Travail & Sécurité. Patrick Jouenne, vous êtes meilleur ouvrier de France dans la catégorie charpentiers et vous avez été recruté par l'entreprise Le Bras Frères en tant que gâcheur pour le chantier de Notre-Dame. Pouvez-vous nous raconter votre parcours et comment vous avez postulé, de façon plutôt étonnante, à cette fonction ?
Patrick Jouenne. J'ai 54 ans, mais j'ai commencé mon métier à seize ans, après la troisième et je suis parti en apprentissage chez les Compagnons du devoir à Strasbourg. Je suis Normand d'origine du côté du Mont Saint-Michel et je suis parti faire mon tour de France dans différentes entreprises. J'ai appris mon métier et au bout de dix ans, j'ai monté une entreprise dans la région de la Sarthe. J'ai été associé 25 ans dans l'entreprise et quand Notre-Dame a brûlé, sur mon compte Facebook, je n'ai jamais voulu mettre une photo de l'incendie parce que ça m'a dégoûté. Et j'avais fait un petit post "Voici Notre-Dame, l'image qu'il faut garder en mémoire." accompagné d'une carte postale de la cathédrale. Et puis quinze jours après, j'ai fait une autre publication en disant : "Je me verrai bien le futur gâcheur de Notre-Dame". Trois semaines après, on m'a appelé et j'ai pris rendez-vous avec Le Bras, pendant trois heures on a discuté métier surtout, car ce qui est important là c'est le métier. On ne devient pas gâcheur comme ça en l'écrivant. C'est des années de pratique, de chantiers, du relationnel... ça n'a pas été facile, on a mis huit mois pour se mettre d'accord. Je pense que mon titre de Meilleur ouvrier de France a joué énormément pour répondre à l'appel d'offre.