C'est à l'initiative de la Carsat que l'entreprise s'est engagée dans un programme régional d'amélioration de la santé et la sécurité au travail.
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© Guillaume J. Plisson pour l'INRS/2023
La prévention des risques professionnels est une aventure collective. Dont l'initiative appartient à chacun, que ce soit les entreprises elles-mêmes ou des acteurs extérieurs, le plus souvent institutionnels. À l'image de la Carsat Rhône-Alpes quand elle lance, en 2019, un programme régional à destination du secteur du transport routier de marchandises pour y améliorer la santé et sécurité au travail, en particulier lors des opérations de chargement et déchargement. « C’était une manière de rendre visibles des bonnes pratiques et d’interpeller toute une profession autour de la prévention des risques professionnels, affirme Bérengère Meunier, contrôleuse de sécurité à la Carsat. Pour ce faire, il nous fallait mobiliser des dirigeants déterminés à améliorer les conditions de travail. »
Pour recruter des volontaires, l’antenne régionale de la Fédération nationale du transport routier est sollicitée. « Nous sommes rompus au travail en groupe avec nos adhérents grâce aux différents clubs de dirigeants que nous avons mis en place pour favoriser les échanges sur des sujets divers et variés, explique César Namysl, secrétaire général de la FNTR Loire. Le premier du genre a été créé en 2001 pour parler du risque routier. Au fil du temps, la thématique s’est élargie aux conditions de travail et à la préservation de la santé des salariés. »
C’est donc sans difficulté particulière que huit entreprises s’engagent dans le programme. Alainé Loire, l’entité stéphanoise du groupe de transport routier Alainé, est l’une d’entre elles. Basée à La Fouillouse, à côté de Saint-Étienne, elle emploie 95 salariés et possède une flotte de 80 véhicules. Douze citernes, cinq bennes, deux porteurs de 26 tonnes, deux camions remorques et 59 semi-remorques transportent des déchets dangereux pour des clients industriels de la pharmacie, de l’électronique ou encore de la plasturgie, mais aussi des denrées pour ceux du secteur de l’agroalimentaire. « Nous participons régulièrement aux initiatives de la FNTR Loire dont l’un des objectifs est de défendre les intérêts de notre profession. Cela a donc été naturel pour nous de répondre favorablement à cette sollicitation, estime Sébastien Bertrand, le directeur du site. Dans ce cadre, j’ai suivi une formation afin de définir une stratégie en prévention qui a fait l’objet d’une lettre d’engagement. »
Formations et plans d’actions
En plus des sessions destinées aux dirigeants, le volet formation du programme de la Carsat Rhône-Alpes se déploie sur deux autres niveaux. L’un, constitué d’une session initiale suivie de recyclages tous les trois ans, prépare des salariés à endosser le rôle d’animateur prévention du transport routier (APTR). Il s’agit de mettre en œuvre la stratégie de leur hiérarchie en animant des actions de terrain et en se faisant le relais des observations qui en émanent. Le troisième niveau d’apprentissage, la formation acteur prévention secours (APS), stimule ces remontées en enseignant aux chauffeurs à repérer les opérations dangereuses lors de leurs missions. « Ainsi, il devient possible pour l’entreprise d'aborder certaines situations à risque avec ses clients, chez qui se passent la majorité des opérations de chargement et déchargement », se félicite Bérengère Meunier qui précise qu’une partie des coûts des formations est prise en charge par la Caisse.
ALAINÉ LOIRE VEUT CONTINUER D’AVANCER EN PRÉVENTION
Alainé Loire recherche activement un terrain proche des entrepôts stéphanois de son groupe afin d’y construire ses nouveaux locaux. Si ce projet a pour objectif d’avoir moins de kilomètres à parcourir pour charger les véhicules et diminuer le risque routier pour les conducteurs ainsi que l’empreinte carbone de la société, la volonté de la direction est de profiter de la conception de ce site pour améliorer les conditions de travail. « Ce sera l’occasion de repartir sur de bonnes bases concernant les quais de chargement qui ne sont, dans nos locaux actuels, pas satisfaisants du point de vue de la sécurité, confirme Sébastien Bertrand, le directeur du site. L’atelier mécanique devrait bénéficier lui aussi d’améliorations comme des couvertures de fosse motorisées pour réduire les risques de chute, un système d’extraction des fumées de moteurs ou encore un dispositif de recyclage de l’eau, notamment. »
La seconde partie du programme consiste à réaliser un diagnostic des conditions de travail, à définir un plan d’actions pour les améliorer et à signer un contrat de prévention avec la Carsat pour subventionner certains équipements. « Quatre de nos bennes disposent aujourd’hui de bâches électriques et de portes hydrauliques, indique Sébastien Bertrand. Ainsi, il n'est plus nécessaire de grimper pour couvrir ou découvrir le chargement au risque de chuter, ni de fournir des efforts pour ouvrir les lourdes portes. »
Des équipements plus modernes
Du côté des tracteurs, différentes options changent la vie des conducteurs, comme la climatisation et le chauffage autonomes ou le frigo intégré, particulièrement utile lors des vagues de chaleur. « Plus besoin d’emporter sa propre glacière qui non seulement prenait de la place dans l’habitacle, mais en plus pouvait devenir dangereuse en cas de freinage d’urgence, s’enthousiasme Gérard Dupuy, conducteur routier. Par ailleurs, j’ai un dispositif de contrôle des pneumatiques qui m’alerte en cas de baisse de pression ainsi qu’un système de regonflage en cas de crevaison lente. »
L'amélioration des conditions de travail passe également par des aménagements du poste de travail, comme la présence d'un frigo intégré à l'habitacle du camion.
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© Guillaume J. Plisson pour l'INRS/2023
Parmi les nouveautés, citons également les caméras pour voir l’arrière de sa remorque lors des manœuvres, le système d’alerte de franchissement de ligne et de somnolence, le freinage d’urgence automatique… « Toutes ces options font aujourd’hui partie du cahier des charges de nos véhicules, souligne Sébastien Bertrand. Les bonnes pratiques s’ancrent dans la culture de l’entreprise. »
La réussite du programme a bénéficié d’un bouche-à-oreille favorable puisque deux autres salves d’entreprises se sont rapprochées de la Carsat pour y participer. « La FNTR nous a aidés. Non seulement grâce à son ciblage efficace d’entreprises, mais aussi en mettant à disposition des salles pour les formations. En outre, elle s’engage dans le maintien des compétences acquises », remarque Bérengère Meunier. « Nous relançons nos adhérents lorsque la date de recyclage approche, confirme César Namysl. Ils bénéficient d’ailleurs de la mutualisation des coûts des formations que nous rendons possible en obtenant des organismes qui les délivrent des facturations à la journée que nous répartissons entre les participants. »
LA FNTR LOIRE, UN FACILITATEUR POUR LA PRÉVENTION
La FNTR Loire agrège une centaine d’entreprises, essentiellement des PME, représentant entre 3 500 et 4 000 salariés. Les petites structures ne percevant bien souvent la Carsat que comme un organisme de contrôle, le rôle de facilitateur joué par le syndicat a été précieux pour les convaincre d’intégrer son programme régional. « Si la Carsat s’était directement adressée aux entreprises, elles auraient certainement été moins enclines à participer, subodore César Namysl, secrétaire général de la FNTR Loire. Nous créons aussi du lien entre nos adhérents et les services de santé au travail, comme l’illustre notre forum santé qui consiste à proposer des rencontres avec des médecins, des infirmiers, des cardiologues, des diététiciens, des kinés… qui font passer des messages de prévention et des bonnes pratiques au quotidien afin de préserver la santé des salariés. »
