concernent par exemple le bon entretien et le maintien en état des équipements de protection collective et individuelle, ou encore les contrôles et maintenance des systèmes d’aspiration et des cabines afin qu’ils restent efficaces dans le temps. Pour les travaux de terrassement, il est par exemple précisé que les appareils de protection respiratoire ne sont pas nécessaires en cas de conduite porte et fenêtre fermées (soit avec la présence de climatisation au poste soit dans une cabine pressurisée climatisée) et, pour le terrassement VRD, la nécessité de maintenir les sols à l’humide par arrosage régulier ou aspersion. Les fiches terrassement préconisent également, en cas de terrassement de sols pollués, de réaliser une analyse des risques spécifique afin de déterminer d’éventuelles mesures de prévention complémentaires à mettre en œuvre. Enfin, pour la poursuite du projet et l’élaboration de nouvelles fiches, la profession envisage de travailler sur les chantiers de concassage d’enrobé, de concassage de béton, de décroûtage, de découpe de bordures de trottoir béton, de sciage d’enrobé ou encore de dégarnissage.

REPÈRES

Environ 270 000 salariés seraient exposés à la silice cristalline, dans de nombreux secteurs professionnels, notamment les industries de manufacture et de construction. 

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