Ce site est édité par l'INRS
Les métiers de la propreté

Professionnels du nettoyage : missions variées, risques multiples

La propreté est un sujet universel : tous les secteurs d’activité, tous les métiers sont concernés par la question. En conséquence, les professionnels du nettoyage sont amenés à travailler dans des environnements variés et à mettre en œuvre des techniques multiples qui les exposent à des risques professionnels de diverses natures. Quels sont-ils et quelles actions de prévention permettent de s’en prémunir ?

5 minutes de lecture
Damien Larroque - 28/04/2025
Lien copié
Vue d'une situation de travail dans le secteur du nettoyage.

Qu’il s’agisse de fournir des locaux propres aux travailleurs, d’accueillir des clients dans des espaces agréables, de protéger des patients de contaminations ou de garantir la sécurité sanitaire de produits alimentaires, la propreté est indispensable dans tous les secteurs d’activité. Selon les chiffres de 2024 publiés par la Fédération des entreprises de propreté, d’hygiène et services associés (Fep), les entreprises de ce secteur sont près de 15 000 dans l’Hexagone et emploient plus de 600 000 personnes. 93 % d'entre elles comptent moins de 50 salariés. Une enquête émanant de la même source établit qu’en 2022, le premier marché de la propreté était le tertiaire (34 %), devant les immeubles (25 %), l’industrie (9 %), la santé (8 %), les commerces et le scolaire (5 % chacun)…

Si certains établissements mettent en œuvre des techniques parfois pointues, pouvant impliquer des dangers particuliers, comme la cryogénie, les ultrasons ou les drones, de nombreux risques sont partagés par toutes les entreprises de nettoyage : TMS, risques biologiques, risques psychosociaux… Des plans de prévention doivent être établis entre les entreprises de propreté et celles qui bénéficient de leurs services. Ceux-ci doivent permettre l'identification des risques auxquels pourraient être exposés les intervenants et la mise en place de mesures de prévention adaptées et efficaces.

Vue d'une situation de travail dans le secteur de la propreté.

« 96 % des maladies professionnelles reconnues dans notre activité sont des troubles musculosquelettiques (TMS) », souligne Philippe Jouanny, président de la Fep et du Fare Propreté, un fonds d’innovation qui accompagne et soutient le développement économique et social des entreprises du secteur. La prévention des TMS passe par la mise en œuvre de matériel performant, ergonomique et adapté aux tâches. Pour faire les bons choix, il est nécessaire d’associer les agents aux réflexions et de faire tester les outils et équipements afin de s’assurer de leur adéquation au terrain. Autre levier d’action, l’organisation du travail (effectifs suffisants, tournées rationalisées, répartition des chantiers difficiles, horaires…) doit équilibrer la charge entre les agents et leur octroyer un délai suffisant pour mener à bien leurs missions.

Les chutes représentent la première cause d'AT

Selon l’Insee, en 2022, 9 % des salariés du secteur de la propreté ont au moins une partie de leurs heures de travail sur la tranche minuit-5 h et, pour 19 %, entre 20 h et minuit. Ces horaires décalés peuvent se révéler légitimes chez les clients dont l’activité requiert des interventions de propreté en continu, comme dans l’agroalimentaire, ou lorsque la coactivité entre la production et le nettoyage n’est pas envisageable. Il est possible de favoriser la continuité du temps de travail plutôt que le fractionnement. Encore trop souvent, une longue pause entre 9 h et 17 h, peu compatible avec un équilibre entre vie professionnelle et privée, est imposée par la réticence de certains clients d’accueillir des équipes de nettoyage en présence de leurs propres effectifs. « S’ils sont loin d’être majoritaires, 95 % des clients/donneurs d’ordres qui acceptent le travail en continu et/ou en journée se déclarent satisfaits. Ce qui laisse entrevoir une évolution dans le bon sens », estime Philippe Jouanny.

L'AVIS D'EXPERT DE...

Annabelle Guilleux, experte d'assistance-conseil en risques chimiques à l’INRS

« Il est important que des objectifs de nettoyage précis soient définis. Concrètement, il s’agit d’identifier les salissures (gras, poussière…), les surfaces (métal, bois, résine, carrelage…) et à quelle fréquence (quotidienne, hebdomadaire…) les opérations doivent être menées. Il devient ainsi possible de mettre en place la stratégie la plus sûre possible, notamment en choisissant les procédés ou produits chimiques les moins dangereux et en mettant en œuvre des techniques non dispersives tout en conservant une efficacité de nettoyage. Les entreprises peuvent se faire aider sur ces questions en s’adressant au CTIP, le Centre technique de la Fep. Elles peuvent également se référer à la brochure INRS Nettoyage des locaux de travail. Que faire ? et à la foire aux questions consacrée au nettoyage en entreprise. Rappelons aussi l’importance d’une formation adaptée aux salariés, dans un secteur où une proportion non négligeable des effectifs ne maîtrise pas toujours bien le français. »

Sols glissants ou endommagés, présence de marches ou de dénivelés, interventions en hauteur non sécurisées ou encore travail dans l’urgence, les chutes de hauteur et de plain-pied représentent chacune 24 % des accidents du travail (AT) dans le secteur de la propreté. Pourtant des solutions existent. Cela passe tout d'abord par l'organisation du travail mais également par des mesures de prévention simples à mettre en œuvre comme la généralisation du nettoyage depuis le sol grâce à des perches, le recours à des plates-formes individuelles roulantes légères (Pirl) ou des plates-formes élévatrices mobiles de personne (Pemp), le port de chaussures à semelles antidérapantes…

Vue d'une situation de travail dans le secteur de la propreté.

« Les conditions de travail ne sont pas entièrement à la main des entreprises de propreté puisqu’elles sont dépendantes du bon-vouloir de leurs donneurs d’ordres sur un certain nombre d’aspects, dont les caractéristiques des locaux font partie, indique Maud Artaud-Janicki, ingénieure-conseil à la Carsat Rhône-Alpes, référente pour le secteur de la propreté. Si elles n’ont que peu de leviers pour convaincre leurs clients d’agir, il n’est pas impossible d’y parvenir, comme l’illustre le travail d’accompagnement mené avec un bailleur social. Ce dernier a intégré un budget prévention dans sa campagne de rénovation de résidences pour réduire les risques de chutes, mais aussi les manutentions manuelles, responsables de 39 % des AT des salariés du nettoyage. »

Risque chimique et risque routier

Si les intoxications et allergies représentent une faible part de la sinistralité, l’exposition aux produits de nettoyage et de désinfection ne doit cependant pas être sous-estimée. Définir clairement les objectifs visés par le nettoyage, substituer les produits dangereux en s’assurant de l’innocuité de la nouvelle référence, ou tout du moins de sa plus faible nocivité, former les salariés (lecture des étiquettes, modes opératoires…) et leur fournir les EPI adaptés (gants, masques, combinaisons…) restent nécessaires.

Enfin, en raison des déplacements fréquents et parfois longs entre les chantiers, le risque routier doit être pris en compte. Les bonnes pratiques de prévention consistent à préparer les itinéraires, entretenir et réviser régulièrement les véhicules et à les aménager en incluant des moyens d’arrimage du matériel. Enfin, d’autres risques peuvent apparaître en fonction de l’environnement de l’intervention, comme le risque machine. Les échanges avec le donneur d’ordres sont un passage obligé afin de définir et d'intégrer au plan de prévention des protocoles sûrs pour garantir tout à la fois l’efficacité du nettoyage et la sécurité des équipes des deux entreprises.

POURQUOI LA DÉSINFECTION N’EST PAS TOUJOURS CONSEILLÉE

Poussières, graisse, déchets… autant de salissures dont l’accumulation dans les locaux de travail favorise le développement des bactéries et des moisissures. Le nettoyage suffit-il pour éliminer ces microorganismes ? Ou faut-il avoir recours à la désinfection ? « La plupart du temps, un simple nettoyage suffit. La désinfection n’est utile que lorsqu’il s’agit de réduire le taux de contamination à des seuils très bas, comme dans les milieux du soin ou l’industrie agroalimentaire, explique Christine David, experte d’assistance-conseil à l’INRS. Car désinfecter systématiquement expose inutilement les travailleurs à des produits dangereux et peut conduire à sélectionner des micro-organismes résistants, qu'il sera plus difficile d'éliminer par la suite. » À noter qu’au 1 er janvier 2026, toute entreprise qui distribue, acquiert ou utilise des produits désinfectants de types 2, 3 ou 4 à usage strictement professionnel devra avoir dans ses effectifs une personne titulaire du Certibiocide « désinfectant », obtenu après une formation délivrée par des organismes habilités.

Partager L'article
Lien copié
Les articles du dossier
Les métiers de la propreté