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Le comité social et économique

Savoir renouer le dialogue social

Tensions, incompréhensions, conflits… Lorsque les relations sociales ne sont plus au beau fixe, il peut devenir difficile de se parler, retrouver une capacité collective à débattre et à avancer dans les prises de décisions. Pour éviter le blocage, l’entreprise doit renouer avec un climat social apaisé.

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Grégory Brasseur - 03/04/2023
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Un salarié met un bulletin de vote dans une urne lors d'une élection CSE.

Contrôleuse de sécurité à la Carsat Hauts-de-France, Agnès Lheureux a récemment dû prescrire une médiation entre direction et délégués syndicaux élus au CSE, au préalable d’une démarche de prévention des risques psychosociaux, pour une entreprise industrielle de la région. « Interpellée par la secrétaire du CSE, j’ai participé à une réunion de l’instance. Les échanges étaient conflictuels et les tensions prégnantes. Aucune négociation ni discussion sur le fond ne semblaient possibles », décrit-elle. Quand les acteurs du dialogue social ne parviennent plus à s’écouter et à se comprendre, le processus décisionnel est bloqué.

Pour restaurer une capacité à dialoguer de manière constructive et sereine, les acteurs de l’entreprise peuvent se saisir de la démarche d’appui aux relations sociales (Areso), portée par l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact) et le ministère chargé du Travail. « Elle consiste à faire intervenir un binôme de facilitateurs formés aux relations sociales. Ce dispositif ne peut toutefois être activé que si chacun est prêt à prendre sa part de responsabilité pour sortir du conflit », avertit Marylène Coppi, chargée de mission Anact et intervenante Areso. Il est également préférable d’agir dès les premiers signaux de tension relationnelle. « Il faut s’engager sur un objectif de futur commun. On amène les différentes parties à évoquer leurs craintes et à travailler sur les conditions de réussite de l’échange. Ce n’est qu’après s’être dit ce qui n’allait pas qu’un plan d’action partagé peut être élaboré », reprend l’intervenante. Il ne s’agit pas de mettre tout le monde d’accord, mais de régler les malentendus.

Méconnaissance

Problème, dans le cas évoqué par Agnès Lheureux, la situation était trop dégradée. « Il n’était plus naturel pour les différents acteurs de demander de l’aide. J’ai donc prescrit d’instaurer une démarche de restauration du dialogue social avec les instances représentatives du personnel par un organisme extérieur, en communiquant à l’entreprise une liste de médiateurs en matière sociale civile et commerciale », reprend-elle. La direction en a présenté un, refusé par les élus, qui en ont proposé un autre.

« Le médiateur ne doit être le bras armé de personne. Sa finalité sera de les inviter à avoir des échanges utiles en CSE dans un cadre respectueux. Il ne s’agit pas d’un arbitrage mais de laisser à chacun la possibilité de donner sa propre lecture », insiste Agnès Lheureux. Sans perdre l’équilibre du dialogue social. Parmi les difficultés qu’elle peut observer, il y a la méconnaissance du rôle de chacun. Qu’est-ce qu’un CSE ? Qu’est-ce qu’une CSSCT ? On y fait quoi ?

« Malgré les formations obligatoires, c’est encore souvent très flou. Dans le cas que j’évoquais, la CSSCT servait de CSE bis. Tout était répété et très souvent à charge. Tant que l’on n’a pas défini le cadre et comment travailler ensemble, rien n’est constructif », affirme-t-elle. Résultat : des réunions chronophages et des discussions interminables sur des points de forme, sans véritable ordre du jour structuré et coconstruit. Quand les directions sont braquées et les élus enfermés dans des stratégies de blocage, la médiation a vocation à rappeler que les propos des différentes parties ont tous de la valeur.

C’est donc avant d’arriver dans le rapport de force systématique qu’il faut agir, par exemple en activant un dispositif Areso. Pas dans l’idée d’effacer le passé et de gommer les différences, mais bien de faciliter les relations. Objectif : se recentrer sur le fond et les difficultés du travail à résoudre au quotidien plutôt que sur les différends nourris par l’absence de règles de dialogue.

ARESO : POURQUOI ? POUR QUI ?

L’entreprise peut être le lieu où se croise une diversité de points de vue tous vécus comme légitimes par ceux qui les portent. Le dispositif Areso proposé par l’Anact avec le ministère chargé du Travail peut être activé quelle que soit l’entreprise, sa taille, par la direction ou les représentants du personnel, en sollicitant l’Anact. L’inspection du travail, le service de prévention et de santé au travail, la Carsat peuvent également le proposer. Dans tous les cas, la médiation doit garder des principes d’indépendance, de neutralité et d’impartialité. « L’intervention de nos facilitateurs ne peut se faire au moment d’une grève ni dans le cas de conflits interpersonnels. Elle doit garantir impartialité et neutralité, précise Marylène Coppi, intervenante Areso. Le travail porte sur l’amélioration d’une situation collective. »

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