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Les engins de chantier

De la prévention de la panne à la prévention des risques

En Haute-Marne, Boureau SA met son parc d’engins au service de chantiers de voiries. Pour améliorer les conditions de travail de ses mécaniciens, l’entreprise mise sur une organisation faisant la part belle à la maintenance préventive et, pour intervenir en sécurité sous les engins, sur une fosse à volet motorisé.

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Damien Larroque - 30/01/2023
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Un salarié de l'entreprise réalise des opérations de maintenance sur un engin.

Boureau SA a été fondée en 1965 par le grand-père de l’actuel président, Jean-Charles Gillet. Avec un effectif de 45 salariés, l’entreprise de travaux publics mène à bien entre 150 et 200 chantiers par an. Réalisés sur les départements de la Côte-d’Or, de l’Aube et de la Haute-Marne, où est basé l’établissement, ceux-ci sont de natures multiples : déconstruction, terrassement, création et entretien de voiries, installation de réseaux d’assainissement, d’eau potable, d’électricité, de télécommunication…

« Nous intervenons aussi bien dans des lotissements que sur des routes, mais aussi sur des chemins forestiers, des terrains viticoles et même en rivière, précise Xavier Maire, le responsable qualité, sécurité, environnement (QSE). Nous exploitons également quatre carrières en propre et deux autres en partenariat. » Des activités qui nécessitent l’emploi d’engins sur roues ou chenilles, comme des tombereaux, des chargeuses, des pelleteuses, des compacteurs, des élévateurs… Sans compter les poids lourds et les utilitaires, le parc de véhicules de Boureau SA compte actuellement plus d’une cinquantaine d’unités.

Si l’un des engins tombe en panne sur un chantier, les travaux sont arrêtés. Ces avaries peuvent avoir des conséquences à la fois économiques et sur les conditions de travail des mécaniciens. Ces derniers doivent en effet alors se déplacer en urgence pour effectuer le dépannage sur le terrain où ils sont soumis aux aléas climatiques et n’ont pas accès à tous les dispositifs qui, dans un atelier, facilitent le travail. Pour limiter ces réparations en extérieur, l'entreprise a décidé de développer une logique de maintenance préventive.

Une fosse toute neuve

« Nous encourageons les chefs de chantiers à faire remonter les signaux d’alertes sur le fonctionnement des engins pour traiter les problèmes avant qu’ils ne dégénèrent et programmer les commandes de pièces de rechange, affirme Xavier Maire. Les mécaniciens mènent ainsi leurs missions dans des conditions moins stressantes et plus sûres, et l’entreprise améliore sa productivité. » « Lorsqu’un engin entre dans mon atelier, que ce soit pour un simple changement de rétroviseur ou une intervention plus compliquée sur le moteur, je fais toujours un contrôle visuel complet pour repérer les traces d’usure, synonymes de dysfonctionnements futurs », ajoute Cédric Lebourg, responsable parc matériel et mécanicien dans le nouvel atelier de Boureau SA.

Un salarié de l'entreprise dans la nouvelle fosse sécurisée.

ENGINS SOUS SURVEILLANCE RAPPROCHÉE

Outre les alertes remontant du terrain, Boureau SA consolide sa politique de maintenance préventive grâce à des vérifications générales semestrielles de ses engins de levage et annuelles pour les autres. En prime, les contrats d’achat de matériel impliquent un suivi de cinq ans en moyenne par les équipes des fabricants. « Les crochets et élingues sont pour leur part vérifiés par une entreprise spécialisée, souligne Xavier Maire, le responsable qualité, sécurité, environnement (QSE). J’organise aussi des campagnes de mesure des vibrations aux postes de conduite pour m’assurer que les valeurs limites d’exposition soient respectées. » Boureau SA inclut également dans ses cahiers des charges pour l’acquisition d’engins des équipements permettant d’améliorer la prévention des risques professionnels. Suivant les modèles, il peut s’agir de garde-corps pour monter en sécurité, de dispositifs de graissage automatique, d’ouverture de capot depuis le sol, de climatisation…

Sorti de terre à Châtillon-sur-Seine, à une petite heure de route du site de Chaumont qui abrite le siège et l’atelier historique de l’entreprise, le bâtiment qui abrite cet atelier, livré fin 2021, a bénéficié de la prise en compte des risques professionnels dès sa phase de conception. Ainsi, les portes situées de part et d’autre de l’atelier permettent de définir un sens de circulation et de ne jamais avoir à effectuer de marche arrière avec les engins afin de réduire les risques de collision avec un piéton.

« L’installation phare du projet est une fosse qui permet d’intervenir sous les engins sans avoir à se faufiler et à ramper. Elle tient compte du risque de chute avec son volet motorisé qui la recouvre lorsqu’elle n’est pas utilisée, indique Régis Fenard, contrôleur de sécurité à la Carsat Nord-Est. Nous l’avons financée à hauteur de 50% dans le cadre d’un contrat de prévention. » Différents équipements ont été adjoints à la fosse afin de fournir aux salariés les meilleures conditions de travail possibles. Ainsi, pour y accéder, un garde-corps rétractable permet d’emprunter l’escalier en sécurité.

« La fosse a été financée à hauteur de 50 % dans le cadre d’un contrat de prévention. »

Autre atout : le bac à huile mobile sur toute la longueur de la fosse qui supprime l’utilisation de seaux et donc les ports de charges. Fini également le risque de glissade dû aux éclaboussures et au renversement des seaux pleins d’huile de vidange pendant leur transport. Pour vider le bac, il suffit d’y raccorder un flexible relié à une cuve. C’est une entreprise extérieure qui est ensuite chargée de récupérer le contenu de la cuve. Afin d’empêcher l’accumulation des fumées d’échappement dans la fosse, des bouches d’aspiration sont réparties régulièrement sur les huit mètres de long de cette dernière pour les capturer et les rejeter à l’extérieur. Quant à l’alimentation des engins en huiles, elle est assurée par un système de distribution pneumatique. Certaines références sont disponibles à la pompe, comme dans une station-service, tandis que d’autres, conditionnées en barils, sont reliées au réseau à l’aide de chariots adaptés.

« La fosse change vraiment la donne. Depuis plus de six mois que je l’utilise, j’ai pu mesurer ses nombreux avantages, se félicite Cédric Lebourg. J’ai aussi identifié des points d’amélioration que je partage avec mes collègues dans le cadre du projet de restructuration de l’atelier historique de Chaumont. » Ainsi, la direction affiche sa volonté de s’inscrire dans une démarche continue d’amélioration des conditions de travail.

IL FAUT APPRENDRE DE SES ERREURS

« La perfection n’étant pas de ce monde, tout projet, aussi bien pensé soit-il, comporte des oublis, des imprécisions..., estime Régis Fenard, contrôleur de sécurité à la Carsat Nord-Est. Il est important d’apprendre de ses erreurs. » Une conviction partagée par Boureau SA qui compte bien capitaliser sur les retours sur son nouvel atelier pour améliorer encore sa copie dans le cadre de la restructuration de celui de Chaumont. « Il faut trouver une solution pour intégrer une desserte à outils dans la fosse afin de ne pas avoir à faire des allers-retours, mentionne Cédric Lebourg, responsable parc matériel. Je milite également pour l’installation d’un pont pour soulever les véhicules légers car, plus près du sol que les engins, ils obligent à prendre des positions contraignantes, même en utilisant la fosse. » Autre piste d’amélioration identifiée: des miroirs pour aider à garer précis

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