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Les activités de loisirs

Le training médical pour limiter les contacts

Au Tourauparc zoo de Romanèche-Thorins, les espèces sont nombreuses et variées.La prévention des risques professionnels des soigneurs s’appuie essentiellement sur le fait d’éviter le plus possible le contact physique avec les animaux.

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Delphine Vaudoux - 25/06/2025
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Entrainement d'un dragon de Komodo par les soignants du zoo.

Un parc à dimension humaine pour une « aventure d’un jour », permettant de découvrir des animaux, de s’amuser dans l’eau ou encore de se balader à l’aide de moyens de locomotion étonnants, c’est ainsi que se présente le Tourauparc zoo de Romanèche-Thorins, en Saône-et-Loire. Il emploie 31 salariés permanents, rejoints par 24 saisonniers pendant l’été. Sur les 12 ha visitables (le parc possède également 17 ha de prés pour les fourrages), on peut découvrir 600 animaux de 120 espèces différentes.

« Les risques liés à la présence des animaux sont de plusieurs ordres, explique Victor Jeandin-Livet, l’un des dirigeants. Il y a les zoonoses (maladies infectieuses des animaux vertébrés transmissibles à l'homme) – différentes pour chaque espèce –, la dangerosité de certains animaux et la gestion des déjections. Concernant ce dernier point, chaque secteur a son propre matériel pour les ramasser, et elles sont ensuite prises en charge par une entreprise extérieure. » À leur arrivée, les soigneurs – tous dotés d’une première expérience professionnelle dans le secteur animalier –, évoluent pendant une semaine en binôme avec un soigneur du parc afin de prendre connaissance des procédures, écrites et contresignées. Régulièrement, les deux responsables animaliers effectuent des tournées pour s’assurer qu’elles sont bien respectées par tous.

Marine Giorgiadis, la vétérinaire du parc, nous accompagne en ce milieu d’après-midi pour nous faire partager son quotidien. Elle évoque les nombreuses maladies dont les soigneurs doivent se prémunir : « Les primates peuvent transmettre des pathologies d'origine bactérienne ou parasitaire. Les mammifères peuvent notamment transmettre la toxoplasmose, les herbivores sont susceptibles d'être porteurs de bactéries responsables de la fièvre Q ou de la brucellose, les reptiles peuvent propager la salmonellose, que ce soit par contact avec leur peau ou leurs excréments, et les oiseaux, la psittacose par leurs excréments. »

Des sérologies sont réalisées régulièrement sur certaines espèces particulièrement sensibles, d’autres espèces doivent être le plus possible protégées des humains. « Les lémuriens par exemple. Les soigneurs doivent se rendre sur leur île pour la nettoyer, mais aussi pour nourrir les animaux ou changer régulièrement les agrès. Ils doivent porter des gants et un masque, car nous avons eu un cas de toxoplasmose sur l’île l’année dernière. Nous devons assurer une protection dans les deux sens, de l’homme au lémurien et inversement. »

Maintenir la distance

Pour ce qui est des risques physiques (morsures, griffures, écrasement), le mot d’ordre de la vétérinaire est simple : « On évite tout contact physique. Une distance de sécurité est établie pour chaque espèce, et des procédures de sécurité ont été rédigées. Si on doit entrer dans l’enclos, on fait d’abord sortir l’animal. Si on doit intervenir sur les animaux, c’est après une anesthésie générale – que nous cherchons à éviter le plus possible – ou à travers les grilles, ou bien encore après une contention réalisée par un soigneur. » Direction le parc des éléphants, il est l’heure de les faire entrer dans leur box. Ils s’y prennent à deux : un soigneur à l’extérieur de l’enclos et un autre dans le bâtiment des box incitent les animaux à entrer en les appelant, tout en maintenant la fameuse distance de sécurité, identifiée par une ligne jaune au sol et correspondant à la longueur d’une trompe.

Les énormes portes s’ouvrent et se ferment grâce à des systèmes hydrauliques. Dexter, un jeune éléphant de huit ans, ne se fait pas prier. Attiré par les carottes et autres légumes, il se présente devant la soigneuse qui lui dit « target », « open », « trunk » [NDLR. Pour ces animaux qui font partie d’un programme mondial de protection des espèces, la langue officielle est l’anglais]. Il s’agit de lui faire ouvrir en grand la gueule pour vérifier l’absence de signe visible d’herpès des éléphants, une maladie qui peut être mortelle pour les pachydermes. Dexter se prête au jeu en relevant sa trompe : parfait, rien à signaler.

« On appelle ça du training médical », précise la vétérinaire qui nous montre comment elle procède avec les reptiles. À travers une porte, elle appelle « Coco », un imposant varan de Komodo. Elle souhaite lui faire poser le menton sur une perche. « Au cas où nous aurions besoin de l’ausculter, mais aussi pour le mesurer et le peser. On le fait s’arrêter sur la balance », explique-t-elle. 53,8 kg, pas mal. Une fois son menton posé sur la perche, il aura droit à une souris. Un apéritif quand on sait qu’il avale une chèvre toutes les deux-trois semaines. 

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