
La vue est dégagée sur le broyeur, les pelles à grappin et les machines de tri. Mais dans l’open-space, à l’étage du bâtiment, l’ambiance est feutrée, à mille lieues de ce que l’activité visible depuis les larges baies vitrées laisse à penser. À quelques mètres à peine en contrebas, particuliers et professionnels accèdent au site industriel. Les premiers ont un grenier ou une maison de famille à vider. Les seconds sont des artisans, agriculteurs, ou industriels venus déposer ici toutes sortes de matières. Localisation : Oradour-sur-Glane, dans le département de la Haute-Vienne et plus précisément lieu-dit Dieulidou, en pleine campagne.
EN CHIFFRES
- 7,5 hectares en tout de surface d’exploitation à Oradour-sur-Glane, Limoges, Guéret et Montierchaume.
- 30 000 tonnes de matières féreuses et non ferreuses valorisées à l'année.
- 6 000 tonnes de déchets industirels collectés et triés.
La société Hénault, créée au début des années 1980 par Alain Hénault, intervient dans le recyclage des ferrailles et des métaux de toutes natures. Et en quarante ans, le petit ferrailleur local a bien grandi. La société traite désormais également les véhicules hors d'usage et propose aussi la collecte de cartons, gravats, déchets verts, pneus, palettes, films plastiques, déchets industriels. Elle gère même une activité de location de bennes. Sur le site, on trie, on regroupe, on stocke jusqu’à un tonnage déterminé, avant de revendre.
Refaire les bureaux, s'agrandir et embaucher
Devant la croissance de l’activité, Gaëtan et Xavier Hénault, les fils du fondateur et actuels gérants, ont envisagé en 2020 la reconstruction des locaux administratifs. Une étape indispensable pour embaucher et continuer à s’agrandir. « On avait complété nos équipements en installant un broyeur industriel. Les anciens bureaux, face à la plate-forme de traitement des matériaux, étaient d’origine. On avait besoin d’espace, de nouveaux vestiaires pour être aux normes. Et puis il y avait la question du bruit… », explique Gaëtan Hénault. « Moi, je suis arrivé en mars 2019. Il n’y avait déjà plus de place dans le bâtiment principal, témoigne Gildas Effoly, responsable qualité, sécurité, environnement. J’étais installé dans un bungalow pas très loin du pont-bascule. La première année, le bruit et la chaleur étaient un vrai problème. Alors quand je vois ce qui a été fait aujourd’hui, c’est du luxe ! »
L'AVIS D'EXPERT DE...
Mathieu Le Lostec, contrôleur de sécurité au Cimp
« Nous avons réalisé des mesures de bruit au sonomètre dans le bureau, côté service administratif, face à la zone de tri. En situation de travail classique, nous relevons 46 dB(A) à l’intérieur de l’open-space – je précise que la plupart des personnes présentes n’étaient pas au téléphone lors des mesures – et 67 dB(A) à l’extérieur, sur la terrasse. La mesure confirme l’efficacité du double vitrage. Les salariés peuvent réaliser au calme des tâches administratives pour lesquelles il serait compliqué de rester concentré si les fenêtres restaient ouvertes. »
À l’époque, le contrôleur de sécurité de la Carsat Centre-Ouest oriente l’entreprise vers son Centre interrégional de mesures physiques (Cimp), qui intervient en matière de conseil technique sur un aspect majeur : se protéger du bruit provenant de l’extérieur. L’ancien bâtiment, vétuste et de plain-pied, doit être détruit. En lieu et place, un bâtiment neuf est érigé : il est constitué d'un rez-de-chaussée comprenant l’accueil et les vestiaires, où la surface au sol est doublée et, à l’étage, de 200 m2 en open-space, avec deux zones distinctes pour le pôle administratif (cinq bureaux) et le service exploitation (huit bureaux). En complément, une salle de réunion pour quinze personnes est créée.

« L’établissement a pu bénéficier d’une subvention prévention TPE régionale “Bruit” pour les investissements prévus, visant à couvrir deux aspects : s’isoler du bruit extérieur grâce à la pose d’un double-vitrage ayant de bonnes propriétés acoustiques et améliorer le confort dans l’open-space avec la pose d’un plafond antibruit sur toute la surface du local. Pour ce plafond, nous avons prescrit l’utilisation de matériaux de classe A, très absorbants, qui offrent la meilleure performance acoustique possible », précise Mathieu Le Lostec, contrôleur de sécurité au Cimp.
« Les pelles à grappin fonctionnent, mais on n’entend rien »
« Il suffit de regarder par la fenêtre : on voit les pelles à grappin fonctionner, mais on n’entend absolument rien, constate Élise Lefrançois, la responsable administrative. En open-space, la gêne sonore est parfois bien réelle, quand tout le monde est au téléphone en même temps. J’ai connu ça chez d’autres employeurs. Ici, le fait de ne pas être les uns sur les autres et d’avoir un traitement acoustique performant change tout. »
Depuis, l’entreprise a pu embaucher : elle compte aujourd’hui une trentaine de salariés dont treize dans les bureaux. « J’interviens beaucoup sur la plate-forme, sur tous les aspects en lien avec la sécurité justement, reprend Gildas Effoly. Dernièrement, nous avons équipé les opérateurs de bouchons moulés. La question du bruit est omniprésente dans l’activité. Alors, il était logique de se protéger aussi au bureau. Et puis, on a un bon système de climatisation/chauffage, de gros apports de lumière extérieure de part et d’autre du bâtiment. » « Je ne me sens pas dérangée dans mon activité alors que, de l’autre côté de la fenêtre, on nous livre de la ferraille ou on charge des camions. À la fin de la journée, on se sent moins fatigué », confirme Pascale Hénault, en charge de la comptabilité.
« Nous avons pu constater que, même quand le broyeur est en marche, les bureaux restent au calme, observe Gaëtan Hénault qui, depuis son poste au centre du pôle administratif, peut garder un œil sur la plate-forme de traitement des matériaux. On reste malgré tout au cœur de l’activité. » Et pour parfaire l’isolation phonique, rien n’a été laissé au hasard. « Pour la fenêtre qui donne sur la terrasse, le choix s’est porté sur une ouverture à la française, c’est-à-dire latéralement et vers l’intérieur de la pièce, plutôt qu’une porte coulissante, note Mathieu Le Lostec. En fermant, on vient écraser un joint, ce qui garantit une meilleure étanchéité et donc de bonnes qualités d’isolation thermique et phonique. »
NOUVEAUX AMÉNAGEMENTS
© Gaël Kerbaol/INRS/2024
Dans les nouveaux locaux, le besoin de créer une seconde salle de réunion est apparu. « La grande salle est souvent occupée et, parfois, certains collaborateurs peuvent avoir besoin de se réunir en petits groupes. Nous réfléchissons à la création d’un nouvel espace qui leur permettrait de s’isoler, sans qu’ils gênent leurs collègues », explique Gaëtan Hénault, le gérant. Il a été évoqué la création de cabines acoustiques, mais la place disponible ne semble pas justifier ce choix. Monter une cloison pour l’aménagement d’un nouvel espace est possible et plus économique. L’entreprise pourrait bénéficier d’une aide financière de la Carsat Centre-Ouest pour ce projet.