Le matériel médical est déposé dans un stérilisateur à vapeur à deux portes qui servent le passage entre les zones chaudes et froides (ou zone stérile et non-stérile).
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© Claude Almodovar pour l'INRS/2022
Résultat de fusions successives, le groupe Elsan voit le jour en 2017 et devient le premier opérateur de santé privé en France. Si ses 137 hôpitaux et cliniques répartis sur tout le territoire hexagonal font alors la richesse de son offre de soins, ils pèchent en matière de prévention des risques professionnels. « Il y avait une disparité dans l’avancement des uns et des autres mais, de manière générale, la culture de prévention faisait défaut, comme le coût conséquent des accidents de travail (AT) le démontrait, relate Baptiste Marchand, responsable santé et sécurité au travail du groupe. Pour remédier à ce manque, une politique globale d’amélioration des conditions de travail, portée par une direction dédiée et structurée par un réseau sur le terrain, a été mise en œuvre à partir de 2020. »
Chaque hôpital se dote alors d’un groupe de travail constitué de son directeur et d’un référent santé-sécurité au travail, tous deux formés à la prévention, associé aux ressources humaines. Pour poser les premiers jalons, deux outils informatiques sont mis à leur disposition. L’un autorise le suivi et l’analyse de la sinistralité. Ll’autre permet à chaque établissement de créer son document unique digital en employant un langage commun à toutes les entités du groupe tout en tenant compte de leurs particularités.
Les troubles musculosquelettiques (TMS) apparaissent comme une priorité largement partagée puisque 30 % des AT, qui représentent 50 % des jours d’arrêt, leur sont imputables. Forte de ce constat, la direction impulse des actions à l’échelle du groupe. « Nous avons également identifié que les salariés de moins de trois ans d’ancienneté subissent 50 % des AT alors même que cette population ne représente que 30 % de nos effectifs, souligne Baptiste Marchand. Pour redresser la barre, nous avons conçu un livret d’accueil qui présente les risques et compile les bonnes pratiques pour s’en prémunir. »
RELANCER LES FORMATIONS
La politique de formation du groupe Elsan a été amplifiée en région Paca par les contrats de prévention signés avec la Carsat Sud-Est. Au menu, APSMS (animateur prévention sanitaire et médicosocial) et Prap 2S (risques liés à l’activité physique du secteur sanitaire et médicosocial), mais aussi gestion de l’agressivité, communication bienveillante ou encore détection des risques psychosociaux dans les équipes. « Les retours sont bons. Même ceux qui traînaient des pieds au départ ont été convaincus par le concret de ces formations qui s’appuient sur des situations réelles, se félicite Romain James, DRH territoire Avignon Vaucluse Elsan. Trop de théorie est contreproductif, quel que soit le sujet. J’ai fait remonter le taux de participation aux stages risques incendies à 90% contre 60 auparavant, en les orientant terrain. Les participants se déplacent pour localiser la vanne de gaz ou repérer l’entrée des pompiers. Ils manipulent des extincteurs plutôt que de regarder un film sur le sujet, reconstituent des évacuations de patients… »
En outre, sans être imposées à cause de la charge de travail, les périodes de tutorat sont encouragées. Enfin, de courtes réunions hebdomadaires, sur le modèle des quarts d’heure de sécurité de l’industrie et du BTP, sont l’occasion de faire remonter les problèmes. « L’écoute des équipes est primordiale car une solution imposée ne sera pas adoptée, notamment si elle ne répond pas aux réalités du terrain et complique le travail au lieu de le faciliter », remarque Frédéric Jerald, contrôleur de sécurité à la Carsat Sud-Est. Justement, avec la volonté de coller le mieux possible aux besoins spécifiques de ses salariés, Elsan a initié en 2019 un partenariat test avec la Carsat Sud-Est concernant ses douze établissements situés en Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca). Le centre chirurgical Montagard, à Avignon, est de ceux-là.
Rationaliser le rangement
Spécialisé dans les interventions orthopédiques, ce centre emploie 50 salariés qui accueillent, accompagnent et soignent 2 500 patients par an. « En participant aux groupes de travail pour suivre au plus près les réflexions et y apporter notre contribution, notre objectif était de monter un contrat de prévention qui, en finançant les actions à hauteur en moyenne de 30 %, incite les établissements à aller plus loin que leur intention initiale », affirme Olivier Audoly, l'ingénieur-conseil de la Carsat SudEst qui suit l’établissement. « Nous avons, par exemple, pu acquérir de nouveaux racks de rangement en inox médical à 30 000 euros pour notre service de décontamination/stérilisation. Sans soutien financier, nous n’aurions pas pu nous le permettre », affirme Romain James, DRH territoire Avignon Vaucluse Elsan.
« L’écoute des équipes est primordiale car une solution imposée ne sera pas adoptée. »
« Cela aurait été dommage car ce mobilier s’adapte aux tailles des boîtes d’instruments chirurgicaux, ce qui permet de ne pas les empiler. Plus besoin de déplacer plusieurs d’entre elles pour récupérer celle que l’on souhaite, précise Mélissa Laville, agente de stérilisation. Quand on sait que les plus lourdes montent à 15 kg… » Le rangement a aussi été rationalisé en positionnant les caisses les plus lourdes à hauteur et les plus légères sur les étagères les plus hautes.
Le soutien financier de la Carsat a permis l’acquisition de nouveaux racks de rangement adaptés aux tailles des boîtes d’instruments chirurgicaux, dont certaines pèsent jusqu’à 15 kg, ce qui évite de les empiler.
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© Claude Almodovar pour l'INRS/2022
Le nouveau laveur, qui sert à décontaminer les instruments chirurgicaux avant leur stérilisation, a coûté 45 000 euros. Il peut contenir autant que les deux anciens modèles, toujours en service. Ses portes sont automatiques et des chariots adaptés permettent de le charger et le décharger en faisant glisser les racks qui supportent les panières d’instruments. « Sa mise en fonction a réduit le lavage à la main. Je suis moins penchée au-dessus des éviers en position contraignante pour le dos et le cou… et moins fatiguée en fin de journée », s’enthousiasme Laurianne Marguery, elle aussi agente de stérilisation.
Au total, un an et demi aura été nécessaire pour formaliser la convention entre la caisse régionale et l’entreprise. Celle-ci a été appuyée par des contrats de prévention qui ne comptent pas moins de 192 points d’amélioration répartis entre les douze établissements de Paca. « Ce sont de formidables outils. Étant donné qu’ils courent sur trois ans, il est nécessaire d’être vigilant sur l’adéquation avec les évolutions potentielles des pratiques métier sur le terrain, estime Olivier Audoly. Notamment avec le temps, les nouvelles technologies peuvent rebattre les cartes… » Un constat sur lequel s’appuyer pour réussir le déploiement de ce partenariat dans les autres territoires du groupe Elsan. n D. L.
PRÉVENTION DES TMS AU NIVEAU DU GROUPE
Les TMS font l’objet d’actions à l’échelle du groupe Elsan. Des draps de glisse et des pieds à perfusion hydraulique à hauteur variable ont été acquis. Des formations de formateurs en prévention des risques liés à l’activité physique du secteur sanitaire et médicosocial (Prap 2S) ont été dispensées. Les plus grands blocs opératoires (25 établissements) ont été équipés de systèmes d’évacuation des eaux de rinçage directement dans les eaux usées. Ainsi, au lieu de sacs de liquide gélifié de 18 kg, seuls des filtres sont envoyés dans la filière déchets d’activités de soins à risques infectieux. En gardant les sols secs, ces dispositifs réduisent les risques de chute. Le personnel de propreté n’est pas oublié. Des nettoyeurs vapeur limitent les mouvements répétitifs et les postures contraignantes comparés aux raclettes ou serpillères. Ils réduisent aussi l’utilisation de produits chimiques.
