
Dans le Super U de Carquefou, près de Nantes, un robot autonome de nettoyage contourne les allées dans un glissement feutré. « Nous sommes en train de tester ce matériel dont la finalité est d’épargner une tâche contraignante à nos équipes, explique Henri Fouché, responsable sécurité et maintenance du magasin, en regardant l’engin s’éloigner : elles pourront ainsi se consacrer davantage aux missions ayant de réelles plus-values. » « Je n’étais pas au courant de ce projet, mais cela peut participer à la démarche continue de l’établissement en matière de santé et sécurité », estime Gwenaël Judic, contrôleur de sécurité à la Carsat Pays de la Loire, qui accompagne ce jour-là le responsable sécurité.
« Depuis ma première visite début 2024, poursuit-il, une bonne partie de mes recommandations ont été suivies d’actions, comme l’installation de barrières antichute sur les quais de livraison ou de filets de retenue sur les racks dans les réserves. La mise en place de mobiliers de vente plus ergonomiques est en attente des travaux d’agrandissement. » Le magasin, qui évolue d’ores et déjà dans la catégorie des hypermarchés, doit en effet voir sa surface de vente passer de 3 700 à 4 500 m2 d’ici quelques mois, ce qui permettra de développer l’activité traiteur, mais aussi de fluidifier les déplacements en augmentant la largeur des allées entre les rayons.
Un magasin dans le magasin
Le drive, qui permet aux clients de récupérer leurs commandes passées en ligne, a quant à lui déjà fait sa mue. « Cette activité, en progression avant l’épisode du Covid, a encore progressé après la pandémie. Avec 1 300 commandes hebdomadaires, elle représente aujourd’hui 15 % du chiffre d’affaires, indique Yoann Ravard, gérant de l’établissement depuis février 2025 et qui a débuté chez U il y a près de vingt ans à un poste de boucher. Pour permettre à nos salariés de suivre le rythme tout en améliorant leurs conditions de travail, nous avons déplacé en 2024 le drive du premier au second étage de notre bâtiment. En passant de 300 à 1 200 m2, nous nous sommes donné les moyens de concevoir un environnement adapté pour remplacer un espace qui avait été investi rapidement, sans réelle réflexion sur les postes de travail. »
Ces nouvelles dimensions autorisent la création d’un stock des meilleures ventes, organisé en rayons semblables à ceux parcourus par les clients deux étages plus bas. Ce véritable magasin dans le magasin diminue considérablement les distances parcourues par les salariés, puisque les 17 km journaliers ont été divisés par deux. « Cela découle aussi de l’organisation du picking. Les collègues évoluent dans une seule des trois zones de cette réserve (frais, surgelé, sec), souligne Kilian Boëzec, responsable du drive et de ses 40 salariés. Nous continuons à récupérer les produits commandés moins souvent dans l’espace de vente, mais nous n’utilisons plus les chariots qui gênaient les déplacements de la clientèle aux heures d’affluence. Ils ont été remplacés par des bacs à roulettes moins encombrants et impliquant moins de postures contraignantes pour en atteindre le fond. » Une substitution rendue possible grâce à l’ascenseur et au monte-charge qui desservent le nouveau drive. Car si les rampes mécaniques d’accès aux étages sont conçues pour bloquer les roues des caddies, les bacs à roulettes auraient pu les dévaler.

Que ce soit dans les allées de l’espace de vente ou dans celles du drive, les étiquettes des rayons sont reliées au système informatique et clignotent pour aider au repérage des produits des commandes en cours de préparation. Une fois ces dernières finalisées, les caisses contenant les références sèches sont rangées dans un espace subdivisé en parcelles auxquelles sont associées les lettres de l’alphabet. Couplée au signal visuel, cette organisation facilite l’identification des colis à apporter aux clients, réduisant stress et charge mentale. Les produits frais sont récupérés sur des rayons installés dans une chambre froide, toujours au sein du drive, et placés dans des meubles réfrigérés traversant permettant aux remiseurs – les salariés en charge de remettre les commandes –, de les récupérer de l’autre côté, à proximité de la zone des commandes en attente des clients.
Ces derniers se garent à côté de bornes qui leur permettent de signaler leur arrivée. Les remiseurs sont ainsi prévenus et réunissent les différents éléments de la commande (frais, sec, surgelé), en s’aidant des étiquettes clignotantes et de leurs tablettes, avant de les apporter jusqu’au véhicule à l’abri sous un préau. « Les clients attendent trois minutes contre dix à quinze auparavant, car il était parfois compliqué de retrouver puis de récupérer le bon chariot dans l’espace réduit de l’ancien drive. Il m’arrivait de donner un coup de main pendant les rushs, j’avais donc conscience du stress engendré par l’organisation de l’époque, loin d’être optimale », souligne Henri Fouché.
Les retours positifs des salariés, en termes d’efficacité comme de conditions de travail, associés à la satisfaction de la clientèle, font du magasin de Carquefou un exemple dans le réseau Super U et de nombreux gérants et équipes d’autres établissements viennent le visiter. « En partageant les bonnes pratiques, nous participons à l’amélioration des conditions de travail dans toute l’enseigne, se félicite Yoann Ravard. Nos collègues qui ont un drive nous disent qu’ils vont s’inspirer du nôtre. Et ceux qui étaient réticents à l’idée de développer cette activité repartent souvent convaincus de s’y atteler. » n
IDENTITÉ
Nom : Super U Carquefou
Lieu : Carquefou (Loire-Atlantique)
Activité : grande distribution
Effectif : 221 salariés (179 ETP) dont 40 (20 ETP) au drive
Surface : 3 700 m2 de surface de vente (4 500 après les prochains travaux) et 1 200 m2 de drive
Chiffre d’affaires : 51 millions d’euros dont 13 millions réalisés par la station-service et 7 millions par le drive