Avec 2 000 m2 de bâti sur un vaste terrain de 8 000 m2, les locaux de MJ Ossature bois sont les plus imposants de la zone d’activité La Croix Charretier, à Saint-Denis-sur-Coise, dans la Loire. « Nous avons été les premiers à nous installer ici, en 2021, et nous sommes toujours la plus grosse entreprise de la zone », remarque avec fierté Jocelyn Monnot, le fondateur et dirigeant de la structure depuis 2011. Lorsque ce dernier lance son activité de construction de maisons et chalets en bois, il est seul et travaille dans un modeste dépôt au sein d’un petit village des monts du Lyonnais, Grézieu-le-Marché. Mais rapidement, les commandes affluent.
En 2014, l’entreprise compte six personnes et déménage dans un bâtiment de 500 m2. « Rétrospectivement, j’aurais dû viser plus grand, cela m’aurait évité de redéménager quelques années plus tard, reconnaît Jocelyn Monnot. D’autant que déjà, dans cet atelier, j’avais pris soin des conditions de travail de mes salariés en l’équipant d’outillages performants et de machines sécurisées. » Grâce à un carnet de commandes qui ne désemplit pas, en 2020, l’entreprise compte douze employés et se retrouve à nouveau à l’étroit. Décision est prise de voir les choses en grand cette fois, avec la construction des locaux actuels. « Aujourd’hui, l’atelier occupe 1 700 m2 sur les 2 000 m2 de bâti. Il est parfaitement dimensionné pour notre activité et permet à mes dix-sept salariés de travailler confortablement. Si nous nous retrouvions à nouveau à l’étroit, nous avons de quoi voir venir compte tenu de la taille totale du terrain disponible sur notre parcelle. » Cette fois-ci encore, pas question de lésiner sur les moyens pour faire de l’atelier un lieu de travail ergonomique et sécurisé.
Consultation et conception
Pour concevoir ce nouvel atelier, le dirigeant a pris soin de consulter ses salariés afin de répondre aux besoins de la production. Au quotidien, les charpentiers de l’entreprise, lorsqu’ils ne sont pas sur les chantiers d’installation, assemblent de volumineux panneaux de bois. Réalisés sur mesure, ils constituent les ossatures des maisons et chalets. « L’un des sujets qui nous remontaient des équipes concernait les opérations de bardage. Celles-ci étaient réalisées à plat et entraînaient des positions contraignantes. » Pour supprimer ce poste de travail à risque de troubles musculosquelettiques (TMS), une fosse de bardage a été aménagée lors de la construction du bâtiment. Entièrement sécurisée par des grilles, elle affiche des dimensions impressionnantes avec 17 mètres de long pour 2,5 mètres de large et 3 mètres de profondeur.
« C’est quelque chose que l’on ne voit pas souvent, indique Frédéric Fayard, ingénieur-conseil à la Carsat Rhône-Alpes. Si cette fosse permet aux charpentiers de travailler à hauteur, la maintenance n’a pas été oubliée. Un escalier d’accès, dont la porte est équipée d’un dispositif de verrouillage pour prévenir tout risque d’écrasement, permet d’accéder au fond de fosse. C’est un équipement modèle qui, compte tenu de ses dimensions, doit être intégré au projet en génie civil. »
Autre difficulté remontée par les équipes : le stockage en sécurité des panneaux pouvant peser plus d’une tonne. Pour résoudre ce problème, Jocelyn Monnot a eu l’idée d’installer, directement dans la dalle, une grille permettant de ficher dans le sol des poteaux en fonction des besoins de stockage. « C’est une belle amélioration par rapport à l’ancien atelier. C’est vraiment très pratique et flexible », reconnaît Gaëtan Ploivy, charpentier depuis huit ans dans l’entreprise, tout en installant quatre poteaux afin d’accueillir le panneau dont il vient de terminer le bardage.
Dimensionner les équipements
Afin de déplacer les panneaux de bois d’un poste de travail à un autre, l’atelier a été équipé de deux ponts roulants de 3,2 tonnes. Des fixations ont été intégrées dans les panneaux afin de faciliter l’accroche aux palonniers de levage. « Sur les capacités de port de charge comme sur la ventilation, je n’ai pas hésité à investir afin que tout soit bien dimensionné », précise Jocelyn Monnot qui s’est appuyé sur l’expertise du Laboratoire interrégional de chimie de la Carsat Rhône-Alpes (Licra) afin d’équiper l’atelier d’un réseau d’aspiration efficace. « Dans un premier temps, nous avons aidé l’entreprise à bien structurer son cahier des charges, explique Bertrand Grange, contrôleur de sécurité à la Carsat Rhône-Alpes. Nous lui avons ensuite offert un regard technique sur les différents devis et, à la suite de l’installation, j’ai effectué des relevés aérauliques pour valider le fonctionnement du réseau d’aspiration. »
Toutes les machines fixes sont ainsi reliées à une centrale d’aspiration d’une capacité de 12 800 m3 par heure, munie d’évents d’explosion et de clapets anti-retour en raison du risque d’atmosphère explosive (Atex) lié à la présence de poussières de bois. Des trappes pneumatiques asservies au démarrage des machines permettent à la fois une ventilation automatique dès leur mise en marche mais aussi d’optimiser le flux d’aspiration. Les outils portatifs profitent également d’un réseau de captage haute dépression grâce à deux potences multi-énergies qui apportent au plus près des espaces de travail l’électricité, l’air comprimé et l’aspiration. « C’est ce qui fait l’exemplarité de l’installation, indique Bertrand Grange. Car trop souvent encore, l’aspiration des outils portatifs est oubliée… » Une installation qui limite également les câbles au sol et diminue le risque de chute de plain-pied.
DES MACHINES BIEN CAPOTÉES ET PROTÉGÉES
L’atelier dispose de nombreux outils de coupe et de travail du bois : scies radiale et circulaire, banc d’usinage semi-automatique… Tous profitent de capotages aspirants qui assurent une captation optimale des poussières tout en prévenant le risque de blessure. La dégauchisseuse, identifiée comme une machine-outil particulièrement dangereuse en raison de la proximité des mains et du porte-outil en mouvement, est équipée d’un protecteur spécifique. « Ce protecteur est composé d'un presseur et d'un bec d'engagement. Il reprend sa position de départ automatiquement après le passage de la pièce, explique Frédéric Fayard, ingénieur-conseil à la Carsat Rhône-Alpes. Utilisé avec un poussoir de fin de passe, il permet de réduire le risque de contact accidentel des mains avec l’outil. » Pour l’ensemble de ces installations, dans le cadre du programme régional « Construction Bois » animé par la Carsat Rhône-Alpes, l’entreprise MJ Ossature bois a pu bénéficier d’un accompagnement technique et financier.