
Travail&Sécurité. Vous travaillez avec des dirigeants sur des projets de transformation de bureaux en utilisant l’outil Mavimplant. Concrètement, comment procédez-vous ?
Laura Gasquères. Je vais vous donner un exemple. En 2022, à la demande d’un médecin du travail du service de prévention et santé au travail Agestra auquel j’appartenais, en Moselle, je suis intervenue auprès d’un centre médicopsychopédagogique (CMPP) accueillant des enfants et adolescents. Il s’agissait de l'accompagner sur la restructuration de l’accueil et de bureaux de secrétariat. L’analyse de la situation initiale révélait des problèmes liés à la configuration des lieux. L’absence d’information à l’entrée du bâtiment et d’accueil au niveau de la salle d’attente ne permettait pas de se diriger facilement vers la secrétaire du praticien avec lequel on avait rendez-vous. Se retrouvant face à trois portes, les patients toquaient à la première et dérangeaient toujours la même personne. Ailleurs, trois secrétaires occupaient un open-space encombré, découpé en zones délimitées par des cloisons mi-hauteur. Les allers-et-venues des praticiens pour accéder aux archives ou aux comptes rendus étaient nombreuses. Par ailleurs, l’assistante de direction était elle-même continuellement interrompue par les secrétaires qui venaient chercher le courrier, ou pour utiliser le photocopieur installé dans son bureau. Après avoir analysé la demande, observé l’activité réelle et mené des entretiens avec les agents pour comprendre leurs problématiques de santé au travail (contraintes posturales, physiques, matérielles, organisationnelles…), j’ai créé une maquette 3D reproduisant l’existant avec l’outil Mavimplant, en me focalisant sur la zone d’accueil et les bureaux des secrétaires. Puis j’ai travaillé sur des propositions qui ont été modélisées elles aussi en recourant à Mavimplant.

Qu’apporte la modélisation 3D à la démarche ergonomique ?
L. G. Cela permet de travailler sur une réimplantation concrète, en immergeant les personnes dans le projet. On peut ajouter ou déplacer des éléments facilement, visualiser les espaces à préserver pour les flux. J’avais pour objectif de proposer des recommandations pour le choix de mobilier, l’implantation des postes, l’environnement de travail. J’ai par exemple imaginé la mise en place d’une signalétique et l’installation d’un sas de contrôle à l’entrée ; une extension du secrétariat, en réduisant la salle d’attente ; la création d’un poste dédié à l’accueil (en y regroupant le courrier et la photocopieuse) ; ou encore le rapprochement des bureaux des secrétaires par deux… On modélise l’organisation future du travail, l’implantation spatiale, les équipements en intégrant les bonnes pratiques de prévention. L’outil permet également d’intégrer des commentaires sur le matériel (chaises ergonomiques, doubles écrans, repose-pieds…), l’acoustique (niveau sonore maximal, type de matériau à retenir, dispositifs de réduction du bruit type baffles suspendus…), les ouvrants, l’éclairage (lumière naturelle, prise en compte des phénomènes de réverbération…), ou même le confort thermique. Ces commentaires figurent dans le rapport qui peut être édité à destination du maître d'œuvre.
Comment l’établissement s’approprie-t-il ensuite ce travail ?
L. G. J’ai restitué mon travail à la directrice, l’assistante de direction et l’une des secrétaires, qui l’ont accueilli avec enthousiasme. À partir des propositions, c’est au groupe de travail de construire ses propres solutions pour réduire les risques liés au stress, aux contraintes physiques, aux chutes de plain-pied... L’outil dispose de fonctionnalités de partage qui permettent de réfléchir collectivement au meilleur scénario d’implantation, l’enrichir, faire des simulations. Certaines choses, comme le déplacement des photocopieuses, pouvaient être mises en oeuvre rapidement. D’autres impliquaient une réorganisation plus conséquente, la modification de fiches de postes ou la réalisation de travaux. Il faut se laisser le temps de la réflexion, évaluer les coûts.
REPÈRES
Mavimplant est un outil au service de la phase de diagnostic et de la phase de transformation pour aboutir à des propositions d’aménagements prenant en compte la prévention des risques professionnels. À découvrir sur inrs.fr.