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Évaluer le risque de TMS en entreprise

« J’ai bénéficié de l'aide d'une ergonome »

Jean-François Gladines emploie six personnes dans sa boulangerie située à Billom dans le Puy-de-Dôme. Souhaitant améliorer leurs conditions de travail et prévenir les TMS, il s’est fait accompagner par une ergonome du service de prévention et de santé au travail et la Carsat. Selon lui, le dialogue est primordial.

3 minutes de lecture
Delphine Vaudoux - 04/12/2025
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Portrait de Jean-François Gladines.

Vous êtes à la tête d’une boulangerie, Au pain bougnat, à Billom, dans le Puy-de-Dôme, depuis neuf ans. C’est une boulangerie familiale, dans laquelle vous travaillez avec vos filles et votre femme. Vous avez voulu, il y a un an et demi, revoir vos conditions de travail afin notamment de prévenir les TMS. Comment avez-vous procédé ?

Jean-François Gladines. Je me suis tout d’abord rapproché de la Carsat, car, de par mes fonctions au sein de la Fédération des boulangers-pâtissiers du Puy-de-Dôme, je savais qu’elle pouvait m’aider. Compte tenu de l’ampleur de mon projet, le contrôleur de sécurité m’a conseillé de me rapprocher d’un ergonome. J’ai appelé le service de prévention et de santé au travail afin d’obtenir le nom d’une ergonome. Je l’ai contactée et c’est comme ça que j’ai pu bénéficier d’un état des lieux et d’une analyse de l’existant.

Comment a-t-elle procédé, concrètement ?

J.-F. G. Elle est venue à Billom pour faire une analyse poussée de la situation. Elle est restée une journée, a observé le travail de chacun, au fournil, au laboratoire, à la boutique, à chaque moment de notre activité : lorsque nous préparions des pains, réalisions des pâtisseries, servions nos clients… Le jour de sa venue, elle a même pu assister à une livraison, ce qui était bien car c’était un des points noirs de notre installation. Elle a aussi pu se rendre compte des difficultés que nous posait le fait d’entreposer nos matières premières à l’étage, de passer beaucoup de temps à effectuer des allers et retours. À l’issue de ces observations, elle a réalisé un compte rendu illustré de nombreuses photos et nous a restitué son travail, en présence du contrôleur de sécurité de la Carsat.

Qu’a-t-elle mis en évidence ?

J.-F. G. Beaucoup de choses ! Pour certaines, j’en avais conscience et cela allait dans le même sens que ce que j’avais imaginé. En revanche, elle a aussi mis en évidence des améliorations possibles auxquelles je n’avais pas pensé. Elle a complété ces observations par de très nombreux échanges avec nous, mais aussi avec le contrôleur de sécurité de la Carsat, certains fournisseurs… ce qui a beaucoup enrichi les propos. Ainsi, dans le fournil, les implantations des matériels n’étaient pas du tout cohérentes. Si deux personnes y travaillaient, elles ne cessaient de se croiser, de se gêner. Le four – son positionnement notamment – apportait de nombreuses contraintes, lors des livraisons, mais pas que. Le nettoyage et le matériel vieillissant pouvaient aussi être à l’origine de TMS. Sans parler des capacités de stockage insuffisantes, des sollicitations physiques très importantes pour les entrées et sorties du four, pour entrer les pâtons dans la chambre de pousse… De plus, au cours de nos échanges, je lui ai dit avoir souffert de pathologies de l’épaule, ce dont elle a tenu compte. Au final, elle nous a fait des propositions de réorganisation spatiale et elle nous a également orientés vers l’acquisition de nouveaux matériels.

Où en êtes-vous ?

J.-F. G. Globalement, on a suivi ses préconisations, déplacé du matériel, la zone de fabrication des snacks, la porte du fournil donnant sur l’extérieur, etc. On a aussi acheté, avec l’aide de la Carsat et de la région, des nouveaux équipements : un nouveau four avec enfournement motorisé qui me soulage bien au niveau des bras ; une nouvelle chambre de pousse ; un nouveau pétrin avec un capot plein pour limiter la dispersion de la farine ; et un aspirateur beaucoup plus puissant. C’est le contrôleur de la Carsat qui m’a fortement incité à l’acheter, et je dois avouer qu’il avait raison. Le nettoyage s’avère beaucoup plus facile.

Et du côté de la boutique ?

J.-F. G. Personnellement, je ne me rendais pas compte que l’ancien agencement imposait de nombreuses flexions du tronc, que l’implantation n’était pas optimisée. Nous avons acheté des meubles à tiroirs (plutôt que des étagères), bien pratiques, ainsi qu’une tour réfrigérée. Mais surtout, nous avons réaménagé totalement la boutique, de façon à la rendre plus fonctionnelle.

Quelles conclusions tirez-vous de tout ça ?

J.-F. G. Notre travail quotidien s’en trouve facilité. Si j’avais des conseils à donner, je dirais qu’il faut d’abord travailler un ou deux ans dans ses locaux avant de se lancer dans un réaménagement. Ensuite, chacun, quelle que soit la taille de son entreprise – nous ne sommes que six dans ma boulangerie – ne devrait pas hésiter à se faire accompagner par la médecine du travail et la Carsat. Et surtout, discuter, échanger…

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