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Rénovation

Un cas d’école qui bouscule les habitudes

À Meylan, en Isère, un groupe scolaire est en cours de réhabilitation, bien que les classes soient toujours ouvertes. Des travaux conséquents, bien pensés en amont, avec une mutualisation des moyens alors que le bâtiment comprend deux étages. Pas si courant.

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Céline Ravallec - 28/10/2025
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Menuisiers, façadiers, maçons, tous les corps d’état ont utilisé ou utilisent l’échafaudage et la plate-forme de transport de charges et de personnel accompagnant,  pour approvisionner les matériaux  et les outils de travail dans les étages, mais également pour évacuer les déchets.

Un chantier qui résonne de cris d’enfants et de sonneries de récréations, voilà qui n’est pas courant. Et pourtant ! Dans le cadre de la rénovation du groupe scolaire Mi-Plaine, sur la commune de Meylan, en Isère, les travaux se déroulent en site partiellement occupé : deux bâtiments distincts hébergeant initialement une école maternelle et une école élémentaire datant des années 1970 font l’objet d’une rénovation thermique et fonctionnelle de grande ampleur. Actuellement, c’est le bâtiment des classes élémentaires qui est en cours de réhabilitation, tandis que le bâtiment des maternelles, séparé par la cour de récréation, demeure en activité. Le programme de réhabilitation consiste en une rénovation thermique, énergétique et structurelle : remplacement des menuiseries, de la toiture et charpente, de tous les réseaux (électricité, eau, chauffage urbain), de l’enveloppe extérieure, déconstruction d’un préau et d’une chaufferie. À terme, l’usage du bâtiment va être maintenu mais avec une redistribution de l’espace.

1 000 m2, c’est la surface de l’échafaudage qui est recouvert d’un filet en maille serrée pour limiter les nuisances (chutes d’outils et de gravats, essentiellement) vis-à-vis des voisins et de l’école.

La particularité de ce bâtiment, constitué d’un rez-de-chaussée et deux étages (R+2), est qu’il est ceinturé d’un échafaudage périphérique et équipé d’un lift. « C’est exceptionnel de travailler avec la mutualisation de moyens sur un bâtiment R+2 », souligne Christine Peylin, contrôleuse de sécurité à la Carsat Rhône-Alpes. « C’est effectivement extrêmement rare sur un R+2 qu’un maître d’ouvrage installe un lift (ou comme ici une plate-forme de transport de charges et de personnel accompagnant) en complément d’un échafaudage. Ça se voit le plus souvent à partir de R+5, abonde Jérôme Oddos, directeur de la société MED, en charge de l’installation et du fonctionnement du lift. C’est à saluer car tous les corps d’état s’en servent. » Dans les faits, désamianteurs, charpentiers, menuisiers, façadiers, maçons, tous ont utilisé ou utilisent l’équipement pour approvisionner les matériaux et les outils de travail dans les étages, mais également pour évacuer les déchets. « Sans lui, on n’aurait pas pu travailler », confirme un maçon qui charge des gravats dans une brouette.

Travaux en site partiellement occupé

« C’est le premier chantier de cette taille sur lequel j’ai vu les différentes entreprises concernées, la maîtrise d’ouvrage, le coordonnateur de sécurité et de protection de la santé et le maître d’œuvre organiser des réunions préparatoires pour prendre en compte les besoins et les contraintes des différents acteurs. Cela a permis d’aboutir à un échafaudage qui répond aux besoins de tout le monde », observe Maxime Matera, de l’entreprise de charpente Structure Bois. Ainsi, l’installation de cet échafaudage MDS (montage et démontage en sécurité) a fait l’objet d’une convention de mise à disposition, avec définition des besoins des uns et des autres : par exemple, le façadier a besoin d’être à 40 cm de distance pour son intervention, tandis que le menuisier a lui besoin d’être au plus près. Tout cela a été rendu possible grâce aux réflexions préparatoires.

« De par mon expérience sur des projets de réhabilitation, j’ai vu beaucoup de choses : des accidents, des temps d’arrêts, des désorganisations, observe Brice Berardi, chef de projet à Sagès, la maîtrise d’ouvrage, mandataire de la ville de Meylan. J’ai une appétence personnelle pour l’amélioration continue, c’est pourquoi au triptyque coût/qualité/délai, il me paraît important d’ajouter la sécurité. » La Carsat Rhône-Alpes a été sollicitée au départ du projet, et a ainsi pu attirer l’attention du maître d’ouvrage sur des points de sécurité et d’organisation à prendre en compte, dont les flux horizontaux et verticaux.

L’installation d'un échafaudage avec lift pour un chantier sur un bâtiment de deux étages est rare. C'est un équipement plus fréquemment utilisé pour des bâtiments d'au moins cinq étages.

Car le site présente beaucoup de contraintes : zone de travaux au fond d’une impasse imposant des contraintes d’accès et de logistique pour les livraisons ; espace réduit autour du bâtiment pour les manœuvres des poids lourds ; zone résidentielle qui impose de limiter les nuisances vis-à-vis des riverains à toutes les phases du projet. Parmi les enjeux stratégiques au bon fonctionnement du chantier, des places de stationnement ont été matérialisées dans l’impasse pour permettre au personnel du chantier de se garer facilement en arrivant.

Afin de limiter les nuisances (chutes d’outils et de gravats, essentiellement) vis-à-vis du voisinage, un filet en maille enserre l’échafaudage et fait office de masque. Il a également fallu clôturer le chantier du côté de l’école primaire afin de bien séparer la zone scolaire de la zone de chantier. Et parmi tous les sujets, très rapidement, la maîtrise d’ouvrage et la maîtrise d’œuvre ont travaillé sur la mise en commun de moyens. « Sur un tel bâtiment, on peut considérer cette approche comme une expérimentation. Cela apporte énormément d’enseignements », note Christine Peylin. Avec des points positifs mais aussi des possibilités d’amélioration. Parmi les points de satisfaction : « Grâce à l’échafaudage, les compagnons se concentrent sur ce qu’ils ont à faire, sans s’interroger sur les conditions de sécurité dans lesquelles ils vont le faire », résume Brice Berardi.

Surprises inhérentes aux travaux de rénovation

« Sur ce type d’opérations de rénovation, on planifie tout et ça ne se passe jamais comme prévu, commente Arnaud Houllière, directeur technique chez AB Façades, le façadier chargé de l’installation de l’échafaudage. Si c’est un apport pour la prévention, avec le recul, on estime qu’il aurait mieux valu s’orienter vers un lot dédié à l’installation de chantier, dont l’échafaudage et la base-vie (lot échafaudage ou lot 00), pour avoir un fonctionnement plus fluide, du fait des imprévus qui ont provoqué des retards de planning. »

La découverte d’amiante, une fois les travaux lancés, a en effet perturbé le planning et désorganisé l’activité. « D’où l’importance également que les pièces écrites du projet mentionnent les formations nécessaires des personnes intervenant sur le projet », insiste encore Christine Peylin. « Notre personnel est formé en SS4, complète Maxime Matera. Cela permet d’être vigilant lorsqu’un matériau suspect est rencontré et de connaître les limites à ne pas dépasser. Il est important que les entreprises intervenant sur les chantiers de rénovation aient ces formations pour alerter le maître d’ouvrage lorsque cela s’avère nécessaire. »

Les besoin des corps de métiers ont été pris en compte pour aboutir à cet échafaudage qui ceint le bâtiment et répond aux différents usages.

Après la rénovation de ce premier bâtiment qui doit se terminer à la fin de l’année 2025, celle du second bâtiment sera lancée. Entre les deux édifices est prévue, courant 2026, la construction d’une salle polyvalente pour accueillir des activités extrascolaires ainsi que du public et permettre la circulation en intérieur entre les deux bâtiments existants. Les salles de classe offriront davantage de polyvalence, et pourront servir hors des horaires de cours à des activités périscolaires, d’où l’installation prévue d’un ascenseur pour accueillir des personnes à mobilité réduite. Ce projet s’inscrit dans un programme plus large de rénovation du quartier, qui compte trois opérations distinctes mitoyennes, incluant aussi la réhabilitation d’un gymnase tout proche et l’aménagement d’un parc urbain mitoyen à la cour d’école. Fin des travaux fixée à 2027. 

IDENTITÉ

Projet : rénovation du groupe scolaire Mi-Plaine, qui comporte une école maternelle (six classes) et une école élémentaire (douze classes) ainsi qu’un restaurant scolaire

Lieu : Meylan (Isère)

Surface de plancher : 3 475 m2

Maître d’ouvrage : ville de Meylan

Maître d’ouvrage mandataire : Sagès

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