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Les pratiques addictives

« La priorité doit être donnée à l’accompagnement »

Loueur de matériels pour le BTP, Brand France a réorienté sa politique de prévention des pratiques addictives. Entretien avec Cédric Bardin, directeur hygiène, sécurité, environnement du groupe.

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Grégory Brasseur - 24/10/2022
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Illustration pratiques addictives

Travail & Sécurité. Comment a évolué votre politique de prévention des pratiques addictives ?

Cédric Bardin. Longtemps, notre approche du sujet s’est limitée à des opérations de contrôle, assorties de quelques messages de prévention. Si le contrôle peut se justifier, la priorité doit être donnée à l’accompagnement des collaborateurs, afin qu’ils ne tombent pas dans l’addiction ou qu’ils puissent s’en sortir. II serait illusoire de penser que nous serions moins touchés par les pratiques addictives qu’une autre entreprise. En mai 2021, nous avons initié un partenariat avec Addictions France. Un groupe de travail réunissant des directeurs d’agence, des conducteurs de travaux, des chefs de dépôt, des représentants du personnel et des compagnons a été constitué et nos médecins du travail ont été associés. La réalisation d’un diagnostic a permis d’identifier ce qui pouvait être mis en place en termes de prévention.

Quelles actions concrètes avez-vous menées ?

C. B. Nous souhaitons déployer un programme opérationnel qui parle aux collaborateurs, sans jugement. Pour cela, il faut d’abord former. Nous avons désigné en interne des personnes volontaires pour devenir référentes sur les pratiques addictives. Elles sont en mesure d’orienter les collaborateurs qui en ont besoin, que ce soit vers les ressources humaines, le médecin du travail ou les centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie. Nous avons ensuite déployé des formations de trois heures sur site, animées par un intervenant d’Addictions France et un préventeur interne. Avec l’objectif, d’avoir réussi à former l’ensemble du personnel pour fin avril 2022. Lors de ces formations, nous invitons les personnes à s’interroger sur l’origine d’une addiction en discutant de facteurs professionnels comme le stress, la charge de travail, mais aussi les événements parfois festifs. Certains se souviennent de rituels tels que l’apéro du soir, après le chantier, qui pouvaient culturellement être associés à nos métiers. Ce que nous avons constaté, c’est qu’en ouvrant le dialogue, plusieurs salariés ont d’eux-mêmes sollicité un accompagnement. Il est essentiel que la prise en charge se fasse sur la base du volontariat.

Récemment, vous avez signé la charte Esper, portée par la Mildeca. Qu’est-ce que cela implique ?

C. B. C’est une charte définie autour d’engagements sur un projet global de prévention des conduites addictives, l’instauration d’un dialogue pour créer un climat de confiance fondé notamment sur la bienveillance, la mise en œuvre d’une démarche de prévention non stigmatisante et l’accompagnement des travailleurs vulnérables pour prévenir la désinsertion professionnelle. S’ajoute l’aspect réseau qui me semble important. Cela facilite les échanges sur les bonnes pratiques ou les difficultés rencontrées. Peu d’acteurs du BTP l’ont signée à ce jour, ce que je regrette, car j’ai la conviction que l’on gagne à avancer collectivement. Avec Addictions France, nous avons convenu de planifier un point engageant chaque semestre. Le risque, c’est toujours que l’action s’essouffle.

ESPER : UN ENGAGEMENT SUR LA DURÉE

En 2021, la Mildeca a lancé le dispositif Esper avec des entreprises et services publics s’engageant sur la prévention des conduites addictives. « Nous avons publié une charte et mettons à disposition sur internet une boîte à outils, explique Patricia Coursault, chargée de mission à la Mildeca spécialisée dans la prévention des addictions en milieu professionnel. Il faut rendre visibles les employeurs qui s’engagent, créer un effet d’entraînement. Nous observons une méconnaissance générale du sujet. Au sein des établissements, il faut embarquer tout le monde, en prenant en compte le lien entre l’environnement de travail et les conduites addictives. » Les signataires ont accès à des ressources qui correspondent à leur contexte professionnel.

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