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Les activités de loisirs

Des changements de décors bien rodés

Spectacles, concerts, événements d’entreprise, matchs de handball… La salle Brest Arena doit régulièrement changer de configuration. Des opérations réalisées en un temps contraint, qui impliquent notamment du port de charges et des risques de chutes, que la conception des lieux et l’organisation permettent de limiter.

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Corinne Soulay - 25/06/2025
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Si l'organisation du travail et les aides à la manutention permettent d'éviter  les ports de charges  et les allers-retours incessants, l’emboîtage des plaques de parquet reste une opération manuelle pour laquelle il n'existe actuellement pas d'alternative.

Dimanche 27 avril 2024, les handballeuses brestoises se sont inclinées, à un point près, en terre lorraine, face à Metz en quart de finale de Ligue des champions. Mais pour les « Rebelles », pas le temps de s’apitoyer : dans trois jours, elles sont attendues pour une rencontre de championnat contre le club francilien de Stella Saint-Maur. À domicile cette fois. Or, la semaine précédente, la salle Brest Arena, dans laquelle évoluent habituellement les Rebelles, a accueilli la tournée des humoristes du Montreux Comedy festival. Elle doit donc subir un lifting et revêtir un parquet de circonstance, d’une superficie de 800 m2. « Entre les spectacles, les concerts, les compétitions sportives et autres événements, les changements de configuration sont fréquents, en particulier lorsque le parcours des handballeuses les porte loin dans les différentes compétitions (championnat de France, Ligue des Champions, Coupe de France), car cela multiplie les dates de match », explique Patrice Batany, responsable santé et sécurité au travail de « Brest en vue », l’entreprise qui assure la gestion et l’exploitation de Brest Arena.

Les techniciens n’ont parfois que 24 heures pour modifier le décor entre deux événements. Lorsqu’il s’agit d’aménager une salle de concert, les tourneurs des artistes ont souvent leur propre équipe d’intermittents et de riggers – des techniciens spécialisés dans le montage et démontage des installations –, qui se chargent de l’opération. « Nous avons établi un plan de prévention qui garantit la sécurité de l’entreprise extérieure, précise Patrice Batany. Dans les autres cas, ces opérations sont réalisées par les salariés de Brest Arena. Les risques principaux sont ceux liés au port de charges et aux chutes de hauteur, mais la conception des lieux, ainsi que des mesures organisationnelles et techniques permettent de les limiter. »

En ce lundi matin, huit opérateurs, dont la moitié d’intérimaires, s’affairent dans la zone technique attenant à la salle centrale de Brest Arena. « La plupart des travailleurs temporaires sont des habitués, mais lorsqu’il y a des nouveaux, on prend le temps de leur expliquer et de leur montrer les tâches à réaliser. Ils opèrent toujours en binôme avec un “sachant” », souligne Pierre Ruiz, le chef d’équipe. « On est vraiment bien accompagnés, confirme Maia, une intérimaire. J’apprécie aussi qu’à chaque prise de poste, il y ait des échauffements, ce qui permet de ne pas débuter les manutentions à froid. »

Au niveau des éclairages, à 17 mètres du sol, un grillage métallique, tendu au-dessus du terrain, permet aux techniciens de travailler  en sécurité, sans redouter les chutes.

Rangements et trajets

La zone technique est dotée d’une rampe vers l’extérieur pour accueillir les livraisons – de sorte que le déchargement se fait à couvert –, ainsi que d’une ouverture donnant dans la salle, suffisamment haute et large pour laisser passer un camion si besoin. Deux autres espaces de stockage sont aménagés aux angles de la salle, limitant ainsi la distance de transport du matériel. En l’occurrence, quelque 700 plaques de parquet à emboîter, selon une combinaison bien précise, pour respecter les motifs formés par le marquage au sol. Pour ce faire, le rangement a été optimisé en tenant compte de l’ordre d’installation. Avant le début du montage, les racks d’une vingtaine de plaques sont alignés un à un sur le bord du terrain grâce à des transpalettes électriques, pour éviter les allers-retours pendant l’opération.

Mais, pour l’emboîtage, l’opération reste manuelle. « Cela se fait au sol et il faut s’assurer à chaque fois que c’est bien ajusté. Il n’existe pas d’aide à la manutention pour faciliter cette tâche. Les plaques sont autobloquantes, donc l’emboîtage ne nécessite pas de travail de force. Mais, idéalement, il faudrait pouvoir sensibiliser les fabricants de parquet pour trouver des solutions afin de rendre cette opération moins contraignante », concède Patrice Batany. En attendant, il a été décidé qu’elle se ferait toujours à deux techniciens, une tierce personne insérant les baguettes entre les plaques pour stabiliser le tout.

BREST ARENA EN CHIFFRES

11 ans : c’est l’âge de la salle Brest Arena, inaugurée en 2014, qui appartient à Brest métropole et dont la gestion a été confiée par délégation de service public à l’entreprise Brest en vue. 11, c’est aussi le nombre de salariés qui y travaillent en CDI.

L’équipement est composé de 2 salles : une principale pour les grandes manifestations – dont la capacité peut varier entre 1 500 et 5 500 places – et une salle secondaire, de type gymnase, pouvant accueillir des événements spécifiques ou servir de terrain d’entraînement lors de rencontres sportives. Ses gradins peuvent accueillir 200 personnes. Chaque salle a une entrée dédiée.

285 000 spectateurs ont assisté à 67 événements à Brest Arena en 2024 : 26 rencontres sportives, 34 spectacles (concerts, humour…) et 7 événements d’entreprise (séminaires…). Cela correspond à 160 jours d’exploitation sur un an.

Pendant deux heures, le ballet des opérateurs est incessant et, pour éviter les risques liés à la coactivité, il se déroule en vase clos. « La conception du bâtiment permet de bien séparer les flux, souligne Patrice Batany. Par exemple, entre deux matchs, les handballeuses se rendent parfois à la salle de musculation, à proximité de la salle centrale. Mais avec les locaux techniques et de stockage donnant directement sur celle-ci, les joueuses ne croisent jamais les opérateurs. »

Un grillage à 17 mètres de haut

Le montage du parquet se termine, les limites du terrain et les buts sont installés... Et le changement de décor se poursuit. En configuration terrain de handball, les gradins s’agrandissent. Une opération qui se fait sans effort grâce aux tribunes télescopiques motorisées avec sièges encastrés.

Reste à régler les projecteurs, descendre l’imposant cube d’écrans géants, décrocher les rideaux occultants utilisés lors du précédent spectacle pour masquer les abords de la scène… Pour toutes ces tâches, direction le gril, à 17 mètres de hauteur. Cet espace de travail, pourvu d’un ensemble de câbles et de poulies couvrant toute la surface de la salle, est accessible par un ascenseur. À l’entrée, une affiche rappelle qu’il faut vider ses poches dans le panier dédié, pour éviter les chutes d’objet sur les techniciens au sol. Puis, grâce à des passerelles protégées de garde-corps, les techniciens, casque sur la tête, accèdent aux différentes zones où ils doivent intervenir. Entre les passerelles, un grillage métallique, tendu au-dessus du terrain, leur permet de travailler en sécurité, sans redouter les chutes. « Dans la plupart des salles de spectacle, il faut se munir d’un harnais, s’accrocher, se mouvoir sur les poutres, voire descendre en rappel… Là c’est sécurisé et confortable », se réjouit Guillaume Gatius, un électricien.

En milieu d’après-midi, déjà, la salle est prête à recevoir le match. Une efficacité qui résulte d’une organisation bien rodée. « À force, ils ont optimisé leurs procédures, remarque Gilles Mauguen, contrôleur de sécurité à la Carsat Bretagne, qui accompagne l’entreprise. C’est le cas aussi en matière de prévention des risques professionnels : l’établissement a été ciblé TMS Pros, il y a quelques années, ce qui leur a permis d’acquérir une autonomie dans l’étude des postes et l’analyse des risques, et de s’améliorer progressivement. » Trois jours plus tard, le parquet fraîchement monté accueillait la victoire des Brestoises, 29 à 11. 

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