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Prévenir le risque légionellose dans les installations sanitaires provisoires de chantier

Sur les chantiers, de nombreuses installations d'hygiènes provisoires sont mises en place. Si elles améliorent les conditions de travail, certaines peuvent être contaminées par des légionelles et présenter des risques pour les travailleurs. Les explications de Myriam Bouslama, experte d'assistance-conseil à l'INRS.

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Travail & Sécurité. Pouvez-vous nous expliquer ce que sont les légionelles et les risques qu'elles présentent pour la santé ?

Myriam Bouslama. Les légionelles sont des bactéries qui vont être présentes dans les sources d'eau douce naturelles. Elles vont également pouvoir coloniser les environnements hydriques artificiels, notamment les réseaux d'eau sanitaire. Cette bactérie va se développer particulièrement lorsque l'eau stagnante ou circule mal au sein d'une installation, lorsque la température de l'eau est comprise entre 25 et 43 degrés et en présence de dépôts de tartre et de corrosion qui leur fournissent des éléments nutritifs. Elles vont également pouvoir se multiplier au sein d'un biofilm. C'est cette matière visqueuse qui est fixée sur une surface et qui va finalement protéger les bactéries contre les agressions extérieures et notamment les traitements désinfectants qu'on peut mettre en place. La bactérie se transmet à l'homme lorsqu'il inhale des microbes gouttelettes d'eau contaminée, notamment à l'occasion de la prise de douche, comme dans les cas observés dans les installations provisoires de chantier. Cette bactérie va pouvoir causer deux formes de maladies infectieuses : la fièvre de Pontiac, qui est une maladie bénigne qui se manifeste par un état pseudo-grippal et qui passe souvent inaperçue, et la légionellose, pneumopathie sévère pouvant être associée à des symptômes extra-pulmonaires, des troubles neurologiques et digestifs. Le taux de mortalité peut atteindre plus de 10 % en l'absence de mise en place de traitement antibiotique spécifique.

Lorsque les installations provisoires se multiplient, comme c'est le cas par exemple avec les Jeux Olympiques, à quoi faut-il être vigilant ?

M. B. Le premier facteur à prendre en considération, c'est cette eau résiduelle, stagnante entre deux usages, qui va favoriser le développement des légionelles. Le deuxième, c'est la maîtrise de la qualité d'eau. D'autant plus lorsque ces installations ne sont pas branchées aux réseaux d'eau potable mais alimentées par des citernes d'eau. Enfin, on a un autre facteur à prendre en considération, c'est celui de la maîtrise de la température de l'eau et notamment de l'eau froide. En effet, lorsque les canalisations d'eau froide sont à l'extérieur, l'eau va pouvoir se réchauffer surtout en période estivale, ce qui là encore peut favoriser le développement des légionelles. Il est donc important de mettre en place des procédures d'entretien, de nettoyage et de désinfection du réseau entre chaque location et notamment de s'assurer que l'eau présente les qualités microbiologiques requises à chaque mise en service.

Quelles bonnes pratiques de prévention peuvent-être mises en œuvre ? 

M. B. De manière générale, les mesures préventives consistent à éviter la stagnation de l'eau. Maîtriser la température de l'eau et limiter la corrosion et l'entartrage. Ces mesures peuvent s'appliquer dès la conception, par exemple en utilisant des matériaux qui ne favorisent pas le biofilm, on sait que certains matériaux, comme le cuivre, entraînent une plus faible croissance bactérienne. On va pouvoir également simplifier, lorsque cela est possible au maximum le réseau, en évitant les coudes de manière à ce que l'eau circule sans stagner. On va pouvoir privilégier la production d'eau chaude instantanée ou bien équiper les installations de thermomètres de manière à surveiller la température. Et puis on peut, par exemple, placer les mitigeur au plus près des points d'usage afin de limiter la température favorable à la croissance de légionelles. Entre deux locations, lorsque les installations vont revenir sur le parc d'entreposage, il est très important de vidanger au préalable les installations et mettre en place des procédures d'entretien, de nettoyage et de désinfection. Et puis, au moment de la mise en service, il est recommandé d'enterrer la canalisation d'alimentation en eau afin de maintenir la température d'eau froide en dessous de 25 degrés. Et puis, au-delà du risque lié aux légionelles, il est important de rappeler que l'eau distribuée doit respecter les critères de potabilité microbiologique, aussi bien pour des usages alimentaires, que pour des usages sanitaires tels que l'hygiène corporelle. Enfin, au moment de l'utilisation de ces installations, il est préconisé de surveiller les températures à la fois de l'eau froide et de l'eau chaude. De purger régulièrement les points d'eau et de surveiller le niveau de légionelles afin de pouvoir restreindre l'usage des douches et mettre en place des mesures correctives et de désinfection en cas de contamination importante.

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