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Santé mentale

La prévention des risques psychosociaux, un enjeu majeur en entreprise

L’année 2025 s’est déroulée sous le signe de la santé mentale, désignée « Grande cause nationale » par le gouvernement. Une thématique qui n’épargne pas le monde du travail. L’occasion de rappeler la nécessité d’évaluer et de prévenir les risques psychosociaux en entreprise.

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Corinne Soulay - 11/12/2025
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Illustration d'une situation de travail en bureau.

En 2025, la santé mentale a été désignée « Grande cause nationale », succédant ainsi à l’activité physique et sportive, thématique de l’année 2024, liée aux Jeux olympiques. « Un choix qui répond à un enjeu majeur de santé publique, puisqu’un Français sur quatre sera confronté à un trouble mental au cours de sa vie », justifiait le gouvernement. Mais il revêt également un enjeu important en santé au travail : en 2023, les maladies psychiques reconnues d’origine professionnelle ont augmenté de plus de 25 % et 12 000 accidents du travail étaient liés aux risques psychosociaux (RPS). Dans ce contexte, le ministère du Travail a mené, tout au long de l’année, plusieurs actions (campagnes de sensibilisation, soutien à la création d’une « charte santé mentale » pour les entreprises…) et mis en avant sur son site différentes ressources pour les employeurs. Dernières en date : des fiches pratiques consacrées au stress, au burnout ou, plus généralement, aux RPS. Des risques que l’employeur ne doit pas négliger. « Celui-ci a une obligation générale de sécurité et de santé au travail envers ses salariés, rappelle Valérie Langevin, responsable d’études à l’INRS. Cela englobe la préservation de la santé physique et de la santé mentale. C’est dans le cadre de cette obligation que les entreprises doivent faire la prévention des RPS. »

Évaluer tous les facteurs de risques

Les RPS recouvrent des situations de travail dans lesquelles sont présents, combinés ou non, du stress, des violences internes commises au sein de l’entreprise (harcèlement, conflits, tensions entre collègues), ou des violences externes, perpétrées par des personnes extérieures. Ces risques peuvent être engendrés par un ensemble de facteurs liés à l’organisation du travail ou aux relations de travail. « Les facteurs de RPS sont catégorisés en six grandes familles, explique l’experte de l’INRS : l’intensité et le temps de travail, notamment les contraintes de rythme ou la surcharge de travail ; les exigences émotionnelles – lorsque le salarié doit maîtriser ou façonner ses émotions, c’est un facteur de risque qu’on retrouve notamment dans le secteur de la santé et du soin avec des personnes confrontées à la douleur ou à la mort – ; les conflits de valeur – comme le fait de ne pas être fier du travail accompli ou d’avoir le sentiment de manquer de moyens pour faire un travail de qualité – ; le manque d’autonomie ; des rapports sociaux dégradés ; et une insécurité de la situation de travail. » Afin d’estimer au mieux l’exposition des salariés aux RPS, il est donc nécessaire d’évaluer notamment l’ensemble de ces facteurs de risques. Pour ce faire, différents outils sont mis à la disposition des employeurs. « Il existe des questionnaires, qui peuvent être intéressants dans les très grandes entreprises pour recueillir facilement de nombreuses réponses. Ils nécessitent de disposer de compétences en interne pour exploiter les données qui en ressortent », pointe Valérie Langevin.

Afin d’avoir une approche plus qualitative, l’INRS a développé deux outils : la brochure L’outil RPS-DU, à destination des entreprises de plus de 50 salariés, et l’outil en ligne « Faire le point RPS », pour les petites entreprises, avec deux versions, l’une générique et une destinée au secteur sanitaire et social. « Dans tous les cas, le principe est le même : l’évaluation se fait sur la base d’entretiens collectifs, par unité de travail, et ces outils permettent d’intégrer des exemples concrets de situations exposantes pour illustrer les facteurs de risques, voire des propositions d’amélioration émanant des salariés concernés. C’est important pour pouvoir élaborer par la suite un plan d’actions concret et opérationnel », détaille Valérie Langevin.

Dans cette démarche, l’entreprise peut s’appuyer sur des acteurs externes de la prévention : l’équipe pluridisciplinaire des services de prévention et de santé au travail, les préventeurs de la Carsat/Cramif/CGSS, voire des consultants référencés par les Caisses. « Comme pour tous les autres risques, il est aussi important que l’employeur associe les élus du CSE. La prévention des RPS repose sur le dialogue social », précise Valérie Langevin. La réussite de la démarche est d’autant plus importante que l’exposition aux RPS peut avoir des conséquences qui dépassent les limites de la seule santé mentale, notamment des maladies cardiovasculaires ou des troubles musculosquelettiques.

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