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Logistique et matériaux

Quand un chantier bat au cœur d’un hôpital

Des patients, des soignants, des ambulances, des livraisons pharmaceutiques, des camions poubelles… Alors que l’hôpital Saint Joseph de Marseille est toujours en activité, il s’y déroule un vaste chantier de rénovation et d’extension, commencé en 2022. Avec, heureusement, un lot logistique.

6 minutes de lecture
Delphine Vaudoux - 28/10/2025
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C'est le logisticien qui se charge de répartir les matériaux au plus près des besoins avec les engins adaptés.

À Marseille, l’hôpital Saint Joseph est une véritable institution au sein de l’offre hospitalière privée de la cité phocéenne. Pour abriter ses presque 600 lits, un plateau technique de 20 000 m2 comprenant, entre autres, plus de 20 blocs opératoires, et une équipe constituée d’à peu près 3 000 personnes, la structure bénéficie d’un ensemble de bâtiments dont certains sont en cours d’extension ou de restructuration. Après environ quatre ans de travaux, l’extension sud (création de salles de bloc opératoire supplémentaires, d’activités de haute technologie et de nouveaux espaces dédiés aux consultations et aux examens) touche à sa fin en cette rentrée 2025. L’occasion de faire un premier bilan de ce chantier qui a bénéficié d’un lot logistique.

« Nous sommes au cœur de la ville, souligne Stéphan Lhen, contrôleur de sécurité à la Carsat Sud-Est, avec un hôpital – et ses urgences notamment – toujours en activité, une caserne de pompiers à proximité immédiate, des flux de soignants, de patients et de visiteurs… sans oublier la coactivité due aux très nombreux corps d’état présents simultanément. » Quelques minutes suffisent pour se rendre compte de la situation. Ici une ambulance qui repart après avoir déposé un patient, là un camion de livraison de médicaments gêne l’arrivée d’un camion poubelle, tandis que des soignants font leur pause…

Des flux de piétons et de véhicules

La solution pour gérer les livraisons et les déchets ? Un lot logistique. « Sur ce chantier, nous avons accueilli environ 50 entreprises (sous-traitants compris), explique Romain Martel, ingénieur travaux à l’hôpital Saint Joseph, maître d’ouvrage. Pendant le gros œuvre, nous n’avions pas vraiment de coactivité. C’est plutôt après, avec l’arrivée des corps d’état secondaires, que le sujet est arrivé. » Sur les conseils du maître d’œuvre, Aia Ingénierie, il a inclu un lot logistique dans l’appel d’offres pour le chantier de l’extension sud. « C’est encore assez peu répandu, mais c’est très appréciable », souligne Stéphan Lhen.

1 % du budget global, c’est ce que représente le lot logistique.

L’entreprise Sica logistique, qui a remporté l’appel d’offres, a mis à disposition trois personnes sur ce chantier d’envergure aux multiples contraintes et aux nombreux intervenants. Ici, se croisent en permanence des peintres, des électriciens, des intervenants en courant fort, en courant faible, des plaquistes, des menuisiers pour des travaux intérieurs, extérieurs... Heureusement, les flux piétons et de véhicules ont été bien délimités, à l’aide d’une moquette bleue.

Pour rouler facilement dans les couloirs, des plaques de métal ont été posées partout où il y avait des joints de dilatation.

Pour les livraisons, le logisticien utilise un logiciel qui permet aux entreprises de s’inscrire 48 heures avant la date prévue de livraison. Une zone tampon, située à 500 m de l’extension sud, a été créée à proximité de la base vie. Un homme trafic y est positionné pour guider les camions de livraison qui peuvent être assez imposants et compliqués à manœuvrer dans cet espace contraint. « Avec une seule zone de déchargement, sans un logiciel comme celui qui a été mis en place par le logisticien, ça peut vite tourner à la foire d’empoigne », remarque Stéphan Lhen. « Nous avons bien expliqué le rôle de chacun et le fonctionnement aux différentes entreprises. Pour que cela soit optimisé, il faut absolument qu’elles soient matures sur le sujet, capables d’anticiper et de s’organiser en fonction des contraintes », complète Romain Martel.

Sécurité et productivité

Seules les personnes ayant un badge peuvent accéder à la zone tampon, et les matériaux ne sont acheminés au plus près du chantier qu’en fonction des besoins réels, afin de limiter l’encombrement des accès sur ce site à la fois dense et où existent déjà de multiples flux. « Dès l’arrivée des camions, nous vérifions que l’horaire de RDV est bien respecté ainsi que l’état de la marchandise. Nous réalisons également un contrôle contradictoire de la marchandise avec l’entreprise l’ayant commandée », explique Thierry Pupier, directeur projet Sica logistique.

Ensuite, les matériaux sont pris en charge par le logisticien afin de les répartir au plus près du site de production. « C’est simple : à partir du moment où le matériel est livré sur le site, nous le prenons en charge avec des moyens adaptés, pour gagner en sécurité et en productivité. Nous avons ainsi des chariots télescopiques, des transpalettes électriques ou manuels, avec des fourches longues, des fourches courtes, pour faire face à tout type de colisage… ça, c’est pour tout ce qui est déplacement horizontal », poursuit le directeur projet Sica.

Pour tous les déplacements verticaux, une grue avait été installée en début de chantier, permettant d’acheminer les premiers matériaux comme les placos ou les ossatures. Puis un ascenseur a été mis à disposition de façon anticipée par le maître d’ouvrage. « Nous avons pris le soin de bien le protéger, en mettant en place notamment une sorte de pont-levis pour protéger les rails. De plus, pour rouler facilement dans les couloirs, nous avons posé des plaques de métal partout où il y avait des joints de dilatation. On en pose également, si nécessaire, lorsque les pentes sont trop importantes », remarque Thierry Pupier. Au pied du bâtiment qui accueillera bientôt de nouveaux blocs opératoires, des poubelles de matériaux s’accumulent, et le camion benne arrive. « Presque tous les jours, un sous-traitant de l’entreprise Bec vient chercher les déchets : ils remplissent deux bennes de 8 m3 chacune. Nous nous chargeons d’apporter les poubelles au plus près du camion », explique Djamel Djafer, logisticien chez Sica.

« On voit bien l’intérêt de faire appel à un logisticien de chantier, souligne Stéphan Lhen. Il organise l’approvisionnement du chantier en limitant les ports de charge inutiles et allie ainsi sécurité et productivité. » « Cela nécessite de réfléchir aux modes opératoires, de tout anticiper et de bien respecter le cadre donné », précise Romain Martel. 

IDENTITÉ

Objet : chantier d’extension et de rénovation, notamment extension sud, de l’hôpital Saint Joseph

Lieu : Marseille (Bouches-du-Rhône)

Effectif : 90 personnes (au pic de l’activité)

Durée du chantier : 4 ans

Budget : 35 millions d’euros HT

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