
C’est un établissement scolaire refait à neuf, du sol au plafond, qui a accueilli les élèves de maternelle et d’élémentaire à la rentrée de septembre 2023. Un chantier très important pour la ville de Riom, dans le Puy-de-Dôme, qui a mobilisé de nombreux acteurs municipaux, dont en première ligne Angélique Fafournoux, responsable du service enseignement de la ville : « Le bâtiment était vieillissant… Certes, il avait le charme des anciennes écoles, mais en termes de confort et de praticité des locaux, c’est le jour et la nuit. » Lors de la rénovation, une attention toute particulière a été portée aux conditions de travail des enseignants, mais aussi à celles des Atsem, un personnel parfois un peu oublié.
À l’école Jean-Rostand, elles sont trois – Elsa Barreiro, Nathalie Komeza et Dolorès Perrier – pour aider les institutrices à s’occuper au quotidien des 110 élèves de maternelle répartis en quatre classes. « En amont, et durant les travaux, nous avons été régulièrement consultées pour savoir ce que nous souhaiterions comme amélioration des locaux et des équipements pour faciliter notre travail, indique Elsa Barreiro. Nous sommes toutes les trois bien contentes de voir que nous avons été écoutées. »

Premier aménagement et non des moindres : la suppression des escaliers qui faisaient autrefois le lien entre les deux bâtiments de l’aile de la maternelle. Ces derniers ont été remplacés par une rampe, ce qui évite aux Atsem le port de charge lors du nettoyage des locaux : « Avant, nous devions soulever et porter le chariot de ménage pour accéder d’une aile à l’autre. À la longue, c’était assez éprouvant. » La rampe a été dimensionnée pour permettre le passage d’une nouvelle autolaveuse, utilisée lors des grands ménages de vacances.
Des aménagements qui soulagent les tensions
« Les revêtements de sol et les peintures aussi ont été spécialement choisis pour faciliter l’entretien », précise Angélique Fafournoux. Toujours pour l’entretien des locaux, les Atsem sont désormais dotées de serpillières à pré-imprégnation qui ne nécessitent qu’un peu d’eau pour être efficaces et évitent la manipulation et la dilution de produits nettoyants. Les nouveaux sanitaires, quant à eux, disposent d’une bouche d’évacuation centrale pour rejeter facilement l’eau résiduelle lors de leur nettoyage.
Des salles de classe aux sanitaires en passant par la salle de sieste, c’est un ensemble de petits aménagements qui facilitent la vie des Atsem, comme le confirme Nathalie Komeza : « Auparavant, nous n’avions pas vraiment de sièges. Nous nous asseyions soit sur les petites chaises pour enfants, soit directement par terre, dans la salle de sieste. Maintenant, nous avons un tabouret roulant pour l’aide en classe, et un siège de sieste modulable. Ces deux éléments nous permettent d’être à la hauteur de l’enfant, tout en préservant notre dos. Pour moi qui suis assez grande, cela a été un vrai soulagement. »
DES AMÉNAGEMENTS MÊME À LA CANTINE
La rénovation de l’école a permis de renouveler le mobilier de la cantine où des chaises hautes équipent désormais le réfectoire des élèves de maternelle. Un investissement qui permet aux Atsem d’aider les enfants à manger sans avoir à se pencher : « C’est la continuité de la réflexion menée dans les salles de classe ou dans la salle de repos, indique Nathalie Komeza, agente territoriale spécialisée des écoles maternelles (Atsem) à l’école Jean-Rostand de la ville Riom. Même les lavabos sont à commande main libre et s’activent avec le genou, ce qui est bien pratique et plus hygiénique… Vraiment tout a été très bien pensé. »
Toujours dans l’optique de favoriser le travail à hauteur, le bac de douche, utilisé pour laver les enfants en cas d’accident de propreté, a été surélevé et un marche-pied est à disposition pour que l’enfant puisse accéder, sans être porté, à la douche. « L’usage de la douche reste exceptionnel, même si la scolarisation des enfants à partir de trois ans a de fait augmenté le nombre de toilettes. Être à hauteur est non négligeable. D’ailleurs, la machine à laver dont nous nous servons pour nettoyer le linge de l’école a aussi été surélevée à notre demande », ajoute Nathalie Komeza.
Tester les équipements avant de les adopter
Autre attention appréciée par Dolorès Perrier, l’installation de stores électriques dans toutes les pièces : « Chaque soir, devoir fermer les stores manuellement, c’était éreintant : c’est quand même beaucoup plus facile maintenant. Notre quotidien a vraiment été amélioré grâce à ces aménagements, comme les roulettes installées sous les meubles pour les déplacer sans les porter, lors du ménage. » À noter que certains équipements testés n’ont finalement pas été adoptés : les aspirateurs à dos, notamment, qui promettaient de se débarrasser des risques de chutes liés aux câbles d’alimentation, se sont révélés trop lourds.

Les avancées pour les Atsem ne se sont pas cantonnées au domaine matériel, puisque côté organisationnel, un vrai travail pour renforcer la coopération avec les enseignants a été réalisé. Ainsi, dans le cadre d’un appel à projet de la CNRACL (Caisse nationale de retraite des fonctionnaires territoriaux et hospitaliers) sur l’amélioration des conditions de travail des Atsem, une expérimentation de formation-action en binôme Atsem-enseignant avec un ergonome a été menée afin d’identifier les situations de travail difficiles pour les Atsem.
« Pour moi, le temps où elles servaient juste à nettoyer lors de l’atelier peinture est totalement révolu, explique Valérie Martin, une institutrice. Sans leur participation pleine et entière à la vie de la classe, les enfants ne pourraient pas profiter de “l’école du dehors” qui invite à faire classe en extérieur de façon régulière. » Une complicité pédagogique qui se confirme lorsque l’on observe le binôme institutrice et Atsem interagir en classe. « Nous n’avons pas le même rôle, mais chacune joue une partition essentielle, ajoute Valérie Martin. C’est pourquoi, d’ailleurs, Elsa est présente avec moi à chaque réunion de rentrée, avec le soutien de la mairie qui lui accorde un détachement d’heure pour l’occasion. »
LES ATSEM EN CHIFFRES
La France compte environ 57 000 Atsem (dont 34 000 relèvent d’un cadre d’emploi de la catégorie C de la fonction publique). C’est un métier féminisé à plus de 99 %, caractérisé par une démographie vieillissante – près d’un quart des agents a plus de 55 ans. À noter qu’un agent sur cinq exerce à temps partiel. En termes de sinistralité, les Atsem sont particulièrement exposés aux accidents de service et aux maladies professionnelles, avec pour causes principales les manutentions manuelles, les contraintes posturales et les chutes de plain-pied ou de hauteur. En 2021, 12 % des mises à la retraite d’Atsem découlaient d’une invalidité.