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Les métiers de la propreté

Devancer les risques permet de mieux les éviter

En Bretagne, les salariés du groupe Devanse, spécialiste du nettoyage, bénéficient de l’approche volontariste de leur employeur concernant l’amélioration des conditions de travail. Celui-ci mène, entre autres, des actions sur l’organisation pour limiter les horaires décalés et fractionnés ainsi que sur le matériel.

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Damien Larroque - 28/04/2025
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Vue d'une situation de travail dans le secteur de la propreté.

Corser à Quimper, Corser Iroise à Brest, Poher propreté à Carhaix et Richard propreté à Lorient. Ces quatre sociétés autonomes constituent le groupe Devanse, acteur breton du secteur de la propreté. Ses équipes sillonnent le Finistère et le Morbihan pour nettoyer des bureaux, des copropriétés, des écoles, des cabinets médicaux ou encore des locaux industriels. Elles réalisent aussi des prestations plus spécifiques comme le lavage des vitres d’immeubles et le démoussage de leurs façades. « Nous employons plus de 800 salariés, indique Anne-Laure Le Marec, DRH du groupe. Nous menons une politique sociale engagée, notamment en priorisant les embauches à temps plein, les CDI et la promotion de la diversité et de l’inclusion. » Un positionnement qui, dans un métier qui n’a pas forcément bonne presse, est de nature à faciliter le recrutement et la fidélisation du personnel. D’autant que la recherche constante de l’amélioration des conditions de travail est un autre axe important de la culture de l’entreprise.

« Travailler le matin et le soir, avant l’arrivée et après le départ des salariés des sites que nous entretenons, avec une longue pause au milieu de la journée, ne permet pas de concilier aisément vie privée et vie professionnelle, constate Lise Dubosq, la responsable QHSE (qualité, hygiène, sécurité, environnement) de Devanse. Si ce n’est pas envisageable pour tout type de chantiers – difficile de nettoyer des installations industrielles sur le temps de production –, nous militons auprès de nos clients dont l’activité le permet pour qu’ils accueillent nos agents en journée. »

« Un outil adapté à un chantier ne l’est pas forcément à un autre. »

Les 30 % d’entre eux qui ont accepté ne semblent pas le regretter. Non seulement la coactivité se déroule sans accroc, mais en plus, leurs employés, qui prennent conscience du travail des nettoyeurs, ont tendance à faire plus attention. « D’autre part, nos chargés d’affaires démarchent un maximum de copropriétés. Puisque les interventions dans les parties communes d’immeubles peuvent être programmées comme cela nous arrange, cela favorise les journées en continu », explique Anne-Laure Le Marec.

Matériel testé

Devanse promeut, auprès de ses salariés cette fois, le travail en binôme. Pour le moment, 24 duos sont déployés, soit 48 salariés à temps plein. Leurs retours positifs incitent leurs collègues à les imiter puisqu’ils sont de plus en plus nombreux à demander à être associés à un partenaire. « Dans des locaux isolés, si jamais l’un de nous a un malaise, l’autre peut donner l’alerte. Au quotidien, travailler à deux permet de se relayer sur une tâche pénible et de se répartir les opérations de manière équilibrée en fonction des capacités, ou même de l’état de forme, de chacun », se félicite Marina Coulm, chef d’équipe qui est en binôme avec Stephen Quetueil. Tous deux interviennent aujourd’hui dans les parties communes d’un immeuble de Morlaix.

BALAIS À RÉSERVE D’EAU

Corser Iroise a acquis il y a un an des balais à réservoir d’eau de 500 ml pour remplacer seaux et serpillières. « Ils n’ont pas vocation à être utilisés systématiquement. Ils sont pratiques dans les petits espaces, lorsque les points d’eau sont éloignés », explique Lise Dubosq, la responsable QHSE du groupe Devanse. Comme tout nouveau matériel, ce balai a fait l’objet de tests. Bien que cela semble quelque peu contre intuitif, la charge supplémentaire qui aurait pu rendre son maniement plus difficile permet au contraire, selon les salariés, de réduire les efforts. Le poids de l’eau autorise à exercer une pression moins forte, rendant les passages du balai plus efficaces. « Il est facile à utiliser, confirme Fatoumata Traore, agente de nettoyage. On gagne du temps lors du lavage mais aussi grâce à la contenance du réservoir suffisante pour récurer les cages d’escaliers sans avoir à le remplir. » Là encore, tout est dans l’adéquation entre le matériel, les caractéristiques du chantier et l'utilisateur.

L’aspirateur dorsal dont ils sont équipés est plus pratique à manipuler qu’un modèle classique lorsqu’il s’agit d’aspirer la poussière dans les escaliers. Il laisse en outre une main libre bien utile pour agripper la rampe en cas de perte d’équilibre. « Comme tout le matériel que nous fournissons à nos équipes, il a fait l’objet de tests menés par nos collaborateurs. Car, sans validation par le terrain, le risque de retenir une solution inadéquate est grand », souligne Lise Dubosq. « Non seulement les salariés sont impliqués dans le choix des outils, mais en plus ceux-ci sont essayés dans différents environnements, précise Roselyne Elegoet, contrôleuse de sécurité à la Carsat Bretagne. Un outil adapté à un chantier ne l’est pas forcément à un autre. »

Composer avec les donneurs d'ordres

Ainsi, si la signature d’un contrat de prévention entre Corser Iroise et la Carsat Bretagne fin 2023 portait sur dix aspirateurs dorsaux, seule la moitié a d’ores et déjà été acquise. Les cinq autres seront achetés lorsque des chantiers appropriés à ces dispositifs viendront garnir le fichier client de la société. Les aides financières ont également porté sur des rampes, plus légères que celles utilisées jusqu’ici pour sortir les autolaveuses des camionnettes les plus anciennes de la flotte, non équipées de systèmes intégrés. « Dans l’idéal, nous devrions pouvoir laisser du matériel sur les sites à nettoyer afin de limiter les manutentions. Mais il n’est pas systématique d’avoir à notre disposition un local pour le faire, regrette Lise Dubosq. Nous n’avons pas la mainmise sur l’organisation du travail puisqu’il faut composer avec les conditions fournies par les donneurs d’ordres. Nous leur demandons des améliorations lorsque nous identifions un risque, comme l’ajout d’une source de lumière. Mais tous ne sont pas sensibles à la sécurité de nos équipes. »

Vue d'une situation de travail dans le secteur de la propreté.

Parfois, une dynamique positive s’engage cependant entre les partenaires. Comme cela est le cas avec l’un des fournisseurs de produits de nettoyage de Corser Iroise. L’un de ses dégraissants, peu agressif, a été adopté pour le décapage des sols à l’autolaveuse. « Je l’ai essayé dans un supermarché et sur le sol antidérapant d’une cuisine de restaurant, et il donne de meilleurs résultats que notre ancien dégraissant bien plus nocif », affirme Virginie Le Goff, cheffe d’équipe polyvalente. « Il ne sent rien, ce qui est appréciable lorsque nous travaillons dans des espaces peu ventilés », ajoute son collègue Tony Allebe. Face à cette substitution réussie, d’autres produits de la même marque vont être expérimentés pour d’autres tâches, notamment pour le nettoyage de bardage d’immeuble.

FORMATION

Le contrat de prévention signé avec la Carsat Bretagne en 2023 a financé des formations à la conduite en sécurité ainsi qu’à l’arrimage sûr du matériel. « Le risque routier n’est pas négligeable dans notre activité avec les nombreux déplacements entre les chantiers, rappelle Lise Dubosq, la responsable QHSE (qualité, hygiène, sécurité, environnement) de Devanse. En parlant de formation, nous avons créé notre école en interne. Pour le moment, nous ne proposons qu’un seul stage sur les fondamentaux du nettoyage avec une partie théorique et une partie pratique. » Ainsi, les nouveaux embauchés apprennent à utiliser le matériel ou à diluer les produits, par exemple, avec le double objectif d’être efficace et de travailler en sécurité. Quant aux salariés plus expérimentés, ils ont exprimé leur satisfaction face à ces révisions bienvenues. Cette année, l’école Devanse va lancer un apprentissage des techniques particulières (nettoyage de bardage, de vitrerie, décapage sol…) pour les salariés et pour les chargés de clientèle afin de leur permettre de mieux vendre les services de l'entreprise.

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