
Ils ressortent comme neufs… Chez Decalp, TPE de cinq salariés basée à La Ravoire, en Savoie, on rénove tous types d’objets composés de tous types de matériaux, afin de leur donner une seconde vie : volets ou portes en bois peint ou vernis, vannes et radiateurs en fonte, lames en aluminium ou jantes de voitures, meubles anciens, poubelles de ville... Le panel est infini. Parmi ses clients, des artisans, des industriels mais aussi des particuliers.
« Ici, on fait du “sale”, explique Grégoire Schneider, actuel gérant. Quand j’ai racheté l’entreprise en 2017, c’était une poubelle, poursuit-il sans euphémisme. Et je ne connaissais rien au traitement de surface. Pour commencer, il a fallu investir 450 000 € pour moderniser l’outil de travail et se mettre aux normes. » L’amélioration des conditions de travail et la protection de la santé des salariés ont été prises en compte dans ces investissements, avec l’accompagnement technique et financier de la Carsat Rhône-Alpes. « Si on compare avant/après, c’est le jour et la nuit. Ça n’a plus rien à voir », commente Stéphane Alonso, contrôleur de sécurité au centre interrégional de mesures physiques, qui suit l’évolution de l’entreprise savoyarde.
Actuellement, cet atelier de décapage multimatériaux compte sept bains, de différentes dimensions, avec différentes solutions chimiques. Ainsi, des solutions alcalines sont utilisées pour décaper la peinture des surfaces en bois. Les mises aux bains se font manuellement. Ces bains sont reliés à un réseau de captage des vapeurs et recouverts de couvercles motorisés qui sont venus remplacer des couvercles auparavant manuels, « et qui le plus souvent, n’étaient pas à leur place », précise-t-il encore. Désormais, il suffit d’actionner une commande pour abaisser les couvercles et fermer les cuves, puis les relever en fin de cycle.
Deux sites, mais une même approche
Un réseau de ventilation/extraction avec des dosserets aspirants a été installé dans une cabine double d’aérogommage, où ont également lieu certaines étapes de rinçage. « Nous avions envisagé d’installer des cabines gigognes, mais ça aurait empiété sur la zone de circulation, empêché les chariots de passer. Nous nous serions retrouvés trop à l’étroit », relate Grégoire Schneider.
L'AVIS DE...
Daniel Clément, contrôleur de sécurité à la Carsat Rhône-Alpes
« Dans ce secteur d’activité, on trouve souvent de nouvelles entreprises qui se lancent sans mesurer l’investissement nécessaire pour rendre un travail de qualité au client. Elles ferment rapidement car l’erreur, la non-qualité, ne pardonne pas. Un traitement de surface est une garantie pour l’usage de la pièce. En prévention, c’est la bonne étude de marché qui va guider dans les choix des procédés de travail. Si cette étape est survolée, on va alors trouver de nombreuses opérations avec peu de protection des opérateurs. La société Decalp a réussi à faire des installations sécurisées adaptées aux besoins du territoire. »
© Fabrice Dimier pour l'INRS/2024
Sur ces installations, « nous avons accompagné l’entreprise dans les calculs pour optimiser et calibrer les débits d’aspiration en fonction des besoins, précise Stéphane Alonso. Cela a permis de trouver concilier consommation énergétique et efficacité de protection pour les salariés. » Si ces installations améliorent notablement l’atmosphère de travail et réduisent l’exposition des opérateurs, le gérant reconnaît « qu’il reste encore à faire » en matière d’améliorations des conditions de travail, notamment sur le bruit dans l’atelier et sur les ports de charges.
À moins d’un kilomètre de distance, une autre entité, Decalp Inox, a été créée plus récemment par le même gérant. Ici, l’histoire est différente. Il y a deux ans, le dirigeant a racheté le bâtiment de 700 m2 qui abritait auparavant une autre activité, avec l’objectif de développer une ligne dédiée au traitement des pièces en inox. Il est parti de cette coquille vide pour faire aménager l’espace en fonction des besoins de la nouvelle activité. Ainsi sont présents deux ponts roulants (dont un existait déjà), un réseau de ventilation, une cabine ventilée dans laquelle sont installés plusieurs bains, ainsi que des cuves reliées au réseau et équipées de couvercles motorisés.
À manipuler avec de grandes précautions
Comme son nom l’indique, Decalp Inox est dédié au traitement de tous types de pièces en inox. Employant cinq salariés, l’atelier a pour clients une centaine d’entreprises de secteurs aussi variés que l’agroalimentaire, la pharmacie, la chimie, ou encore le nucléaire. Sont traitées ici des pièces à l’unité, qui peuvent être très volumineuses, ou des petites séries, qui peuvent compter jusqu’à 3 000 pièces. Le process est toujours le même : dégraissage, décapage, passivation puis traitement. Les pièces neuves arrivent de chaudronneries à l’état brut. Après leur transit ici, elles sont livrées au client final.

Elles sont plongées dans des bains ou traitées par pulvérisation. Parmi les produits majoritairement utilisés : des produits dégraissants contenant de l’acide nitrique ou phosphorique ; de l’acide fluorhydrique pour le décapage ; et de l’acide nitrique pour la passivation. Des substances agressives, à manipuler avec les plus grandes précautions. « Certains produits demandent une attention particulière, car ils provoquent des brûlures indolores dans un premier temps, dont l’apparition des effets est retardée, explique Stéphane Deveaux, responsable de l’atelier. La pulvérisation des produits actifs est l’activité la plus à risque. Tous les EPI sont adaptés pour pouvoir travailler en sécurité avec ces produits. »
L’organisation de l’activité tient aussi compte de ces risques : cette phase de pulvérisation est réalisée en deuxième moitié d’après-midi. « C’est la phase la plus fastidieuse et la plus dangereuse du fait de la nature des produits utilisés. On la planifie en fin de journée pour que personne ne soit exposé aux vapeurs pendant que le produit agit, et ce durant plusieurs heures », conclut-il.
RECYCLAGE DES PRODUITS
© Fabrice Dimier pour l'INRS/2024
À l’entrée de Decalp Inox, une gigantesque cuve noire, plus haute que le bâtiment, trône telle un phare. C’est là que convergent toutes les eaux de rinçage contenant des résidus de produits chimiques. Un système de pompe achemine tous les déchets et résidus chimiques vers cette cuve centrale, d’où ils sont prélevés par un prestataire externe. Les effluents y sont stockés temporairement. Du floculant est utilisé pour traiter les solutions post pollution et séparer les résidus chimiques en suspension des déchets liquides.