
Travail & Sécurité. Dans quelle mesure le site Lafarge de fabrication de ciments et de clinkers - composant du ciment obtenu par calcination avant broyage - de Port-la-Nouvelle, dans l’Aude se trouve-t-il concerné par la question des espaces confinés ?
Jérôme Beziat. Sur le site de Port-la-Nouvelle, nous disposons de nombreux espaces confinés, qui vont de 5 à 50 m3. Je peux vous citer pêle-mêle le four, une dizaine de silos/trémies, la bulle de stockage du clinker, plusieurs cyclones, etc. Ces lieux n’ont pas du tout été conçus pour y travailler, ils sont souvent empoussiérés, peu ventilés et la température peut y être élevée. Une fois par an au moins, nous procédons à des arrêts de maintenance, qui durent entre trois semaines et un mois. Ils ont lieu le plus souvent en février/mars et il s’agit d’évaluer le degré d’usure des briques réfractaires qui constituent le revêtement intérieur de ces espaces, puis de préparer les interventions. Ce sont des lieux d’accès particulièrement difficiles, les cyclones font par exemple 5 m de diamètre sur 10 m de haut, avec une partie conique à la base, la cheminée mesure 120 m…
Quelle solution avez-vous trouvée pour que ces opérations d'inspections soient réalisées en sécurité ?
J. B. Il y a quelques années, nous avons été démarchés par un fabricant suisse de drones. Il est venu faire des démonstrations sur notre site et l’idée a fait son chemin. La direction a décidé de franchir le pas, et nous en avons acquis un exemplaire. Nous sommes deux à avoir été formés à son pilotage. Au fil des ans, nous l’avons fait évoluer avec le fabricant, pour qu’il réponde au mieux à nos besoins. Désormais, la majeure partie des inspections de nos espaces confinés se fait par drone. Cela nous évite d’avoir recours à des cordistes et de les exposer aux risques de chute, de travail à la chaleur ou en atmosphère potentiellement dangereuse, et d’intervention en milieu instable. Une fois les informations envoyées par le drone, nous décidons – ou pas – des interventions de maintenance.
Quels types d’informations vous envoie le drone ?
J. B. Il nous fait parvenir en temps réel des images des parois, ce qui nous permet d’évaluer leur usure et les suites à donner. Nous réalisons également des vols dans la tour, mais à l’extérieur des cyclones : grâce à des capteurs thermiques, nous avons ainsi des informations précises sur l’état de la paroi. De plus, le drone étant doté d’un scanner, nous avons des images 3D de nos installations… Tout ceci concourt à nous donner des informations très précises, à être plus réactifs.
Y a-t-il des limites à l’utilisation de ce drone ?
J. B. Oui. Nous le faisons voler dans des atmosphères très empoussiérées, poussières qui peuvent détériorer la qualité de la vidéo. Et comme il n’est pas muni d’un GPS, cela peut le rendre instable. Nous devons être très vigilants et le nettoyer après chaque vol. Par ailleurs, il peut y avoir des rafales de vent susceptibles de projeter le drone contre une paroi.
Son usage est-il déployé sur d’autres sites de Lafarge ?
J. B. Dans un premier temps, l’idée était de faire tourner ce drone sur différents sites. Mais nous nous sommes aperçus que c’était compliqué, compte tenu de son entretien notamment. On garde donc celui-ci sur notre site, mais d’autres en ont fait l’acquisition.
QUELQUES DONNÉES SUR LE DRONE
- 48 cm de diamètre, une ossature en carbone le protège d’éventuels chocs
- Équipé de caméras 4K, thermique, d’un « lidar » pour scanner l’espace et générer des images 3D
- Poids : 1,30 kg
- 2 personnes formées au pilotage sur le site de Port-la-Nouvelle
- Sorties mensuelles pour « garder la main »
- Pas d’autorisations de vol nécessaire (vol à l’intérieur des installations)