En décembre 2024, dans les jours qui ont suivi le passage du cyclone Chido à Mayotte, Enedis envoyait dans une opération solidaire pour Électricité de Mayotte (EDM) des volontaires de la Force d’intervention rapide d’électricité (Fire) devant participer à la réalimentation d’urgence du réseau électrique mahorais. Un déploiement intervenant en pleine canicule, dans des secteurs dévastés et souvent difficiles d’accès. L’hiver dernier, c’est sur d’autres terrains inhabituels, en Bretagne, en Normandie ou encore en Irlande, que certains des 3 000 techniciens de la Fire étaient également mobilisés. Formés aux situations de crise, les membres de la Fire sont tous volontaires et mobilisables en quelques heures pour remettre en état le réseau d’électricité dans des zones touchées par des événements exceptionnels.
« Les équipes partent systématiquement avec un préventeur de métier qui a pour mission de réaliser des visites terrain et d’animer les quarts d’heure quotidiens sur la base des situations observées, explique Guy Turlier, chargé de mission à la direction prévention santé sécurité. Avant toute intervention, nous insistons sur la tenue d’un temps d’observation pour analyser les risques et prendre le recul nécessaire. En cas de doute, un point d’arrêt est impératif pour analyser le problème et le résoudre ou, en l’absence de solution immédiate, alerter l’encadrement. »
L’engagement d’Enedis est de réalimenter 90 % des clients dans les 48 heures en cas d’incident sur le réseau électrique. Ce qui peut consister dans un premier temps à installer un groupe électrogène derrière un poste de distribution. Il faudra ensuite sécuriser le réseau puis, à terme, le consolider (réparer les poteaux par exemple) et, si besoin, le reconstruire pour revenir au schéma nominal ou le renforcer, si un plan patrimonial en indique la nécessité.
« Le volet prévention des opérations est à la main des unités régionales impactées et de la cellule de crise nationale. Pour les dernières interventions, la direction santé sécurité nationale d’Enedis, qui disposait d’informations opérationnelles, a renforcé sa contribution pour la préparation de briefs sécurité sur mesure que les équipes se sont appropriés sur le terrain », évoque Pierre Mazare, membre de la gestion de crise nationale. Des réunions à distance sont systématiquement organisées avec les salariés partants pour les informer des particularités locales, en complément des briefs sécurité des directions régionales.
Vite et sans précipitation
« Le réseau irlandais, par exemple, est essentiellement aérien avec des poteaux en bois, ce qui crée des conditions d’intervention bien particulières. À Mayotte, il a fallu gérer une situation de chaos liée à l’événement », poursuit-il. « Dans le cas de Chido, le temps de travail a été réduit à cause de la chaleur. Les équipes ont reçu des informations sur les conditions de logement et de nourriture précaires sur place, les règles d’hygiène à respecter, les vaccins obligatoires et complémentaires validés par notre médecin du travail, la tenue d’un couvre-feu… Nous avons également un numéro vert avec des psychologues à leur écoute, 24 heures sur 24 », complète Guy Turlier.
Toutes les interventions doivent avoir lieu hors tension. La consignation suit cinq opérations : la séparation pour isoler les réseaux de toutes sources de tension, la condamnation pour empêcher une remise sous tension accidentelle, l’identification afin de vérifier que le lieu d’intervention est bien consigné, la vérification d’absence de tension, et la mise à terre et en court-circuit. « Les agents ont également interdiction de travailler sur des supports en bois non consolidés », ajoute Guy Turlier.
Pour anticiper les événements et prévoir les renforts nécessaires, Enedis dispose d’un service météorologique qui a une vision des aléas climatiques à 72 voire 96 heures. Pour la tempête qui a frappé la Bretagne fin 2023, des équipes complètes étaient positionnées avant même que le vent ne souffle. La veille opérationnelle, supervisée à l’échelle nationale, s’appuie sur des systèmes d’alerte sur les ouvrages ou encore sur l’utilisation d’outils d’intelligence artificielle pour identifier l’impact potentiel d’une tempête sur le réseau. D’autres, pour prévoir les effets des inondations et de la canicule, sont en développement.
« Une fois la crise passée, des retours d’expériences sont organisés pour se maintenir dans une boucle d’amélioration continue, conclut Pierre Mazare. Il est compliqué de dégager une tendance mais, depuis la tempête de 1999, nous constatons une augmentation des phénomènes météorologiques qui impactent nos ouvrages. Sur les deux dernières années, nous en avons connu 34 que l’on qualifie de majeurs (plus de 100 000 clients impactés). »
REPÈRES
- Enedis dispose de 3 000 techniciens formés aux situations de crise et onze plates-formes logistiques de stockage sur le territoire pour faciliter le déploiement de 3 500 groupes électrogènes et de tout le matériel nécessaire à la réalimentation de ses clients.